Alain Rousset veut une Datar pour la grande région

Alain Rousset, élu ce lundi premier président de la région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes (ALPC), veut doter cet espace d’un outil de gestion territorial et de moyens d’actions financiers. Chef de file PS-PRG-EELV, il a été élu avec une voix de plus que celles de son camp, venue de chez sa concurrente Virginie Calmels, chef de file LR-UDI-Modem.
Alain Rousset a été élu officiellement ce lundi matin 4 janvier président de la nouvelle Région ALPC

L'hémicycle du Conseil régional d'Aquitaine, où s'est déroulé ce lundi la première assemblée plénière de la nouvelle région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes (ALPC) n'a pas eu à être agrandi malgré cette fusion à trois. Sur les 183 nouveaux conseillers régionaux seulement deux s'étaient fait excuser : Yves d'Amécourt (Les Républicains) et Francis Wilsius (PS).

La transmission de leurs pouvoirs a permis à tous les inscrits de voter pour l'élection du président de la nouvelle région. Si la coalition PS-PRG-EELV arrive largement en tête, avec 107 sièges sur 183, le FN a tout de même décidé de présenter son chef de file régional, Jacques Colombier, à ce scrutin. Sur 183 votants, la majorité PS-PRG-EELV a recueilli 108 voix, soit un bonus mystère d'une voix venu de la coalition LR-UDI-Modem, qui, avec 46 blancs ou nuls -leur mode d'expression choisi-, a perdu une de ses ouailles. Le FN ferme la marche avec 29 voix et donc autant de sièges.

Une commission pour un nom

"C'est un grand moment car nous allons aussi créer une nouvelle région. Cet événement est suffisamment rare dans notre démocratie pour que l'on sente davantage le poids des responsabilités qui pèsent sur nos épaules", s'est réjoui Alain Rousset tout en faisant la démonstration qu'il restait lucide. "Les électeurs ont montré par les votes et les abstentions que le monde politique est en situation de déficience" a-t-il ainsi souligné en précisant ensuite que "au-delà des politiques c'est sur l'action publique que porte cette défiance."

Le premier président de la nouvelle région s'est fait tout de même griller la politesse par le nouveau maire de Biarritz, Michel Veunac (Modem), doyen d'âge, qui a présidé cette assemblée plénière "de droit" jusqu'au vote. Premier objectif assigné par Alain Rousset au nouvel exécutif régional : la mise en place rapide "d'une commission créative" pour trouver le nom de la nouvelle région tout en s'appuyant sur les sites développés sur Internet dans les trois régions.

Economie, aucun rapport avec les CCI

Alain Rousset est revenu sur la nécessaire proximité avec les territoires et les élus pour réussir. La taille de la plus vaste région de France promet de poser de nombreux problèmes et le nouveau président a annoncé la création d'une Datar (Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire) à l'échelle de cette grande Aquitaine. Elle devra avoir une capacité d'analyse, et s'appuiera pour cela notamment sur les universités, et s'intéressera en priorité aux "territoires les plus en déprise", qui bénéficieront par ailleurs de la création d'un observatoire dédié.

Revenant sur la géographie des territoires, Alain Rousset a aussi plaidé pour la réactivation des Pays, outils "de co-construction" dont il regrette l'abandon. S'il ne s'est pas prononcé à ce sujet en plénière, le président de la nouvelle région s'est nettement démarqué en conférence de presse de Virginie Calmels, sa concurrente des régionales à la tête de la coalition LR-UDI-Modem. Alors que cette dernière voulait sous-traiter la gestion de l'action économique aux chambres de commerce et d'industrie (CCI) et aux villes, Alain Rousset a formellement réfuté toute forme de dévolution de l'action économique de la Région aux CCI.

Le polycentrisme en avant

Le nouveau président a pris soin d'annoncer que la présidence de la commission des finances "sera ouverte aux élus de la minorité". Après avoir cité plusieurs exemples d'initiatives développées en Limousin et Poitou-Charentes, comme cette idée "d'administration du futur", développée par Gérard Vandenbroucke, ancien président du Limousin, et qui consiste notamment à limiter les déplacements en s'appuyant sur les nouvelles technologies de communications, avec en particulier "la création de salles en immersion".

Parmi tous les dossiers qu'il a balayés par ailleurs, Alain Rousset est revenu en particulier sur la nécessité de créer un fonds régional d'investissement, centré sur le financement des PME, et le maintien d'une stratégie de développement économique notamment axée sur l'innovation. Se voulant rassurant pour les régions Limousin et Poitou-Charentes, qui semblent encore plutôt faire leur entrée en Aquitaine qu'entrer en fusion, Alain Rousset a martelé que le développement économique régional "est polycentré, il n'y aura pas de centralisation bordelaise ni sur le plan de l'économie ni sur celui de la culture et au plan éducatif".

JF Macaire

Pour Jean-François Macaire, ex-président de Poitou-Charentes, la nouvelle région est encore un "objet institutionnel inconnu" (photo J.Ph. D.)

Virginie Calmels reste ferme

Jacques Colombier, qui a accordé une "félicitation de principe" au nouveau président, s'est montré conciliant, assurant, malgré l'arrivée du FN en troisième position, "qu'en tant que premier groupe d'opposition dans cette assemblée, nous serons un groupe d'opposition pas systématique". Virginie Calmels a pour sa part prévenu que les élus LR-UDI-Modem étaient respectueux du suffrage des électeurs aux régionales et que c'est pour cela qu'ils n'avaient pas présenté de candidat à l'élection du président de région. Elle a ensuite précisé que le groupe LR et l'intergroupe LR-UDI-Modem ne ferait pas dans la mollesse.

"Nous vous pousserons dans vos derniers retranchements pour que nous n'imposiez pas aux deux autres régions un modèle aquitain", lançait notamment Virginie Calmels, avant d'en venir à la défense des personnels des deux régions et au contrôle de la dépense publique :

"Vous nous trouverez en face de vous si vous ne fusionnez pas les trois régions à coût constant."

Dionis du Séjour avec les Lot-et-Garonnais

Jean Dionis du Séjour, élu UDI et maire d'Agen, qui ne s'est pas privé de discuter avec l'ancien recteur d'académie Jean-Louis Nembrini, nouvel élu PS, et lot-et-garonnais comme lui, puis Matthias Fekl, secrétaire d'Etat chargé du commerce extérieur, également socialiste et lot-et-garonnais, a attiré l'attention d'Alain Rousset sur trois points : le maintien de l'équilibre des finances publiques, la bonne gestion des fonds européens, par "des pro-européens", et la décentralisation, se félicitant de la volonté d'Alain Rousset d'organiser des "majorités de projet". Un profil de futur président de la commission des finances ?

Parmi les autres interventions, Joan Taris (Modem) a défendu le principe d'une fédération entre les trois régions, le danger de "vampirisation" de la politique régionale par l'énorme chantier technique qu'implique le rapprochement des régions, le risque d'une fragmentation de la majorité PS-PRG-EELV, à cause des Verts, et celui d'un possible "pêché d'arrogance". Pour les Verts, justement, Françoise Coutant, chef de file EELV aux élections, a souligné qu'après l'accord obtenu à la fin de la COP 21 à Paris, c'était aujourd'hui aux régions de s'investir dans la lutte contre le réchauffement climatique.

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Commentaire 1
à écrit le 07/01/2016 à 10:32
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on connaissait la ratatouille niçoise , on va maintenant découvrir la ratatouille bordelaise .

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