Aéronautique (DMAé) : la maintenance des matériels au cœur de l’ADS Show 2018

Le MCO, ou maintien en condition opérationnelle, était au cœur de la 4ème édition de l’ADS Show sur la base aérienne 106 de Mérignac. La Simmad, également implantée en Gironde, n’a visiblement pas survécu à la revue de détails que lui a imposée la ministre des Armées, Florence Parly. La DMAé vient tout juste de la remplacer.
Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine, partenaire de la manifestation, au côté de l'ingénieure générale Monique Legrand-Larroche.
Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine, partenaire de la manifestation, au côté de l'ingénieure générale Monique Legrand-Larroche. (Crédits : Pierre-Olivier Signe)

Le salon ADS Show, qui s'est tenu sur 3.500 m2 à la Base aérienne 106, à Mérignac (Gironde), avec 120 exposants, plus de 5.000 visiteurs et plus de 1.000 rendez-vous d'affaires, a notamment permis d'éclairer la transformation du maintien en condition opérationnelle (MCO), qui est en train de s'étendre aux forces aériennes après avoir débuté il y a quinze ans dans la Marine nationale.

La conférence inaugurale d'ADS Show, intitulée Transformation du MCO Aéro Défense (armées et industrie), s'est ainsi déroulée en présence notamment de Monique Legrand-Larroche, ingénieure générale qui dirige la toute nouvelle Direction de la maintenance aéronautique (DMAé) qui remplace depuis le début de cette année la Simmad (Structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques de la défense), dont le siège se trouve toujours à Mérignac.

Un sujet brûlant au cœur de l'intervention de la ministre des Armées, Florence Parly, qui porte cette réforme et qui est passée à l'ADS Show, pour rappeler le fond de sa pensée. "Un avion il faut que ça vole" a-t-elle souligné, avant de faire l'explication de texte de la disparition de la Simmad.

Le bilan de la Simmad sur la sellette

"Le constat était clair. En 15 ans, la disponibilité de nos aéronefs a baissé de 10 points tandis que les coûts de maintenance, eux, explosaient. 40% d'augmentation de dépenses supplémentaires pour des matériels de moins en moins disponibles, cela ne pouvait plus durer. Cela ne pouvait plus durer car le travail acharné des hommes et des femmes de la maintenance aéronautique n'était pas récompensé" a notamment lâché la ministre des Armées.

C'est ainsi que la Simmad, qui avait la responsabilité de tous les aéronefs du ministère de la Défense, c'est-à-dire de toutes les machines volantes utilisées par les armées, a quitté le giron de l'état-major de l'armée de l'air une fois retransformée en DMAé, pour passer sous l'autorité de l'état-major des armées.

"La DMAé a été créée par la ministre afin d'améliorer la maintenance et l'entrainement des militaires. Nous avons identifié des flottes prioritaires, celles qui servent dans les opérations extérieures, mais nous allons voir l'ensemble des forces. La DMAé a été créée rapidement, le 18 avril 2018, mais nous avons travaillé sur ce projet bien avant sa création officielle. Une des idées centrales consiste à développer des contrats globaux de long terme, de cinq à dix ans, avec un ou deux maîtres d'ouvrage plutôt que de continuer à entretenir de multiples relations transverses avec les industriels", a éclairé l'ingénieure générale patronne de la DMAé.

Le maître d'ouvrage pour l'aviation en cours de sélection

Avec la création de cette direction c'est un tout nouveau modèle de fonctionnement qui va s'imposer. Un modèle qui passe par l'externalisation d'une grande partie de la logistique militaire, et le développement de nouveaux rapports de travail avec les industriels. Sur le plateau de l'ADS Show constitué pour cette conférence, animée par le général Jean-Marc Laurent, étaient représentés plusieurs industriels de premier plan.

Il s'agissait de Bruno Chevalier, directeur général du soutien militaire de Dassault Aviation, Didier Desnoyer, directeur de la division moteurs militaires de Safran, Philippe Rochet, directeur général adjoint du groupe Sabena Technics, patron du site de Bordeaux, Alain Rolland, directeur du centre de soutien militaire France, d'Airbus Helicopters, et Jean-Noël Stock, directeur adjoint support et service client de Thales. Comme l'a précisé Monique Legrand-Larroche, rien n'est encore fait, "le maître d'ouvrage est en cours de sélection" et pourrait aussi bien être un industriel privé qu'étatique.

Faire attention à l'externalisation

L'ingénieure générale a ensuite rappelé les fondamentaux de la démarche : diminuer le nombre d'interfaces entre les forces armées et les industriels pour réduire le temps d'attente de livraison des pièces de rechange et augmenter la performance. « Nous allons créer des guichets industriels au plus près de nos forces pour que le matériel soit rapidement disponible : cela ne va pas se faire en un claquement de doigts, il faudra un temps d'adaptation », a ensuite cadré Monique Legrand-Larroche.

Lors de l'ouverture de la conférence, le général de corps aérien Bruno Paccagnini, sous-chef de l'état-major des armées en charge du pôle Performance, a de son côté mis en avant "la nécessaire coopération entre tous les acteurs du MCO" soulignant que le mouvement dans cette direction est déjà engagé.

"Tout doit partir des opérations. Le nombre des opérations n'a cessé de grimper depuis vingt ans. Malgré des opérations plus dures le matériel est toujours opérationnel. Nous avons besoin d'un soutien matériel performant pour faire face à la vis sans fin des crises. Dans le cadre de cette modernisation du MCO, il faudra toutefois faire attention à l'externalisation, en termes de sécurité, de disponibilité", a expliqué en substance Bruno Paccagnini, qui fait du MCO la pierre angulaire de toutes les opérations.

La réussite du MCO dans la Marine

Le représentant de la Direction générale de l'armement (DGA), qui joue un rôle clé entre les demandes d'équipement de l'état-major et la fabrication de ces derniers par les industriels, a annoncé que la DGA allait sortir de son mode de réflexion en silos "pour mieux conjuguer amont et aval" mais aussi intervenir de plus en plus sur les matériels en service. Il a également confirmé un renforcement par la DGA des métiers de la maîtrise d'ouvrage, avec l'engagement de davantage de personnels formés dans ce cadre. Parmi les autres priorités de la direction, l'innovation au service de la maintenance prédictive est au programme.

L'exemple à suivre est visiblement celui de la Marine nationale, qui a entrepris une modernisation de fond de ses méthodes de maintenance dès 2003-2004. La réussite est apparemment sans mélange puisque le taux de disponibilité des matériels est passé de 55 % en 2004 à 80 % en 2018, tandis que les coûts de revient n'ont cessé de diminuer. Le nombre de maître d'ouvrage a augmenté pendant la période, passant de un à sept, mais 55 % de Naval Group, l'industriel filiale de l'Etat, est généré par la maintenance.

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