Euro 2016 à Bordeaux : l'opposition socialiste à l'attaque

Ce sont des élus municipaux et métropolitains de Bordeaux remontés contre le président de la métropole bordelaise, Alain Juppé, qui ont, une nouvelle fois, fait part de leurs critiques concernant le budget de l'Euro 2016 à Bordeaux, vendredi 3 juin en conférence de presse.

Michèle Delaunay, Vincent Feltesse, Nicolas Guenro et Mathieu Rouveyre dénoncent la flambée des dépenses prévues pour la compétition. Un rapport présenté le 27 mai dernier au conseil de Métropole annonçait de nouveaux surcoûts. Les élus de l'opposition ont demandé un déféré préfectoral pour "défaut d'information aux élus et insincérité de budget".
Le rapport n° 31188, délibéré au conseil de la métropole vendredi 27 mai, faisait passer la part budgétaire pour Bordeaux Métropole de 3.740.000 € (voté en 2015) à 7.114.316 €. En cause : une rallonge de 1.470.100 € a été décidé pour renforcer les dispositifs de sécurité à l'intérieur et à l'extérieur de la fan-zone et au niveau des stades, dans un contexte post-attentat. Pour assurer une meilleure desserte de la fan-zone et du stade, le plan de circulation et de mobilité a également été revu, notamment en renforçant les fréquences de passage de tram et bus et en mettant en place un pass euro journalier à 3 €. 807.223 € de surcoût ont donc été votés, élevant à près de 1,3 M € le montant de ce plan mobilité. Le stade doit aussi être aménagé pour accueillir l'Euro 2016, l'espace dédié à la presse a été doublé. Le coût de cet aménagement, qui n'était pas prévu en 2015, a été estimé à  775.000 €. Un surcoût de 12.644 € élève à 172.644 € la note pour la mise à disposition des services de la ville de bordeaux. Le reste se ventilant entrela communication, l'engagement des volontaires et l'achat billetterie.

Ce que critiquent les élus socialistes

Pour les élus de l'opposition, ces surcoûts aurait dû, pour certains d'entre eux (comme le plan mobilité et l'aménagement du stade) être estimés dès 2015. Selon eux, Alain Juppé veut minimiser la facture depuis le mois de mai 2015 où le budget maximal était estimé à 4,7 M € (calculé aujourd'hui par le groupe socialistes au conseil métropolitain à 10,5 M€). De plus, délibérer de la réévaluation du budget de la compétition deux semaines avant qu'elle ne débute leur semble "déplorable".

"Cela fait plus d'un an que la France a connu un attentat et des mois que l'on est en état d'urgence, tous les surcoûts votés le 27 mai étaient anticipables depuis longtemps. Comment peut-on lutter contre ces surcoûts une dizaine de jours avant le début de la compétition ? On est mis au pied du mur", déplore Michèle Delaunay.

Un autre coût, et pas des moindre, qui ne figurait pas dans le budget estimé en 2015, n'aurait pas été prévu par Alain Juppé "qui a mal négocié, ou mal lu, le contrat passé avec Vinci et Fayat pour l'exploitation du stade Matmut Atlantique" selon Matthieu Rouveyre. Un loyer (de 2,175 M€ d'après Matthieu Rouveyre) doit être alloué à SBA, la société qui exploite le stade, pour utiliser le stade, hors match des Girondins de Bordeaux.

"Insincérité budgétaire"

Les conseillers métropolitains socialistes critiquent le rapport qui selon eux est présenté de manière complexe, incohérente et imprécise, et révèlerait "des informations trompeuses". Ils déplorent aussi le fait de n'avoir pas été informés du coût du test de sécurité, durant lequel une attaque terroriste a été simulée et de nombreux services de sécurité et hospitaliers ont été mobilisé.

"Des informations trompeuses y figurent", s'insurge Matthieu Rouveyre : dans la délibération de mai 2016, figure dans les recettes attendus un financement de 500.000 € de la Région. Or la Région n'a jamais confirmé cette participation financière et Alain Rousset, le président du conseil Régional, avait signalé son intention de ne pas subventionner l'Euro 2016.

Dénonçant cette "insincérité budgétaire", les conseillers métropolitains socialistes ont demandé un référé préfectoral pour que plus de transparence soit faite sur la gestion des deniers publics. Ce recours administratif donne la possibilité au préfet de demander à la collectivité de retirer ou modifier un acte jugé illégal. Si ce recours ne donne pas raison aux élus de l'opposition, ils ont annoncé vouloir aller devant le juge administratif.

Des dépenses jusqu'à 10,5 M€ ?

Matthieu Rouveyre évalue le budget total de la compétition à Bordeaux à 10,5 M € dont 6 M€ d'euros d'argent public alors qu'il avait été estimé en 2015 à 4,7 M€ dont 2,7 M € d'argent public. Ces chiffres qualifiés de "fantaisistes" par Alain Juppé, proviennent pourtant des délibérations de mai 2015 et de mai 2016 concernant l'évaluation du budget de l'Euro 2016. Tandis que le montant des dépenses a plus que doublé, celui des recettes évaluées à 5,7 M € a augmenté de 3,4M€.

Pour Matthieu Rouveyre , "10,5 M€ pour un mois de festivité, cela fait beaucoup. De plus, le coût prévisionnel annuel (net) du stade pour la ville de Bordeaux est de 6,8 millions d'euros. Nous pensons que ces sommes auraient été plus utiles aux Bordelais dans des crèches ou des gymnases. D'ailleurs des projets ont été abandonné comme le projet du gymnase Victor Hugo. Si Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite, gère les finances de l'Etat comme celles de Bordeaux, cela est inquiétant pour l'avenir."

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