En Aquitaine, l'accès aux soins est meilleur en montagne

En Aquitaine, l’accessibilité aux soins médicaux est meilleure dans les zones montagneuses de Béarn-Soule (Pyrénées-Atlantiques) qu’en Lot-et-Garonne, un département pourtant centré sur la plaine de la Garonne ! C’est l’un des enseignements les plus surprenants de la 1re enquête d’opinion lancée en Aquitaine sur l’accès à la santé.
Le sondage montre que beaucoup de territoires ruraux en plaine sont moins bien desservis qu'en montagne.

L'Agence régionale de santé (ARS) d'Aquitaine et la Conférence régionale de la santé et de l'autonomie (CRSA) d'Aquitaine ont commandé à l'institut CSA la 1re enquête d'opinion sur l'accès à la santé en Aquitaine, qui vient d'être rendue publique. Face à cet enjeu majeur, l'ARS et la CRSA d'Aquitaine, organe consultatif représentant en particulier les usagers et responsables d'instances sanitaires auprès de l'ARS, ont décidé de consulter citoyens et professionnels de santé pour dresser un état précis de leurs préoccupations à ce sujet. L'enquête repose sur le sondage de 1.203 personnes et 302 professionnels de santé vivant en Aquitaine. L'Aquitaine compte 161 hôpitaux et cliniques, 1.360 établissements médico-sociaux en charge des personnes âgées ou atteintes d'un handicap ou encore plus de 64.000 professionnels de santé, dont 11.500 médecins.


La campagne sur les AVC ?


Ce sondage montre tout d'abord que le médecin traitant reste, pour 68 % des Aquitains, le premier référent en renseignements et conseils en matière de santé. Les sondés pouvaient donner plusieurs réponses et les médias arrivent en deuxième position derrière les médecins traitant, puisque 40 % des Aquitains s'informent en les consultant. L'entourage reste important (23 % des informations) ainsi que les professionnels de santé (autre que le médecin traitant), à l'origine de 11 % des informations. Conférences (3 %) et associations de malades (2 %) constituent les deux autres grands vecteurs de communication.

Dans la foulée, les sondeurs se sont livrés à un test sur l'efficacité des grandes campagnes de sensibilisation du public. Interrogés pour savoir s'ils se souvenaient de la campagne d'information sur la prévention des AVC (accidents vasculaires cérébraux) lancée fin 2014, les Aquitains ont majoritairement répondu par la négative (57 %), avec parmi ceux qui disent s'en souvenir, 14 % qui précisent "mais je ne vois pas très bien ce dont il s'agit".


Déficits en Lot-et-Garonne


L'obligation de déclarer son médecin traitant est massivement suivie puisque 94 % des Aquitains disent l'avoir fait, restent 1 % de sondés qui ne savent pas de quoi il s'agit et 5 % qui ne l'ont pas fait. La ventilation des réponses par territoires révèle des situations qui mériteraient sans doute d'être creusées, au-delà de ce sondage, par des études statistiques fines. Si la proportion de Girondins ayant déclaré leur médecin traitant est conforme à la moyenne régionale (94 %), cette dernière est supérieure en Béarn -Soule (97 %), à l'est des Pyrénées-Atlantiques, et en Navarre - Côte basque (96 %), à l'ouest du même département. La moyenne recule ensuite dans tous les départements à 93 % en Dordogne et dans les Landes, et atteint tout juste 90 % en Lot-et-Garonne.

Carte Aquitaine

Traversé par la plaine de la Garonne, véritable nœud de communications routières et ferroviaires entre Bordeaux et Toulouse, le Lot-et-Garonne est aussi le département où les Aquitains ont le plus de difficultés à être pris en charge pour les soins médicaux : ils sont 70 % dans ce cas, contre 58 % en Gironde, 57 % dans les Landes, 52 % en Béarn-Soule, et 50 % en Navarre - Côte basque. L'autre département le plus touché par ce problème est la Dordogne, avec 63 % de difficultés d'accessibilité. Ce sondage exprime le ressenti des Aquitains, ce qui ne l'empêche pas d'apporter des informations quand il pointe par exemple la faible urbanisation comme un des facteurs clés de ces problèmes d'accès aux soins.


L'éloignement dans un petit département


Non content d'être excentré, la Dordogne est le troisième plus grand département de France métropolitaine, ce qui n'est pas le cas du Lot-et-Garonne : un des moins étendus du pays et le plus petit d'Aquitaine. Situé comme la Dordogne dans la frange intérieure de la région, le Lot-et-Garonne dispose toutefois du quatrième pôle urbain d'Aquitaine avec l'agglomération d'Agen, qui se place derrière celles de Bordeaux, Bayonne et Pau, ce qui ne l'empêche pas d'être le moins peuplé.

Concernant les difficultés d'accès aux soins, le sondage situe ce département, avec la Dordogne et les Landes, dans les cas particuliers où l'éloignement entre le domicile et le lieu de prise en charge médicale joue un rôle significatif. Cet éloignement représente un problème dans 20 % des cas dans les Landes et en Lot-et-Garonne, et 24 % en Dordogne. L'étude ne territorialise pas le "renoncement aux soins pour cause de remboursement insuffisant", qui touche pourtant 25 % des Aquitains. Un paramètre qui aurait pu compléter utilement le tableau régional, le Lot-et-Garonne étant aussi le département le plus pauvre d'Aquitaine.


Les pivots de la prévention


L'enquête s'est également penchée sur la façon dont les professionnels de santé considèrent l'accès à l'offre de soins et la prise en charge médico-sociale. Ils sont 80 % à aborder souvent ou très souvent les questions de prévention avec leurs patients. Dans le bloc "autres professions médicales", qui agrège pharmaciens, chirurgiens dentistes et sages-femmes, les questions de prévention sont souvent ou très souvent abordées dans 90 % des cas, devant les médecins généralistes (89 %), les professionnels intervenants (88 %) et les professions paramédicales (80 %). Pour améliorer l'accès aux soins, les professionnels de la santé aquitains estiment qu'il faudrait tout d'abord augmenter et adapter l'offre, améliorer l'accessibilité géographique, la prévention et l'information, l'accessibilité financière, l'organisation et la qualité de l'offre.


Délais trop longs, coûts trop élevés


Ce sondage indédit croise enfin le regard des particuliers et des professionnels quant aux priorités à traiter dans leur département. Les particuliers sont en premier lieu préoccupés par la question des pathologies, l'accès aux soins, l'accompagnement des personnes en situation de handicap et des personnes âgées. Les professionnels mettent en avant l'accès aux soins, la prévention, l'amélioration de l'organisation et de la qualité de l'offre. Côté vécu, la perspective change sensiblement. On compte 31 % d'Aquitains ayant rencontré des difficultés de prise en charge à cause de délais trop longs, 23 % à cause d'un coût trop élevé et 17 % à cause de démarches administratives trop complexes. Quant aux professionnels, 32 % mettent en avant un manque de places disponibles, 28 % une méconnaissance du grand public sur l'existence de la structure concernée, 25 % une incapacité à prendre en charge de nouveaux patients. Si l'Aquitaine ne fait pas partie des régions les plus mal dotées en personnel de santé, elle semble bien compter un nombre significatif de zones à problèmes.

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