Pourquoi Le Porge réduit l’accès à sa plage

Protecteur de la côte aquitaine, le GIP Littoral aquitain vient de signer un accord de partenariat historique avec Bordeaux Métropole pour améliorer la fréquentation des plages. Avec en toile de fond l’impact de la baisse drastique des budgets des collectivités.
La réduction du nombre de CRS (ici plage du Porge) a augmenté le coût de la surveillance des baignades.

Le Porge n'est pas aussi connu ni aussi riche que Saint-Tropez. C'est pour ça que l'annonce faite par Martial Zaninetti, premier adjoint de Jésus Veiga, maire de cette commune côtière, aurait pu passer inaperçue. Mais en déclarant, lors de la conférence de presse consacrée au partenariat Bordeaux Métropole et GIP (groupement d'intérêt public) Littoral Aquitain, que la mairie du Porge va supprimer 20 à 25 % des places de stationnement permettant d'accéder à la plage dès la saison 2016, Martial Zaninetti a marqué le coup. Cette suppression devrait faire disparaître 500 places de garage... Etiré le long de la petite route construite parallèlement à la dune pendant la Seconde Guerre mondiale, le parking du Porge donne l'impression d'être très étendu. Une erreur de perception que va corriger la mairie du Porge.

Faire moins avec moins

"Nous devons réduire nos coûts de fonctionnement de 200.000 €. Nous avons moins de CRS pour surveiller la baignade et plus de déchets à gérer. C'est pour cela que nous avons décidé d'adopter le principe de la montagne : il n'y a plus de poubelles sur la plage, mais un "poubelle drive" où les gens vont déposer leurs déchets près de l'endroit où ils sont garés. Notre parking est saturé 15 jours par an. Cette année cela a commencé un week-end de mai. Ce qui signifie aussi qu'on y trouve des places pour se garer 350 jours par an", nuance l'élu en souriant et qui le répète : il n'est pas question de refouler les baigneurs mais de tenir un budget sous pression.

Alors que le Conseil départemental de la Gironde aide les communes côtières, confrontées un déferlement de plus en plus intense de touristes l'été, un autre élu croit savoir que dans les Landes "le Conseil départemental prend tous ces frais supplémentaires en charge".

Adieu travaux publics ?

Le Porge, dont la population passe de 2.522 à 7.277 habitants l'été, doit faire face à de véritables déferlantes routières les jours de pic, où jusqu'à 30.000 personnes convergent vers la plage, à une dizaine de kilomètres du centre-bourg. Avec 13 kilomètres de long, la plage du Porge a les moyens d'accueillir des pics de ce niveau, mais pas de financer en conséquence la surveillance des baignades. Et puis les routes sont assez étroites. Le contournement routier du bourg de Lacanau a montré son efficacité, tout comme l'élargissement de tronçons entre Saint-Médard-en-Jalles et Le Porge. Mais avec la contraction des investissements des collectivités, ces travaux publics appartiennent au passé.

Plage

Chemin d'accès à la plage du Truc Vert à Lège-Cap ferret (DR)

"Comme notre population va augmenter à cause de l'attractivité de la région, il y a aura de plus en plus de flux entre la métropole bordelaise et les plages mais pas d'argent pour augmenter le nombre de voies routières. D'où l'importance de travailler avec le GIP Littoral aquitain, qui connaît bien son territoire", résume Christophe Duprat, vice-président de Bordeaux Métropole, délégué aux transports et au stationnement.

Bordeaux à la plage

Le GIP Littoral aquitain, créé en 2006, qui regroupe services de l'Etat et collectivités territoriales de la côte, s'intéresse notamment à la gestion du risque d'érosion côtière, à l'aménagement durable des stations et à l'organisation de l'espace. En matière d'aménagement, le GIP Littoral aquitain est la cheville ouvrière des "plans plages", où il a pris la suite de la défunte Miaca (Mission interministérielle d'aménagement de la côte aquitaine). Son président, Renaud Lagrave, explique le rapprochement avec Bordeaux.

"La signature de cette convention avec Bordeaux Métropole est une première. Nous avions pensé élargir il y a des années les territoires que nous couvrons à Bordeaux Métropole. Les plans plages de la Miaca remontent aux années 1960. Ils se sont traduits par un bon nombre d'aménagements dans les Landes, un peu moins en Gironde. Pour en finir avec les aménagements sauvages, il a fallu travailler dessus, en nous penchant sur les bassins de populations qui intéressent ces communes côtières", rappelle Renaud Lagrave.

Ant suit les baigneurs

Avec près de 800.000 habitants, Bordeaux Métropole constitue sans nul doute le plus grand de ces bassins. Et il n'est pas un mystère non plus qu'un rituel établi depuis la nuit des temps veut que les Bordelais migrent cycliquement vers la côte au moindre week-end ensoleillé. Dans leur convention, le GIP Littoral aquitain et Bordeaux Métropole s'intéressent à trois stations balnéaires girondines fréquentées par les Bordelais : Lège-Cap Ferret, Le Porge et Lacanau. Il s'agit désormais d'en savoir plus sur les déplacements des habitants de la métropole bordelaise vers la plage, puisqu'ils sont les premiers intéressés, tout en développant un outil prédictif sur les flux de circulation automobile. C'est le travail de la startup Ant, à Bordeaux, qui développe un outil de comptage en temps réel des baigneurs sur la route - par reconnaissance des smartphones - avec un renvoi de données en temps réel et prévisions de circulation à la clé.

Enrichir le questionnaire

Une des options évoquées consisterait à étaler la fréquentation des plages dans le temps.

"Allonger la saisonnalité, c'est intéressant mais doubler les capacités implique de créer de nouveaux plans plages surveillées. Il y a 157 plans plages actuellement sur la côte aquitaine. Un meilleur suivi des flux entre Bordeaux Métropole pourrait permettre d'améliorer l'information des automobilistes : Le Porge est saturé, peut-on aller à Lacanau ?", illustre Renaud Lagrave.

Le Conseil départemental de la Gironde a développé, avec ses autocars TransGironde, de véritables lignes de transports collectifs entre métropole et plage à des tarifs très attractifs. Christophe Duprat, maire de Saint-Aubin-de-Médoc, commune sur la route des plages, évoque aussi le développement du covoiturage. Et Bordeaux Métropole a créé un questionnaire en ligne pour que les Bordelais donnent leur avis détaillé (et anonyme) sur cette question.

Pour le moment 900 personnes ont répondu. A la fois non représentatif de la population puisque répond qui veut - Christophe Duprat appelle d'ailleurs les jeunes à se mobiliser, "On a beaucoup de 30-59 ans", observe-t-il - et d'une taille trop réduite comparée aux 800.000 habitants de Bordeaux Métropole pour peser par le nombre (par exemple 70 % de la population sondée) ce questionnaire ne donne encore aucune information précise. D'où l'appel lancé par le vice-président de Bordeaux Métropole pour inciter les Bordelais à participer au sondage.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 23/07/2019 à 0:21
Signaler
Le Porge vise aussi à augmenter sa population, ce qui augmentera la pression sur les sites littoraux. Les lotissements fleurissent, respectent ils la loi littoral? La limitation de la capacité des parkings: une réaction des "happy few" nouveaux arri...

à écrit le 04/11/2015 à 17:21
Signaler
Malheureusement la méthodologie utilisée pour l'étude par Bordeaux Métropole est incorrecte et je suppose que Bordeaux Métropole n'a pas été conseillée par un institut d'études. Le problème n'est pas la taille réduite de l'échantillonnage (personnes ...

le 24/05/2016 à 15:32
Signaler
Raymond! Ca fait un moment qu'on a pas eu de discussion ;)

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.