L'Agence régionale de santé entame son big bang territorial

Se fondant dans les nouvelles frontières de la région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes, l'Agence régionale de santé vient de débuter de grandes manœuvres, entraînant une nouvelle répartition de ses équipes. Les directions départementales vont voir leurs moyens considérablement augmenter, alors que les enjeux sont multiples.
Michel Laforcade, directeur général de l'Agence régionale de santé Aquitaine Limousin Poitou-Charentes

Nouveau périmètre géographique, redistribution des moyens mais aussi nouveaux défis à relever... La réforme territoriale fusionnant les régions n'a pas été sans impact au niveau de l'Agence régionale de santé. Le directeur général de l'ARS Aquitaine Limousin Poitou-Charentes Michel Laforcade a détaillé les mesures fixées ce jeudi matin. L'organisme est, pour mémoire, chargé de la mise en œuvre de la politique de santé publique, de la régulation et de l'organisation de l'offre de service de santé, pour les 5,8 millions d'habitants de la nouvelle région. Parmi ses missions : autoriser les implantations, allouer les ressources, inspecter et contrôler, favoriser la prévention...

Le "big bang territorial" de l'ARS va notamment se traduire par davantage de pouvoirs et de moyens pour ses directions départementales. "Au 31 décembre 2015, 240 personnes travaillaient dans ces directions. D'ici 3 ans, elles seront 475", précise Michel Laforcade. Autrement dit, les directions départementales concentreront à terme 55 % de l'effectif de l'ARS, contre 25 % auparavant. Cette nouvelle répartition des compétences se fera sur la base du volontariat. A titre d'exemple, les personnels des anciens sièges régionaux de Poitiers et de Limoges auront le choix entre rallier le nouveau siège "Grande région" de Bordeaux via une reconversion sur d'autres missions, ou rejoindre une direction départementale.

Si toutes les directions sont regroupées dans la capitale girondine, des pôles expertise financière ou premiers recours (contre les déserts médicaux) seront par exemple situés à Limoges, Poitiers aura le pôle santé environnement...

"Depuis 7 ou 8 ans, nous perdons des unités de postes, note Michel Laforcade. Pour la première fois, nous allons pouvoir ouvrir des postes dans des territoires qui en ont besoin."

Lutter contre les déserts médicaux, sans oublier les besoins des centres urbains

"Notre première priorité est de renforcer la capacité d'accès de la population à la santé et de réduire les inégalités, notamment géographiques", détaille Michel Laforcade. Si les déserts médicaux devront être aidés, les besoins des centres urbaines, comme les lits de convalescence dans la métropole bordelaise, ne devront pas être occultés lors des équilibrages. L'un des enjeux, et pas des moindres, est livré par le directeur général :

"Les spécialistes sont concentrés dans les villes alors que notre région est devenue très vaste avec une faible densité, la plus importante région rurale de France. Il faudra passer par un système de consultations avancées des spécialistes."

Ceci sur la base d'un "volontariat incitatif", selon la jolie formule trouvée. Concrètement, les établissements tels que les hôpitaux et cliniques seront incités à envoyer leurs spécialistes, régulièrement, à la rencontre des populations éloignées des principaux bassins de vie.

Du temps partagé pour améliorer la qualité de soins

Michel Laforcade, qui fait le constat que la télémédecine est "un outil qui s'installe dans le paysage", a en tête quelques pistes à explorer, comme l'expérimentation d'un "bus dentaire" qui sillonnerait les campagnes, et entend "demander aux principaux opérateurs de santé et aux professionnels libéraux de consacrer davantage de temps à la prévention". Dans sa ligne de mire également, "le renforcement de la démocratie sanitaire", pour aller plus loin que la Conférence médicale qui existe déjà. Enfin, une attention particulière sera portée aux problèmes de disparité de la qualité des soins dans les hôpitaux.

"C'est l'énorme problème de la démographie médicale, la loi de l'offre et de la demande dans toute sa cruauté avec des postes non pourvus dans tous les hôpitaux, juge Michel Laforcade. Nous allons faire en sorte que dans le cadre des futurs groupements hospitaliers de territoire, les "grands frères" soient obligés de s'occuper de leurs "petits frères". Quand on est obnubilé par les postes vacants, on est moins regardant sur les recrutements. Nous allons notamment préconiser le temps partagé des professionnels dans plusieurs structures de soins."

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