Les villes en première ligne contre le réchauffement

Modifié 07/04/2015 -10 h 28 / En même temps que progresse la mise en œuvre de la ville intelligente, la lutte contre le réchauffement climatique prend aussi une dimension très urbaine.
La durabilité dans nos villes : jusqu'où ?

En début d'après-midi, pour la 3ème session du 1er Forum Smart City (Durabilité dans nos villes, jusqu'où ?) de Bordeaux, animée par Mikaël Lozano, rédacteur en chef de La Tribune - Objectif Aquitaine, Carmen Santana, architecte à Barcelone, s'est adressée à Boyd Cohen, pionnier de la ville intelligente, pour en savoir plus sur l'évolution de ce concept récent. Lunettes rondes et casquette sur la tête, Boyd Cohen, docteur et professeur en entrepreneuriat durable à l'université Desarollo, à Santiago du Chili, lui a répondu que, de la technologie, la ville intelligente avait ensuite basculé vers les citoyens. Mouvement qui s'est accompagné de l'émergence d'un entrepreneuriat civique et social, porteur notamment d'initiatives autour du partage, et de "consom'acteurs". Boyd Cohen n'a pas caché que pour lui la création de richesse est devenue "une idée problématique car la culture du partage est différente de l'idée de propriété : mieux vaut partager un équipement plutôt que de laisser rouiller au fond du garage", a-t-il estimé.


Avec - 5 °, Paris sous la glace


Boyd Cohen a mis au point une grille qui recense 62 items permettant de mesurer l'avancée vers la ville intelligente. Ce mouvement qui se développe à l'échelle de la planète va de pair avec la prise en compte de la lutte contre le dérèglement climatique. Gilles Berhault, notamment président de l'association ACIDD, a remis les pendules à l'heure. "Le problème n'est plus celui du réchauffement mais celui de l'accélération du réchauffement. Avec -  5°, il y a 20.000 ans, Paris se trouvait sous 5 kilomètres de glace. Aujourd'hui nous sommes sur une tendance à + 2 °, c'est beaucoup et ça risque de faire plus, d'où l'objectif de réduire les émissions de gaz à effets de serre de 40 % d'ici 2025" a analysé Gilles Berhault. Pour y arriver, il faut que la population suive, ce que le président d'ACIDD voit passer par une forme d'individuation, de prise de conscience individuelle. Une condition sine qua non pour aboutir à une massification du mouvement. Perspective dans laquelle la 21ème conférence mondiale sur le climat, qui se tient à Paris en décembre prochain devrait jouer un rôle déterminant selon Gilles Berhault.


Pas de foot ni de rugby à Bristol


Quoi qu'il en soit les villes sont montées en ligne et occupent désormais une place stratégique dans la lutte contre le réchauffement climatique. Martin Bigg est professeur de technologie environnementale (Environmental Technology) à l'université West of England, à Bristol (Royaume-Uni). "Nous n'avons pas d'équipe de foot ni de rugby aussi personne ne sait où se trouve Bristol, qui est à l'Ouest de Londres et qui est une ville portuaire sur la Manche" s'est amusé Martin Bigg. Point fort de Bristol, qui est une des villes jumelles de Bordeaux, elle attire beaucoup d'étudiants et a "un vrai désir de changement" a jugé le professeur. Pas de hasard si Bristol a décroché le titre de capitale européenne verte de l'année pour 2015. Car selon Martin Bigg, pour réussir le changement il faut avoir envie de s'amuser et la présence de nombreux étudiants est de ce point de vue là un atout sérieux... Au-delà de son humour pince sans rire, Martin Bigg explique que la ville a massivement équipé les toitures des immeubles de Bristol de panneaux photovoltaïques et que 2 M£ ont été "donné aux quartiers, car les citoyens ont le pouvoir".


Les scénarios de GRDF


Bristol, qui connaît de graves problèmes de circulation, est devenue la ville la mieux équipée en vélos et "rattrape la France dans le domaine des investissements ferroviaires". Ces interventions ont été suivies par une table ronde. Professeur des universités en science économique au Cnam (Conservatoire national des arts et métiers), Sylvie Faucheux ne s'est pas privée de rappeler que pendant les années 1990 l'environnement était vu comme un obstacle à la croissance économique et qu'aujourd'hui, avec les progrès technologiques, tout avait changé, propulsant le développement durable au cœur de la stratégie des entreprises, déclenchant une prise de conscience. L'intégration des trois dimensions économique, environnementale et sociale forme le triptyque à la base du développement durable, a souligné Sylvie Faucheux. La dimension chronologique a été réintroduite par Gilles Berhault qui dit que l'on "peut parler de développement durable 2.0 car il y a vingt ans le numérique n'en était qu'à ses balbutiements".
Directeur clients territoires pour la région Sud-Ouest à GRDF (Gaz Réseau Distribution France), Thierry Grangetas, explique que GRDF a développé des scénarios concernant l'évolution de la production d'énergie. Utiliser l'énergie produite mais pas utilisée, en la transférant au bon moment, c'est l'un des objectifs de ces scénarios. Jean-Marc Gancille, directeur de la transition écologique à l'écosystème Darwin, à Bordeaux, cadre au groupe Evolution, a plaidé de son côté pour la sobriété énergétique, "la première de nos préoccupations est de dire : de quoi n'ai-je pas besoin ?". Jean-Marc Gancille n'a pas plaidé directement pour la décroissance, même s'il défend cette philosophie, et se félicite par exemple que l'énergie utilisée par Darwin soit "100 % verte".

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Commentaires 5
à écrit le 08/04/2015 à 16:49
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Juste une précision, la présence de l'ancienne présidente de l'université de Versailles, limogée de son poste à Dijon par décision du conseil des ministres est un très mauvais signe. Elle arrive toujours à se montrer comme si de rien n'été. Bravo. A...

à écrit le 05/04/2015 à 0:50
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Parler de réchauffement climatique alors qu'il n'y en a plus depuis 18 ans, que, sur cette période, nous avons émis plus de 40% de toues nos émissions depuis le début de l'ère industrielle, et que les modèles numériques se plantent lamentablement, n'...

à écrit le 04/04/2015 à 22:59
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"Quoi qu'il en soit les villes sont montées en ligne et occupent désormais une place stratégique dans la lutte contre le réchauffement climatique"... Et elles ont dépensé combien pour quel résultat? On peut savoir? Et ne me parlez pas de carbone. ...

à écrit le 04/04/2015 à 18:48
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bonjour Jean-Philippe et merci pour votre article. Néanmoins il ne me semble pas avoir prononcé le terme de decroissance dans le debat tant il est mal compris. Pour autant, à titre personnel, je le revendique totalement car il me semble dessiner un...

le 07/04/2015 à 10:24
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Bonjour Jean-Marc, Vous n'avez pas parlé de décroissance et je n'ai pas mis ce mot entre guillemets pour bien montrer qu'il était améné par le rédacteur. Ceci à la suite de votre citation sur votre première préoccupation ("de quoi n'ai-je pas besoin...

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