Alain Rousset veut doubler le budget des Régions sans tirer sur la fiscalité

Le patron de la Région Aquitaine, Alain Rousset, mise sur une cure d’amaigrissement des services de l’Etat pour financer le doublement des budgets des Régions sans toucher à la fiscalité. Les conseillers régionaux aquitains, qui viennent de voter pour que Bordeaux soit le chef-lieu de la future grande Région, ont validé la plateforme d’actions négociée entre les présidents des Régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes.
Si l'aéronautique soude Aquitaine et Midi-Pyrénées, ce secteur existe aussi dans le périmètre de la future grande Région.

Avant la séance plénière de ce lundi, qui soumettait au vote des conseillers régionaux d'Aquitaine plusieurs questions clés dans le cadre de la création de la future grande Région, Alain Rousset, président de la Région Aquitaine, a fait un point vendredi sur les principaux dossiers en jeu. La fusion des régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes suppose un rapprochement des outils de back office, comme l'informatique, et des procédures.

"Il faut que ce soit harmonisé au 1er janvier 2016, il est important que les régions qui fusionnent puissent continuer à travailler", résume Alain Rousset.

C'est ainsi que les dossiers liés à la fusion doivent être votés de façon identique dans les trois régions concernées. Si les exécutifs régionaux concernés se plient aux décisions de la loi sur la Nouvelle Organisation territoriale (Notre), des zones d'ombres subsistent ne serait-ce qu'au sujet du budget de la future assemblée régionale. D'où l'adoption d'une plateforme d'action commune, qui doit permettre aux trois exécutifs de préparer l'année 2016 tout en continuant à fonctionner sur leurs territoires actuels. Le nouvel exécutif de la grande Région sera élu en décembre prochain.


L'enjeu des Tiers Lieux


Le fait que les présidents des Régions Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes, respectivement Alain Rousset, Gérard Vandenbroucke et Jean-François Macaire, soient tous des élus du PS a sans doute facilité la mise au point de ce programme d'actions. Industrie agroalimentaire, bois, optique laser, "silver économie" (innovation au service des plus âgés), "l'Aquitaine a de belles complémentarités avec Limousin et Poitou-Charentes", a jugé vendredi Alain Rousset. Parmi ces priorités interrégionales, les Tiers Lieux (situés entre domicile et entreprise), dont font partie les espaces de coworking, marqués par "le rapprochement du numérique et du télétravail" concernent "1 million d'actifs dans les trois régions", principalement dans les périphéries urbaines et les zones rurales qu'ils doivent permettre de revitaliser. La transition énergétique est également au cœur de cette plateforme arrêtée pour la future grande Région.


Mettre Bordeaux à 2 h 30 de Limoges


Alain Rousset a également mis l'accent sur le rapprochement des fonds de capital développement et capital risque des trois Régions. Ces structures ne fonctionnant pas partout de la même manière, la proposition de la majorité régionale votée ce matin consiste à créer un nouveau fonds gestionnaire des fonds régionaux existants. Alain Rousset a également annoncé que des négociations étaient en cours avec la SNCF en particulier pour supprimer la correspondance obligatoire de Périgueux sur la ligne Bordeaux-Limoges et réduire ainsi le temps de parcours entre les deux métropoles de 3 heures à près de 2 heures 30. L'extension aux deux autres Régions de la stratégie d'innovation, au centre de la politique menée par Alain Rousset, est également au programme : du renforcement de la recherche académique au transfert de technologie et à l'accompagnement des créateurs d'entreprise innovants.


Les doublons des Direccte


La formation professionnelle tout au long de la vie est un autre des points centraux, incluant l'adoption d'une stratégie commune entre les trois régions, la convergence de la prise en charge des publics fragilisés et la création d'un service public régional de l'orientation. Concernant le budget de la future Région, dont le montant et la structure ne sont pas encore connus, Alain Rousset estime qu'il serait possible de doubler le budget actuel des Régions sans faire appel à la fiscalité, en leur transférant le budget que l'Etat consacre localement au soutien des PME, "40 % des Direccte (Direction régionale de l'entreprise, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi) sont en doublon avec les Régions : il faut choisir entre décentralisation et déconcentration, on ne peut plus faire les deux", a jugé Alain Rousset.


Alain Rousset s'attaque à la métropole...


Malgré une majorité confortable au Conseil régional, Alain Rousset a dû rester vigilant ce matin puisque les textes adoptés devaient être absolument identiques dans les trois régions, à l'amendement près. D'où un agacement présidentiel explicite, quand certains conseillers ont essayé de faire adopter des amendements qui n'étaient pas au programme... L'opposition, en particulier par la voix de Joan Taris (Mouvement démocrate), a reproché à Alain Rousset d'être "un omni président en campagne" et de faire "de la communication" avec l'adoption de ces délibérations. Le président a de son côté riposté en visant implicitement son adversaire numéro 1 aux prochaines élections régionales, Virginie Calmels (Les Républicains), adjointe au maire de Bordeaux et conseillère de Bordeaux Métropole.

"Le centralisme bordelais, le centralisme métropolitain, c'est ce qui fait peur aux autres Régions. La métropolisation leur fait craindre que tout aille à Bordeaux Métropole", a estimé Alain Rousset.


Le tourisme repêché dans les priorités


Répondant à Joan Taris, Stéphane Delpeyrat-Vincent (PS) a observé que "quelles que soient les décisions prises aujourd'hui, la future assemblée régionale sera souveraine" et qu'en attendant l'exécutif ne peut pas rester sans rien faire. Alain Rousset, qui voulait s'assurer qu'aucun secteur n'a été oublié dans la liste des 10 filières prioritaires, a été interpellé par Arnaud Tauzin (Les Républicains) qui lui a fait remarquer que, malgré son poids, le tourisme n'était qu'un sous-chapitre de la "silver économie". Prenant acte de la remarque, Alain Rousset l'a fait rajouter dans la liste des filières prioritaires. Tout en soulignant ses divergences, l'opposition de droite n'a attaqué les propositions de la majorité que de façon sporadique et à fleuret moucheté, les attaques les plus musclées étant venues du Front de Gauche, avec Isabelle Larrouy. Malgré un petit suspense entretenu par cette dernière, tous les conseillers sont tombés d'accord pour faire de Bordeaux le chef lieu provisoire de la future grande Région.

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Commentaires 3
à écrit le 11/07/2015 à 20:56
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Alain Rousset devrait nous expliquer comment peut-il doubler le budget de la Région sans tirer sur la fiscalité.C'est un magicien que le Gouvernement n'a jamais voulu recruter.

à écrit le 23/06/2015 à 11:42
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M. Rousset a parfaitement raison de souligner la différence entre déconcentration et décentralisation. La force des grandes régions qui vont prendre forme, devra être axée vers la décentralisation. Ce schéma doit conduire à la mise en place d'une éco...

à écrit le 22/06/2015 à 15:18
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la liste des 10 filières prioritaires ... Quelles sont-elles ?

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