Champeil : pourquoi la politique agressive de Donald Trump vaut de l’or

Les tensions commerciales et diplomatiques sans cesse attisées par le président des Etats-Unis, Donald Trump, semblent désormais approcher un point critique susceptible de déboucher sur une crise majeure. Au point que les banques centrales n’ont pas acheté autant d’or depuis 1971 ! Une conjoncture idéale pour investir dans l’or, avertit la société bordelaise Champeil.
Donald Trump
Donald Trump (Crédits : Yuri Gripas)

Le 23 mai Axel Champeil, PDG de la société d'investissement bordelaise Champeil, a présenté trois entreprises de Nouvelle-Aquitaine cotées en bourse à près de 200 investisseurs au Palais de la bourse, à Bordeaux. C'est ainsi qu'I.Ceram, à Limoges, spécialiste innovant dans les substituts osseux en céramique, chargés ou non d'antibiotiques, dirigé par André Kérisit, mais aussi Le Bélier, à Vérac (Gironde), sous-traitant automobile international, dont le patron opérationnel est Philippe Dizier, et Sébastien Peltier, directeur général de Valbiotis, société innovante dans la prévention des maladies métaboliques, à Périgny (Charente-Maritime) ont fait le déplacement à Bordeaux.

Tout en rappelant que le marché actions est actuellement exposé à une forte volatilité des cours, Axel Champeil a souligné que l'adoption de la loi Pacte (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises) s'avère positive en apportant de nouvelles souplesses, en particulier pour les PEA-PME (plan d'épargne en actions ciblé sur les PME -Ndlr).

Achats records d'or par les banques centrales

Rappelons que la loi Pacte (promulguée ce 24 mai) a beaucoup fait parler d'elle à cause de ses dispositions sur les privatisations partielles ou totales qu'elle porte, celles d'Aéroports de Paris, de la Française des jeux et d'Engie. En marge de la présentation des trois entreprises invitées, Axel Champeil a annoncé à La Tribune qu'il cessait l'édition mensuelle de "La Lettre des Gérants" au profit de publications thématiques. Le premier numéro de cette nouvelle série périodique aura de quoi surprendre les habitués de "La Lettre des Gérants", grande défenderesse des marchés actions, puisqu'il est entièrement consacré au marché de l'or !

Soirée Champeil

Philippe Dizier, Sébastien Peltier et Axel Champeil juste avant le démarrage de la soirée du 23 mai (photo Jean-Philippe Déjean).

Le moins que l'on puisse dire c'est que l'or, encore étiqueté par quelques exégètes de l'épithète baroque de "relique barbare", n'est pas le nec plus ultra de la modernité. Mais il est vrai aussi qu'il reste le métal précieux sans doute le plus influent et qu'il recrute ses clients bien au-delà de la sphère de la rente. Axel Champeil souligne ainsi que les banques centrales "font un retour massif" sur cette matière première et donne des chiffres. Les banques centrales ont ainsi acheté en 2018 pour 651 tonnes d'or, soit une hausse de +74 % par rapport à 2017 ! "Il s'agit du plus haut niveau d'émissions nettes annuelles d'achats depuis la suspension de la convertibilité du dollar en or en 1971. Ces institutions détiennent maintenant près de 34.000 tonnes d'or" souligne l'étude.

La Banque de France détient 20 % de la dette du pays

L'incertitude, qui embrume avec de plus en plus d'épaisseur les enjeux géopolitiques et économiques à relever pour garder le cap de la croissance, a poussé les banques centrales à se couvrir, autrement-dit à "diversifier leurs réserves et à recentrer leur attention sur l'avenir, l'objectif étant d'investir dans des actifs sûrs et liquides" confirme Champeil. Car la stratégie commerciale et politique très agressive menée à l'international par le président américain Donald Trump ressemble de plus en plus à un glaçage inflammable tartiné à grosses couches sur le pain de dynamite formé par les trilliards d'euros de dette publique accumulés par les Etats les plus puissants. C'est en tout cas l'idée générale que suscite l'analyse du contexte mondial actuel par la société Champeil.

"Depuis 2010 l'endettement public des principaux pays du monde a augmenté en moyenne de 10 à 20 points, dépassant largement le seuil de 100 % du PIB. De plus, les banques centrales sont devenues d'importants acheteurs de dette souveraines, ce qui n'était pas encore le cas à cette époque-là, fragilisant de ce fait le système monétaire mondial. La Banque de France détient environ 20 % de la dette de l'Etat contre moins de 5 % en 2014" éclaire Axel Champeil.

Une demande de sécurité captée par les cryptomonnaies

Ce panorama est suffisamment inquiétant pour pousser les investisseurs à jouer la carte de l'or. D'autant que Champeil fait ensuite pleuvoir les arguments en faveur de cette orientation, avec un argument central : la détention d'or n'est en ce moment plombée par aucun coût d'opportunité. Autrement-dit elle ne génère aucun manque à gagner comparée à un autre type de placement "du fait des taux d'intérêts nuls", ce qui devrait favoriser les flux. Et puis Axel Champeil estime avoir identifié pendant l'année 2018 un comportement symptomatique de ce besoin de réassurance qu'éprouvent les investisseurs en période de trop grande incertitude. Besoin qui en l'occurrence a été détourné vers d'autres options.

"A ce titre, l'engouement passager sur le Bitcoin et autres cryptomonnaies (monnaies cryptées, digitalisées - Ndlr) et l'absence de flux massifs sur l'or, notamment au cours du quatrième trimestre 2018, alors que les marchés financiers mondiaux montraient des inquiétudes sur la solidité du cycle économique et la stabilité politique, peut nous interroger sur le maintien du statut de l'or comme valeur refuge à l'heure de la révolution numérique" interroge la société Champeil, tout en ayant son idée sur pourquoi la réponse à cette question est positive.

Le mécanisme inflationniste s'est-il atrophié ?

L'engouement des banquiers centraux, qui achètent de l'or pour renforcer la stabilité monétaire, fournit la réponse à cette question de la valeur refuge. Sachant "que la question de la valeur des principales devises reste bien présente, notamment quand la rareté vient à faire défaut comme c'est le cas actuellement" euphémise Axel Champeil. Il fait ici référence aux énormes quantités de liquidités créées par les banques centrales, à commencer par celles des Etats-Unis, depuis la crise de 2008 pour soutenir les Etats, eux-mêmes partis au secours des banques. Ceci afin d'éviter tout d'abord un effondrement du système financier doublé par une thrombose de l'économie, par manque de carburant, et enfin une chute des structures étatiques.

Mais Axel Champeil ne se contente pas de ce rappel et pointe aussi ce qui ressemble à une anomalie dans le cadre d'un recours intensif à la planche à billets. Contrairement à ce que prévoient les modèles de référence, le gonflement accéléré de la masse monétaire n'a encore eu aucune conséquence visible, pas le moindre début d'inflation qu'aurait annoncée une montée des prix.

"Le risque ultime reste la propagation d'une inflation importante, selon la théorie monétariste. Pourtant malgré les politiques expansionnistes des banques centrales, la création monétaire n'a pas d'impact sur l'évolution des prix, posant la question du maintien des mécanismes de transmissions monétaristes constatés par le passé" diagnostique avec pragmatisme Axel Champeil,

Ce dernier pointe du doigt l'apparition de bulles spéculatives variées, qui vont aussi bien du marché immobilier qu'à celui des obligations, dans lesquelles est allée en grande partie se placer la masse monétaire excédentaire. Autant dire que la bombe monétaire est armée et que son détonateur est bien connu, démontre Axel Champeil, puisqu'il s'agit du montant des taux d'intérêt : encore une bonne raison de penser à l'or...

"La destruction monétaire possible par l'éclatement de ces bulles, dont on peut facilement anticiper la corrélation avec la hausse des taux, si cette dernière intervient, rendra forcément de l'intérêt à l'or pour sa relative stabilité et sa décorrélation vis-à-vis d'autres actifs" prévient le PDG de Champeil.

En bref tous les signaux sont selon le gestionnaire bordelais au vert pour mettre de l'or dans son vin patrimonial, le potentiel de hausse du métal jaune restant entier.

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Or : l'état de la production

A l'heure où le projet de la "Montagne d'or" situé sur la commune de Saint-Laurent-du-Maroni, dans la forêt amazonienne de Guyane française, est devenu une question politique embarrassante pour le gouvernement, à cause de tous les dégâts écologiques que l'exploitation de ce gisement par la société russo-canadienne Cie Minière Montagne d'Or est susceptible d'entraîner, Champeil revient sur la production annuelle moyenne de métal jaune.

Elle est chaque année supérieure à 3.500 tonnes. Depuis 6.000 ans les spécialistes estiment que 177.000 tonnes d'or ont été extraites du sol (World Gold Council). Avec une consommation de plus de 2.000 tonnes en 2018, la joaillerie reste la première destination de l'or. Activité qui a connu un plus haut en 2013, à plus de 2.500 tonnes d'or. Ce secteur est dominé par l'Inde, avec près de 600 tonnes par an, et la Chine, autour de 700 tonnes.

Au 30/04/2019 le lingot d'or de 1 kilo se négociait à 37.390 euros : soit +8,23 % sur un an, +24,23 % sur 5 ans et +72,71 % sur 10 ans.

A la même date le Napoléon 20 francs se négociait à 220,20 euros : soit +6,84 % sur un an, +21,52 % sur 5 ans et +63,10 % sur 10 ans.

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