Le président de la CCI de Libourne négocie tous azimuts

Par Jean-Philippe Dejean  |   |  582  mots
Yves Ratel, président de la CCI de Libourne
Condamnée à disparaître dans le cadre de la loi Macron, qui réorganise le réseau des chambres de commerce et d’industrie (CCI), la CCI de Libourne négocie d’arrache-pied pour déterminer le meilleur parti à prendre : Bordeaux ou la Dordogne ?

La circonscription de la CCI de Libourne, située à l'est du département de la Gironde, frontalière des départements de la Dordogne et du Lot-et-Garonne, a traditionnellement des relations compliquées avec Bordeaux, et plutôt excellentes avec les CCI des deux autres départements. "La loi Macron a fixé à 10.000 le nombre de ressortissants nécessaires pour continuer à exister. La CCI de Libourne en a 8.000, ce qui nous oblige à disparaître et donc à fusionner avec une autre CCI territoriale", explique Yves Ratel, président de cet établissement. A proximité immédiate de grands vignobles (Pomerol, Saint-Emilion...), le Libournais compte aussi de grandes entreprises comme le laboratoire vétérinaire Ceva Santé animale. "Si l'on compte le nombre de salariés de nos entreprises ressortissantes on arrive au moins à 40.000 personnes et si l'on rajoute les familles concernées, on arrive à 100.000", plaide Yves Ratel.


30 % en Dordogne


Tout en mettant en avant ses bonnes relations avec Pierre Goguet, le président de la CCI de Bordeaux, le patron de la CCI de Libourne a du mal à digérer l'obligation faite à son établissement de disparaître. Les 32 élus de cette CCI sont dos au mur, du coup la logique administrative prend une autre tournure. Comme la CCI de Libourne est située en Gironde on s'attendrait à ce qu'elle fusionne avec celle de Bordeaux, mais rien n'est moins sûr. "Pierre Goguet et Christophe Fauvel, président de la CCI de Dordogne, ont demandé à nous voir, confie Yves Ratel. Si on fusionne avec Bordeaux nous pèserons 10 % des élus de la nouvelle CCI, si c'est avec la Dordogne notre poids sera de 30 %." Ainsi le condamné libournais peut encore choisir avec qui se pendre. Alors même que la loi Macron prévoit la réduction du nombre de CCI, Yves Ratel évoque le rêve d'une CCI couvrant la rive droite de la Gironde : du nord (Blayais) jusqu'au sud (Langonnais), en passant par Libourne bien sûr.


Après Libourne, Bayonne ?


La bastide fondée par Edouard 1er, roi d'Angleterre, a beau être aspirée par la conurbation bordelaise, deux fleuves (Garonne et Dordogne) séparent Libourne de Bordeaux et le président de la CCI ne nie pas l'existence d'un certain esprit sécessionniste, à cause d'un vrai particularisme socio-économique local, justifie-t-il. Le volet de la loi Macron concernant les CCI doit faire l'objet d'un nouveau vote cet été. Avant cela, se tiendra une assemblée générale de la CCI d'Aquitaine où Yves Ratel essaiera sans doute de mobiliser en faveur de la survie de Libourne, sans doute dans un dernier baroud d'honneur. Un combat libournais qui n'a jamais vraiment été du goût de Laurent Courbu, ancien président de la CCI de Bordeaux, aujourd'hui à la tête de la Région. Cette CCI n'est pas la seule en Aquitaine à être exposée aux rigueurs de la loi Macron. La seconde est celle de Bayonne Pays basque, en Pyrénées-Atlantiques, où devrait logiquement ne subsister que la CCI de Pau Béarn. En plus d'une distance plus grande entre Pau et Bayonne qu'entre Bordeaux et Libourne, la perspective d'annoncer la suppression de la CCI Bayonne Pays basque n'a jusqu'à présent pas enflammé les imaginations des élus consulaires. Le patronat et de nombreux "abertzales" (patriotes basques) voient en effet dans cette CCI la seule véritable institution basque côté français. Autant dire qu'il ne sera pas facile de s'y attaquer, même avec la loi Macron en poche.