Bordeaux Gironde Investissement : les dessous du départ du président

Quelques heures avant son non-renouvellement à la présidence de Bordeaux Gironde Investissement, l'agence de promotion des investissements dans la métropole bordelaise, Alain Cougrand annonce sa démission. Un claquage de porte en règle lié à des désaccords stratégiques avec la Métropole, qui explique de son côté qu'elle veut "mettre fin à des méthodes qui n'ont plus lieu d'être" et mieux répartir les rôles.
Alain Cougrand, désormais ex-président de Bordeaux Gironde Investissement, qui opérait sous la marque "Invest in Bordeaux"

Alain Cougrand n'y va pas par quatre chemins. Dans un communiqué de presse envoyé le 12 décembre, le président de Bordeaux Gironde Investissement (BGI), l'agence de développement économique chargée de prospecter et d'accueillir de nouvelles entreprises dans l'agglomération bordelaise, annonce qu'il démissionne de son mandat. A quelques heures du conseil d'administration de la structure, qui aura lieu ce soir. Alain Cougrand se dit "en désaccord stratégique avec le projet porté par la métropole concernant le futur de l'agence de promotion des investissements. Ce projet qui aurait pour origine la baisse des budgets de la Métropole, aura pour conséquence une diminution du budget de BGI de 40 % sur 2 ans et le départ prévisible de 30 % de l'effectif des collaborateurs."

Le désormais ex-président de BGI évoque "le démantèlement de la structure", à savoir "le transfert à la Métropole des compétences de veille et analyse économique, de promotion de l'économie métropolitaine", "le transfert à la CCI Bordeaux Gironde de la promotion et de la prospection des porteurs de projets à l'international". Ne restent dans le giron de BGI que "l'identification des projets au national, l'accueil des porteurs de projet et l'accompagnement à leur implantation".

"La casse d'un outil qui fonctionne"

Que s'est-il passé ? Alain Cougrand ne veut pas parler de querelle de personnes mais cible exclusivement la Métropole bordelaise dans son communiqué et déplore "la casse d'un outil qui fonctionne, certes perfectible mais qui avait des résultats".

"J'ai fait deux mandats à la présidente de BGI, explique-t-il ce matin à La Tribune. Mi-septembre j'ai adressé un courrier à Alain Juppé pour lui annoncer les très bons résultats que nous devrions enregistrer cette année. En quatre ans et malgré des effectifs diminués de 20 %, le nombre de projets traités annuellement est passé de 150 à 300, le nombre de projets implantés chaque année de 32 à 75 et le nombre d'emplois associés de 750 à 1.500. Ce sont des chiffres très proches de ceux de notre homologue de Lyon, qui fonctionne avec 32 collaborateurs, contre 15 à BGI, avec un budget bien supérieur au nôtre.
Ce courrier a mis Virginie Calmels dans une colère noire. La Métropole a dans la foulée annoncé une baisse de 40 % des dotations des collectivités octroyées à BGI. Nous n'avons pas pu avancer suite à cette décision unilatérale. J'ai annoncé à Alain Juppé fin septembre que je laisserai passer les 20 ans de BGI avant de démissionner."

Virginie Calmels donne une toute autre lecture. Pour l'adjointe au maire de Bordeaux en charge de l'Economie, de l'Emploi et de la Croissance durable, également vice-présidente de Bordeaux Métropole :

"Alain Cougrand a effectué deux mandats en tant que président. Il pensait être renouvelé à l'issue de ce mandat mais ce n'était pas l'avis du conseil d'administration. Deuxième point, nous voulons optimiser l'argent public et éviter les doublons. Avec la loi NotrE, le Département de la Gironde se retire de BGI puisqu'il perd sa compétence économique. Les autres collectivités sont toutes contraintes de baisser leurs dotations, de l'ordre de 11 % chacune, en raison de la baisse des dotations de l'Etat."

Ceci, sur fond de Schéma régional de développement économique, d'innovation et d'internationalisation (SRDEII), qui consacre la Région comme chef de file de la politique économique, et de conventions de répartition des missions entre la Métropole et la CCI.

"Vers une meilleure optimisation"

Dans le style direct qui est sa marque de fabrique, l'élue se fait ensuite plus "cash" :

"BGI doit se concentrer sur son rôle d'agence d'accueil des entreprises. Ses autres missions actuelles, périphériques, seront portées par d'autres. En matière de prospective internationale par exemple, qu'a apporté BGI ? Il s'agit d'aller vers une meilleure optimisation. Est-ce qu'on a vraiment besoin d'une veille économique réalisée 5 fois, par BGI, par la Métropole, par la Région, par la CCI, par la mairie de Bordeaux ? Certains doivent se rendre compte que ce temps-là est fini, que ces méthodes n'ont plus lieu d'être et qu'il est temps d'aller vers plus de transversalité. Alain Cougrand brandit la menace de suppression d'emplois et est entré dans un combat personnel assez pathétique. Je rappelle que la décision est celle du conseil d'administration de BGI et qu'il n'y aura pas de licenciements. Nous pourrons proposer, à la marge, pour deux ou trois personnes, des reclassements. Sous réserve qu'elles acceptent nos propres grilles salariales, qui sont très éloignées de celle de BGI."

Alain Cougrand, lui, répond que le Département de la Gironde avait déjà réduit sa participation au budget total de BGI (2 M€) de 300.000 à 70.000 € et que son départ de la structure, comme l'abaissement de la participation de la Région Nouvelle-Aquitaine "qui avait déclaré qu'elle suivrait la Métropole et s'ajusterait sur la même baisse de dotation", étaient "des contraintes" mais que "des solutions pouvaient être trouvées". Il espère maintenant que son propre départ puisse "pacifier le débat".

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