Taxes foncière et d'habitation : Alain Juppé justifie la hausse de 5 %

Par Pascal Rabiller  |   |  849  mots
Bordeaux va voir ses taux de taxes foncières et d'habitation progresser de 5 %...pour compenser, en partie, la baisse des dotations de l'État explique Alain Juppé
Les élus socialistes étaient vent debout, mais la hausse de 5 % des taxes d’habitation et foncière a été votée, sans surprise, par le conseil municipal de Bordeaux réuni cet après-midi. Alain Juppé a justifié cette hausse.

C'est fait ! Après des années de gel (depuis 2009), puis de hausse très mesurée, les taxes foncières et la taxe d'habitation vont augmenter de 5 % à Bordeaux. Le conseil municipal a voté cet après-midi en faveur d'une augmentation qui répond, pour Alain Juppé, "à la loi de finances de 2015 qui confirme la diminution supplémentaire des dotations de l'Etat aux collectivités territoriales". Une diminution qui entraîne une perte de 7,6 M€ sur le budget 2015 de la municipalité bordelaise.

"Pour compenser cette baisse de dotation, mais aussi le relèvement du fonds de péréquation intercommunal, voire les conséquences budgétaires de la réforme des rythmes scolaires, en vérité, nous perdons 13 M€ en 2015, soit une perte cumulée de 68 M€ à l'horizon 2017, il aurait fallu augmenter les taux d'imposition de près de 21 %", assurait cet après-midi Nicolas Florian, adjoint au maire.

Les élus municipaux PS, notamment Matthieu Rouveyre, Vincent Feltesse et Michèle Delaunay, qui ont voté contre cette décision, estiment que la ville, qu'ils présentent comme "une des plus taxées de France", pouvait faire l'économie de ces hausses grâce, notamment, à l'argent "économisé" sur le financement du Nouveau Stade suite au recours de Matthieu Rouveyre qui a donné du retard au plan de financement et donc a permis à ce dernier de bénéficier d'emprunts à taux conjoncturellement revus à la baisse. Les élus socialistes ont également mis en avant les 104 M€ récupérés via la vente des actions de Régaz à Bordeaux Métropole, ont évoqué une taxe renforcée sur l'hôtellerie 4 et 5 étoiles...

Hausse confirmée, abattement aussi...

Dans sa réponse aux attaques des élus PS, Alain Juppé a rappelé qu'il avait, certes, évoqué une non-augmentation pendant la campagne de 2014...

"Mais à périmètre constant. Or, avec la baisse des dotations et le transfert de certaines charges par l'État, nous ne sommes plus à périmètre constant... Contrairement à ce qui est dit par l'opposition, Bordeaux n'est pas la ville la plus fiscalisée de France. Entre 2004 et 2014, l'augmentation de fiscalité, avec + 4,58 %, a été une des moins importantes de France, après Lille et Strasbourg."

En termes d'augmentations de taxe foncières, d'autres villes font en effet beaucoup plus fort, comme Toulouse par exemple avec +15 %, ou encore la ville de Lille, qui a augmenté les taxes foncières de 10,5%... mais qui part tout de même de très bas, avec une moyenne de taxe foncière de 599 € par foyer...

"A Bordeaux nous conservons un abattement de près de 20 % de la valeur locative qui profite à près des deux tiers des Bordelais. Dans le même temps, de nombreuses villes y renoncent, ou diminuent cet abattement, ce n'est pas notre cas", affirmait Nicolas Florian cet après-midi.

Alain Juppé enchaîne :

"Quand à la manne supposée de Bordeaux concernant la baisse des taux d'emprunt pour le Nouveau Stade, ou encore la vente des parts de Régaz... les explications des élus socialistes relèvent de la démagogie. En réalité, si Matthieu Rouveyre veut vraiment faire bénéficier la ville d'économie concernant le stade, qu'il retire son recours devant le Conseil d'Etat, car si c'est son recours qui a provoqué le retard, et donc, indirectement les économies liées à la baisse des taux d'intérêt de l'emprunt, ce recours, même s'il a peut de chance d'aboutir, peut provoquer de gros dégâts ! Par ailleurs, la possibilité de compenser nos pertes de dotation par une taxe de séjour imposée aux hôtels quatre et cinq étoiles, c'est une farce ! Il y aurait combien d'hôtels concernés ? Pour quelles recettes de quelques milliers d'euros ? Enfin, lorsqu'il s'agit des parts de Régaz, je rappelle qu'elles ont rapporté 104 M€, ce qui participe du désendettement de la municipalité, mais représente aussi une perte de recette de 4 M€/an pour Bordeaux..."

Alain Juppé : "Je parie sur la maîtrise des dépenses et l'attractivité de Bordeaux"

Et Alain Juppé de poursuivre en donnant ses solutions pour l'avenir financier de la municipalité.

"Bien sûr, la hausse constante des taux de taxe n'est pas une solution acceptable et même envisageable à moyen terme, mais nous n'avions pas le choix aujourd'hui. L'opposition a tendance à vouloir donner des leçons de gestions des finances... Je doute de ses compétences dans ce domaine. On nous reproche de participer au financement du Stade, de la Cité des Civilisations du Vin ? Moi, je parie que leur attractivité aura des retombées économiques positives sur notre ville, et l'ensemble de la métropole, et je parie, plus sur l'efficacité à l'horizon 4 ou 5 ans de la maîtrise des dépenses de fonctionnement de nos collectivités, sur l'étalement des dépenses... et sur notre capacité à attirer toujours plus d'habitants et d'entreprises !"

En attendant, désormais, à Bordeaux, le taux de la taxe d'habitation s'élève à 24,13 %, celui de la taxe foncière sur les propriétés bâties à 29,51 % et la taxe foncière sur les propriétés non bâties atteint 90,92 %.