Bordeaux : les magistrats financiers doivent s’adapter

Jean-François Monteils est le nouveau président de la Chambre régionale des comptes (CRC) Aquitaine Poitou-Charentes. Dans moins de six mois, il présidera la plus grande chambre régionale des comptes du pays, avec l’arrivée de la CRC du Limousin.
Le président Jean-François Monteils (à droite) au côté de Jean-Noël Gout, vice-président

"Vous serez le deuxième et dernier président de la Chambre régionale des comptes Aquitaine Poitou-Charentes, et le premier de la Chambre régionale des comptes Aquitaine Poitou-Charentes Limousin, qui sera installée le 1er janvier 2016."

C'est par ces mots que Jean-Noël Gout, vice-président de la Chambre régionale des comptes Aquitaine Poitou-Charentes (CRCAPC), chargée en premier lieu du contrôle financier des collectivités locales et territoriales, mais aussi des établissements hospitaliers, a accueilli Jean-François Monteils, lors de l'audience solennelle au cours de laquelle il a été officiellement installé à son nouveau poste, ce vendredi 11 septembre.

De Fillon à NKM

Jean-François Monteils remplace Franc-Gilbert Banquey, qui présidait cette CRC depuis 2010 et qui a été rappelé cet été à la Cour des comptes, où il est conseiller maître (magistrat de grade supérieur). Fils de deux magistrats, dont un père originaire de Lot-et-Garonne, Jean-François Monteils, passé par Sciences Po Paris et l'Ena, diplômé en chinois de l'Institut national des langues et civilisations orientales, est conseiller maître à la Cour des comptes depuis 2012. Ceci après avoir en particulier assuré la fonction de secrétaire général du ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de la Mer (de 2010 à 2012), dont Nathalie Kosciusko-Morizet avait la responsabilité, et celle de conseiller pour la réforme de l'Etat et de la fonction publique au cabinet du Premier ministre François Fillon, de 2007 à 2009.

Absorber le Limousin

Le vice-président a rendu hommage à Franc-Gilbert Banquey, qui a piloté avec succès la délicate fusion des CRC d'Aquitaine et Poitou-Charentes, et souhaité la bienvenue au nouveau président, dans la future "plus grande région de l'Hexagone, avec plus de 84.000 km2 de superficie et 27 Md€ à vérifier". Lors de l'audience solennelle du 10 avril dernier, Franc-Gilbert Banquey avait précisé que la fusion des CRC d'Aquitaine et Poitou-Charentes n'avait vraiment porté ses effets internes qu'en décembre 2014, quand l'effectif de cette juridiction a pour la première fois été au complet, avec 83 personnes dont 27 magistrats, 35 assistants de vérification et 21 agents administratifs. Le tout pour un budget de 8,2 M€. Avec l'absorption de la CRC du Limousin, l'effectif de la juridiction va atteindre une centaine de personnes, ce qui ne devrait pas poser de problèmes d'accueil dans les locaux bordelais de la place des Grands-Hommes. Jean-François Gout a toutefois averti que si la CRC du Limousin était plus petite que celle de Poitou-Charentes, son absorption ne serait pas facile car elle implique une réorganisation "de toutes les sections de la CRC, dans un délai resserré".

Surveiller les représentants du peuple

Avec une hausse des charges de 7 % et un recul des produits de 3,5 % entre 2011 et 2014, les villes de 2.500 à 10.000 habitants sont fragilisées. Et "177 collectivités sont inscrites au réseau d'alerte, sur les 12 départements (de la grande région - ndlr), dont 159 communes", a observé notamment Jean-Noël Gout. De son côté, Jean-François Monteils a montré avec humour qu'il avait pris la mesure de l'enjeu. "Quand on se retrouve à la tête du plus vaste ressort de France, avec plus de 4.500 communes, 25 grandes aires urbaines, il est important ne pas céder à la mégalomanie" a-t-il ainsi relevé. Avant de souligner que les magistrats de cette juridiction financière devaient se réinventer, dans un contexte devenu particulièrement exigeant pour le financement des collectivités publiques. A quoi s'ajoutent de nouveaux sujets, comme le rapprochement des établissements de santé publics et privés ou même la gestion du trait de cote du littoral, lourd de conséquences en terme d'urbanisation.
Jean-François Monteils a fait dans son discours référence à Benjamin Constant, rappelant que pour cet intellectuel contemporain de la Révolution française et apôtre de "la jouissance paisible de l'indépendance privée", la démocratie moderne (par opposition à celle de l'Antiquité, NDLR) allait de pair avec un système de représentation, ce qui implique de "surveiller de façon active et constante les représentants (du peuple, NDLR)", a souligné en conclusion le nouveau président de la CRCAPC.

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