Crise du lait : des élus d'EELV interpellent le ministre de l'Agriculture

Alors que les ministres européens de l'Agriculture sont réunis demain à Chambord, des élus d'Europe Ecologie Les Verts ont publié une tribune pour interpeller Stéphane Le Foll à propos de la crise concernant les prix du lait.
Pour les élus Europe Ecologie Les Verts, "le ministre français de l'Agriculture doit, pour une fois, oser faire des propositions courageuses pour sortir de l'impasse l'agriculture".

"Les crises agricoles se succèdent, avec leurs cortèges de paysans et de fermes sacrifiés. Contrairement à ce que nos dirigeants veulent nous faire croire, ces crises ne sont ni inéluctables, ni simplement conjoncturelles. Elles s'inscrivent dans une restructuration forcenée de l'agriculture : une partie de la profession agricole et les firmes agroalimentaires, soutenues par les différents gouvernements français, ont fait le pari fou de casser tous les outils de régulation de la production pour tenter l'aventure du grand marché mondial.
Ce marché, en Chine, en Russie et ailleurs, se caractérise par tous les dumpings sociaux et environnementaux. Progressivement les fermes d'Europe se transforment en usines, les paysans en ouvriers et les animaux en machines maltraitées. Les éleveurs se retrouvent en situation de grande précarité, placés entre le marteau de l'instabilité des prix sur les marchés d'exportation et l'enclume de l'instabilité tout aussi forte des cours de l'alimentation animale, principalement en provenance d'Amérique du Sud.

Comme celles et ceux qui, comme nous, se sont battus contre la fin des quotas, nous n'imaginions pas la brutalité et la rapidité de la déflagration.

La sortie de crise ne peut pas être d'arracher encore et toujours quelques nouveaux marchés à l'exportation. Elle ne peut en aucun cas se traduire par un affaissement des normes sociales, environnementales et sanitaires. Ce serait prendre le risque d'une rupture définitive de contrat entre les citoyens et les agriculteurs.
Pourtant, les plans d'aide à l'élevage comme les politiques agricoles participent de cette fuite en avant.

Le 2 septembre, Stéphane Le Foll réunit ses collègues européens de l'agriculture au château de Chambord. Compte tenu de la gravité de la crise et de sa récurrence, le ministre français de l'Agriculture doit, pour une fois, oser faire des propositions courageuses pour sortir de l'impasse l'agriculture et ses milliers d'emplois paysans. Je considère qu'ils sont de trois ordres :
- Un plan de diminution de la production laitière - et non des paysans - en responsabilisant les surproducteurs. Si ce plan ne doit pas concerner les petits et moyens producteurs il doit être établi au prorata des volumes produits par exploitation sous la responsabilité des Etats.
- Réorienter les plans de modernisation bâtiments, abondés par l'État et les Régions. Si la modernisation des bâtiments d'élevages est une nécessité pour amoindrir la pénibilité du travail en agriculture, ceux-ci ne doivent plus être des leviers à la mise
en place de fermes usines responsables des surproductions, ruineuses et destructrices de l'équilibre des territoires.
- La sortie de crise passera par une harmonisation européenne en réactivant les organisations communes de marché, ce qui signifie privilégier les débouchés européens rémunérateurs à partir de produits de qualité. Les fonds annoncés par le commissaire à l'agriculture pour faire du dumping, et favoriser les exportations vers des pays tiers, doivent êtres réorientés sur des filières à fortes valeurs ajoutées, seul moyen pour construire un mécanisme de prix garanti rémunérateur, ce qu'attendent les producteurs.

L'accord entre Lactalis et les éleveurs offre un ballon d'oxygène provisoire, surtout aux plus gros producteurs, mais ne répond en rien à la crise structurelle.

Au moment où la France et l'Europe subissent des restrictions budgétaires drastiques, ce n'est pas plus d'argent public mal utilisé qui permettra de sortir de cette situation. Ce n'est plus en faisant semblant de défendre les petits éleveurs tout en finançant une folle fuite en avant que nous sauverons nos territoires. Nous avons besoin d'un nouveau souffle pour l'agriculture.

Des dirigeants européens avaient eu l'intelligence de réguler la production laitière. D'autres ont eu la stupidité de les casser.

Dans quel camp êtes-vous monsieur le ministre ?"

  • Les élus Europe Ecologie Les Verts signataires : Yannick Jadot (député européen du Grand-Ouest), René Louail (président du groupe EELV au Conseil régional de Bretagne), François Dufour (vice-président à l'agriculture de la Région Basse-Normandie), Christophe Dougé (élu régional des Pays de la Loire, membre de la Commission agricole), Serge Morin (ancien élu régional Poitou-Charentes vice-président à l'agriculture), Charles Fournier (vice-président délégué à la démocratie, aux initiatives citoyennes, au développement rural, à la coopération et à l'égalité de la Région Centre-Val-de-Loire), Michèle Rivet (présidente de la Commission développement économique, économie sociale et solidaire, agriculture de la Région Centre-Val-de-Loire), Jerôme Orvain (conseiller régional délégué à l'agriculture biologique et l'agroécologie de la Région Nouvelle-Aquitaine).

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Commentaire 1
à écrit le 07/09/2016 à 15:46
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je suis avec enthousiasme le règlement des amers du litre de lait entre agriculteurs (trices) et cadres patronnat de chez lactalis{ Laval} . Je me veux d'en savoir l'intérêt.

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