Nicolas Florian : "Pour Bordeaux Métropole 2050, tout le monde a joué le jeu"

Entamée il y a un an, la démarche prospective Bordeaux Métropole 2050 s'achève ce vendredi 29 mars par une journée de restitution. Le maire de Bordeaux, Nicolas Florian, explique à La Tribune ce qu'il en retient.
Nicolas Florian, maire de Bordeaux
Nicolas Florian, maire de Bordeaux (Crédits : Thibaud Moritz / Agence Appa)

Quel bilan tirez-vous de la démarche prospective Bordeaux Métropole 2050, destinée à interroger collectivement les futurs de ce territoire et initiée par Alain Juppé et la Métropole ?

Alain Juppé avait raison sur le fond et sur la forme. On nous expliquait, quand le projet a été lancé, que les gens ne s'intéresseraient pas à 2050... Au final c'est 15.000 questionnaires thématiques avec l'Ifop remplis, c'est des milliers de participants dont 47.800 rien que pour le serious game, c'est sept grandes conférences, c'est des rencontres dans les communes y compris hors métropole... Tout le monde a joué le jeu. On s'aperçoit que nos concitoyens se sont appropriés une réflexion collégiale et collective avec une vision prospective de leur territoire. Sur le fond, on s'aperçoit qu'il y a une convergence des attentes autour de la démocratie locale, de la mobilité, des défis écologiques et urbains, de l'attractivité et de l'emploi. Ce sont les quatre thématiques qui reviennent le plus souvent, pour lesquelles il y a eu une vraie adhésion et de vraies propositions. Il y a un tronc commun autour du développement de notre territoire et une prise de conscience sur cette question du défi climatique et de la préservation des ressources.

Il y aurait pu avoir de véritables difficultés à articuler cette démarche prospective avec l'exigence d'immédiateté portée par les mouvements sociaux actuels, qui portaient sur la fin de mois et pas sur l'horizon 2050. Cet écueil a-t-il été surmonté ?

Oui parce qu'à aucun moment l'un est venu en opposition ou en contradiction avec l'autre. L'attente du quotidien immédiat ne se fait pas au détriment de l'avenir plus lointain. Ce sont les deux bouts du même élastique.

Quelles sont les attentes qui ont émergé provenant de la sphère économique ?

La mobilité a été le sujet central, notamment les flux, l'accès au centre-ville et ce qu'on appelle le dernier kilomètre pour la logistique. La problématique de l'emploi du conjoint, et là c'est plus conjoncturel avec l'effet attractivité de la ligne à grande vitesse et les nouveaux arrivants, a aussi été souvent évoqué. Ce qui revient aussi, c'est cette attente d'un partenariat peut-être plus élaboré entre les différents acteurs, depuis l'université et ses laboratoires jusqu'aux entreprises en passant par les partenaires sociaux, les décideurs politiques. Ce qui est révélateur d'un mouvement général des gens vers plus de collectif, qui vient contrebalancer 20 ans d'individualisme exacerbé. Je pense d'ailleurs depuis 17 semaines que les défilés du samedi sont, certes, porteurs d'une revendication mais aussi d'un besoin de se retrouver ensemble. On l'a retrouvé lors des débats de Bordeaux Métropole 2050 : la haute qualité de vie, c'est aussi le lien social, le besoin de s'exprimer par la parole et d'avoir des lieux où on peut le faire. Bordeaux a été configurée par Alain Juppé pour réserver de l'espace public à l'échange, il a piétonnisé une grande partie de la ville, certains disent qu'elle est un peu minérale mais cela a permis de créer des agoras générales. C'est la place de la Victoire, c'est la place Pey Berland, ce sont des endroits où les citoyens peuvent se rencontrer.

Maintenant que ce travail d'écoute et de prospection est achevé, comment maintenant lui donner vie ? Et sera-t-il utilisé dès maintenant, alors que la campagne pour les élections municipales se préparent ?

Oui, nécessairement et il ne faut pas avoir honte de le dire. Il faut déjà saluer le travail engagé par Jacques Mangon et Michèle Laruë-Charlus (respectivement vice-président de Bordeaux Métropole et chef de la mission BM 2050, NDLR), qui donne une feuille de route pour ceux qui veulent s'en emparer. Les thématiques abordées n'ont pas de connotations partisanes donc chacun pourra puiser dedans en se disant que la démarche a suscité l'adhésion des citoyens qui s'intéressent à la chose publique. On peut imaginer que ceux qui se sont intéressé à Bordeaux Métropole 2050 s'intéresseront aux élections en 2020.

La réflexion a porté essentiellement sur le territoire métropolitain, mais pas uniquement. La métropole bordelaise n'est pas une île, elle doit vivre au milieu de son territoire. Comment embarquer les espaces environnants ?

Lorsqu'on a élaboré Bordeaux Métropole 2050, le sujet était très domestique. On s'est aperçu au fil des échanges qu'il y avait une périphérie. Bien sûr, on le savait déjà et Alain Juppé a été le premier à créer des coopérations territoriales, mais ça a pris d'autant plus de sens depuis la rentrée de septembre et l'expression par les Gilets jaunes d'un mal-être, d'une souffrance des territoires périphériques. La presse, dans ses premières analyses, parlait de personnes reprochant à Bordeaux d'être trop attractive, trop belle, trop riche... Cet aspect est intégré et doit l'être encore plus dans les réflexions d'avenir : quels sont les liens, les coopérations à établir... Du rayonnement et de l'attractivité doivent déboucher une forme d'irrigation vers les territoires, les bienfaits doivent aller dans les deux sens. Ce sera un enjeu, dans les années qui viennent, de cultiver une vraie collaboration qui sera bénéfique pour tous.

Si vous deviez ne retenir qu'une seule idée parmi toutes celles qui ont été abordées lors de Bordeaux Métropole 20520 ?

C'est un peu illusoire peut-être, mais le projet de téléphérique urbain. Je trouve que ça a un côté moderne, créatif. L'utilité, on peut toujours y réfléchir mais la créativité est indéniable.

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Une journée de restitution vendredi 29 mars, ouverte à tous

La journée du vendredi 29 mars, au Hangar 14 à Bordeaux, marquera la fin de la mission Bordeaux Métropole 2050. Ouverte à tous, elle proposera plusieurs temps forts : débats, expositions... et permettra de faire le bilan d'une année de concertations. Le hall accueillera les contributions : pépites du serious game, hackathon, créathon, ateliers thématiques, pitchs, résultats de l'enquête par questionnaires, maquettes, concours d'affiches des étudiants de l'ECV, dessins d'enfants des écoles de la Métropole... Six tables rondes porteront sur le changement climatique et les mutations sociales, le logement, les déplacements et la consommation dans et hors de la métropole, les limites des territoires... Une représentation théâtrale "Si t'habites pas Bordeaux Métropole en 2050 t'as raté ta vie !" sera livrée par la troupe spécialiste de l'improvisation  "Décalez !" entre 12h30 et 14h, restituant de manière originale les 4 scénarios prospectifs élaborés par les travaux du Forum urbain dans le cadre des ateliers #BM2050. De 18h à 19h30, la dernière séquence sera intitulée "Et maintenant, que faire ?" Animée par La Tribune, elle fera intervenir Jacques Mangon, vice-président de Bordeaux Métropole, Jean-Marc Offner, directeur de l'agence d'urbanisme A'Urba, Philippe Madec, urbaniste ainsi qu'une étudiante de Sciences Po, Margaux Girard, Patrick Bobet, président de Bordeaux Métropole, Nicolas Florian, maire de Bordeaux et Alain Anziani, maire de Mérignac.

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