"Nous avons le bon hardware, pas le bon software"

Jean Pisani-Ferry, commissaire général au Commissariat général à la stratégie et à la prospective, était de passage hier à Bordeaux dans le cadre d'une réunion du club de prospective territoriale. L'occasion pour le Conseil régional de mettre en avant les actions déployées en région et de faire remonter quelques suggestions et inquiétudes.
Jean Pisani-Ferry, président de France Stratégie

Créé officiellement le 22 avril 2013, le Commissariat général à la stratégie et à la prospective, plus connu sous le nom d'usage France Stratégie, a pour mission d'évaluer les politiques publiques, d'anticiper les évolutions de tous ordres qui affecteront la société, d'analyser les pratiques menées ailleurs dans le monde, et de formuler des propositions au gouvernement. Afin de se rapprocher des territoires français, des Clubs de prospective territoriale ont été initiés, durant lesquels les membres de France Stratégie viennent rencontrer des acteurs locaux et réfléchir ensemble.

Président de France Stratégie, l'économiste Jean Pisani-Ferry était donc hier à Bordeaux pour une visite de l'Institut d'optique d'Aquitaine ainsi qu'une rencontre au Conseil régional. Moment d'échange qui a permis à Alain Rousset, président (PS) de la collectivité régionale, de faire passer quelques messages. Rappelant que l'Aquitaine avait dû abandonner "une économie de rente" basée sur ses ressources patrimoniales et ses spécificités géographiques pour "ressourcer le monde industriel et universitaire", il a insisté sur quelques thèmes-clés, de nature selon lui à redynamiser un territoire. Parmi ces enjeux :

"Passer de l'aide matérielle à l'aide à l'innovation pour les entreprises. Décloisonner l'industrie, l'université et la recherche. Faire en sorte que l'ingénierie devienne un pontage entre le privé et le public et évite la déculturation du monde industriel."

Attention à la métropolisation

Alain Rousset a, dit-il, retenu plusieurs leçons des expérimentations et dispositifs déployés par le Conseil régional ces dernières années. Entre autres, que "s'adosser à l'expertise universitaire est primordial. Cela, beaucoup de collectivités locales l'ont oublié." Le président du Conseil régional s'est aussi dit "inquiet de voir que le discours du moment tourne autour des métropoles seules. Le monde industriel, pourvoyeur d'emplois, a besoin de fidéliser sa main d'œuvre. Or, les métropoles n'y arrivent pas. Le coût du foncier est aussi très important. Attention à ne pas appauvrir les territoires au profil de métropoles ayant déjà une capacité d'attraction forte." Suivit une charge contre la culture jacobine françaises et un appel à ce que "les moyens des régions soient renforcés. Quand nous créons des fonds d'investissement, on le fait a minima. En matière de financement de l'économie, la décision est souvent nationale et prend un temps fou. En Californie, en Israël, on sait jouer local, financer et faire vite, pas nous tant qu'on maintiendra les régions dans leur état de faiblesse."

Après la présentation d'initiatives régionales comme l'émergence d'un pôle des métiers du cuir en Dordogne, Jean Pisani-Ferry a pris la parole en souriant.

"Ce n'est pas la première fois que nous passons le périphérique ! Le Club de prospective territoriale cherche justement à travailler sur les formes de coopération possibles avec les collectivités territoriales et notamment les régions. Nous sommes globalement d'accord sur notre vision de l'économie et la manière de penser la croissance. Nous avons beaucoup de chances d'avoir en France des grands groupes mais ce n'est pas d'eux que viendront la croissance et la régénération du tissu économique. Ces deux phénomènes seront plutôt liés à la naissance et à la faculté à faire grandir de nouvelles entreprises. Nous ne sommes pas non plus en désaccord sur le risque de faire des métropoles des isolats de prospérité. Mais ce n'est pas un sujet qui est spécifique à la France. Il faudra construire cette concentration sans appauvrir les autres territoires, avec des mécanismes permettant de redistribuer les richesses. Aujourd'hui, nous avons les compétences, il nous faut tous mieux travailler ensemble. Nous avons le bon hardware, pas encore le bon software."

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Commentaires 3
à écrit le 18/02/2015 à 8:08
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"Le monde industriel, pourvoyeur d'emplois, a besoin de fidéliser sa main d'œuvre. Or, les métropoles n'y arrivent pas." : Logement trop cher et main d’œuvre fidèle ne font pas bon ménage... Les cages à poule et collocations, ça ne va qu'un temps.

à écrit le 18/02/2015 à 4:32
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que du blabla !!! ces gens ne font rien que parler !! ils n'ont rien compris aux vrais problèmes de la france !!

à écrit le 17/02/2015 à 16:44
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Combien 'France Strategies' coutent elles au contribuable?

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