Ressources naturelles : Bordeaux Métropole prête à indemniser ses voisins ?

A l'occasion de la signature d'un partenariat bilatéral avec Mont-de-Marsan, le maire de Bordeaux et le président de la Métropole ont annoncé le recentrage de leur politique de voisinage sur la Gironde et esquissé de possibles mécanismes pour compenser la consommation métropolitaine d'eau, d'électricité et de ressources alimentaires. Le Médoc est directement concerné.
Bordeaux Métropole réfléchit à des mécanismes de compensation ou d'indemnisation pour les territoires dans lesquels elle vient prélever les ressources naturelles (eau, bois, électricité, production agricole) nécessaires à son fonctionnement et à sa croissance.
Bordeaux Métropole réfléchit à des mécanismes de "compensation" ou "d'indemnisation" pour les territoires dans lesquels elle vient prélever les ressources naturelles (eau, bois, électricité, production agricole) nécessaires à son fonctionnement et à sa croissance. (Crédits : Agence APPA)

La culture et le tourisme seront au cœur du protocole de coopération signé, ce lundi 24 juin, entre Mont-de-Marsan Agglomération (18 communes, 55.000 hab.) et Bordeaux Métropole (28 communes, 785.000 hab.). Après Angoulême en 2016, la Communauté d'agglomération de Libourne en 2017, Marmande Val-de-Garonne et Saintes en 2018 puis Limoges en avril dernier, cet accord bilatéral est le 6e du genre conclu par la capitale régionale avec des villes plus ou moins grandes de Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de sa politique d'ouverture et de coopération. "Nous sommes situés à 1h30 de Bordeaux donc nous ne faisons pas partie de sa banlieue mais nous sommes fiers de son attractivité et nous voulons nous en servir", explique ainsi Charles Dayot, le maire de la préfecture des Landes et président de l'agglomération montoise (lire plus bas).

L'acte II des coopérations sera girondin

De son côté, Patrick Bobet, le président de Bordeaux Métropole - qui salue "le clin d'oeil symbolique" à son prédécesseur Alain Juppé, originaire des Landes - profite de cette signature officielle pour annoncer un recentrage de ces coopérations sur le voisinage immédiat de la métropole : "L'acte 2 de cette politique coopérative initiée en 2016 consistera à travailler de manière intelligente avec tous les territoires qui touchent la métropole pour répondre de manière urgente à une série de problématiques exprimées par la mobilisation des Gilets jaunes", considère ainsi Patrick Bobet, citant en particulier les problématiques de mobilité.

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Et Nicolas Florian, le maire de Bordeaux, de lui emboîter le pas sans ambiguïté et même d'aller plus loin :

"L'agglomération bordelaise est parfois vue comme un aimant. La fracture territoriale est bien réelle avec le premier rayon urbain autour de Bordeaux Métropole et il y a donc un travail à mener sur au moins trois sujets qui posent problème aujourd'hui : le premier c'est la mobilité et on ne doit pas hésiter à se placer dans le sillage de la Région pour travailler à des liaisons ville à ville sans changement à Bordeaux. Le second c'est la juste indemnisation ou compensation des territoires où nous venons prélever des ressources telles que l'eau, les cultures maraîchères ou l'énergie solaire ou éolienne. Le troisième, c'est le partage des implantations d'entreprises entre les territoires pour éviter l'effet concentration sur la métropole. Mais cela pose alors la question du partage de la fiscalité."

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Des discussions avancées avec le PNR du Médoc

Des déclarations très ambitieuses à neuf mois des municipales et qui semblent aussi louables que complexes à mettre en œuvre puisque les termes "indemnisation" et "compensation" sous-tendent très probablement des mécanismes financiers. "Soyons réalistes, ce n'est pas au centre de Bordeaux que nous installerons des champs d'éoliennes ou de panneaux solaires. Mais si nous le faisons dans le Médoc, par exemple, alors ce territoire doit pouvoir s'y retrouver d'une manière ou d'une autre", poursuit le maire de Bordeaux, sans en dire plus sur le sujet pour l'instant. Une problématique similaire se pose en matière de consommation d'eau puisque Bordeaux Métropole lorgne les ressources aquifères des champs captants du Médoc.

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Que ce soit en termes de mobilité, d'eau, d'énergie et même de ressources alimentaires, le Médoc est donc un interlocuteur prioritaire pour la Métropole. "La création du parc naturel du Médoc, qui réunit la quasi-totalité du territoire médocain, est une aubaine pour approfondir ce dialogue et nous espérons pourvoir signer un protocole de coopération avec lui dès le mois d'octobre", se félicite Mylène Villanove, la conseillère métropolitaine en charge des coopérations territoriales, qui promeut "des partenariats souples, concrets et pragmatiques". Créé officiellement par décret le 26 mai dernier, le PNR du Médoc rassemble 51 des 52 communes du territoire totalisant 103.000 habitants du nord-ouest de Bordeaux jusqu' à la pointe de Grave. Un séminaire organisé par Bordeaux Métropole le 9 octobre prochain permettra d'en savoir davantage sur les intentions concrètes des uns et des autres.

S'agissant des protocoles déjà signés, les car express reliant Bordeaux à Libourne et Bordeaux à Marmande pour faciliter les mouvements pendulaires ne verront pas le jour cette année. Seule nouveauté opérationnelle à court terme, une liaison directe quotidienne entre Créon et Bordeaux dès le 1er septembre.

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La culture et le tourisme en traits d'union

Il y a quelques semaines c'était le développement urbain, la transition climatique et les échanges culturels et touristiques qui ont fait l'objet d'un partenariat bilatéral entre Limoges et Bordeaux Métropole. Ce 24 juin, c'était au tour de Mont-de-Marsan Agglomération de contractualiser avec la capitale régionale sur des thématiques proches. Ce sont en effet la culture et le tourisme qui serviront de ciment aux relations bilatérales avec la préfecture des Landes. Le premier se matérialisera par des partenariats entres les musées et les théâtres par le biais d'échanges d'œuvres, d'exposition et de spectacles vivants. Le second passera notamment par des actions de communication sur Mont-de-Marsan à l'office de tourisme bordelais. "Nous nous battons avec nos armes : nous n'avons ni la mer, ni la montagne mais notre manifestation triennale 'Mont-de-Marsan Sculptures" est un succès et notre Théâtre de Gascogne vient d'être labellisé 'Scène conventionnée d'intérêt national' ", met en avant Charles Dayot, le maire de la ville. "Nous avons convenus d'avancer vite en misant sur ce qu'on fait déjà à peu près bien", confirme Patrick Bobet, le président de Bordeaux Métropole.

Bordeaux Métropole Mont-de-Marsan

Nicolas Florian, Patrick Bobet, Charles Dayot et Mylène Villanove lors de la signature du protocole de coopération entre Bordeaux Métropole et Mont-de-Marsan, le 24 juin 2019 à Bordeaux. (crédits : PC / La Tribune).

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