Bordeaux : programme “Castéja”, 65 % de logement social en nombre, 30 % en surface

Par Pascal Rabiller  |   |  485  mots
La facade XVIIIe de l'ex-Hôtel de police et ex-Institut national des jeunes filles sourdes, à Bordeaux, va abriter des logements libres. La partie située derrière ce bâtiment accueillera une centaine de logements sociaux.
Si en nombre de logements, le programme immobilier qui va voir le jour sur l’emprise de l’ancien site de l’Hôtel de Police (Castéja) en plein centre de Bordeaux, comptera 65 % de logements sociaux, en réalité, l’accession sociale et le locatif social pèseront à hauteur de 33 % du programme en nombre de m2. Question de rentabilité de l’opération.

L'ancien Hôtel de Police de Bordeaux, Castéjà, n'est officiellement plus propriété de l'Etat depuis ce matin. Le secrétaire d'Etat au budget Christian Eckert, a signé l'acte de cession au bailleur social Gironde Habitat. C'est la première grande transaction concernant le patrimoine de l'Etat (estimé à 60 Md€ en France) dans le cadre des cessions "décotées" mises en place en 2013 par Cécile Duflot, alors ministre du Logement.

Gironde Habitat a investi 12 M€ et bénéficié de 5 M€ de décote

Dans ce cas précis, Gironde Habitat a pu faire l'acquisition du site moyennant 12 M€ d'investissement. La décote accordée par l'État, mais qui impose à l'acheteur de produire un certain pourcentage de logements sociaux, lui a permis d'économiser 5 M€ sur la valeur vénale du site. De quoi pouvoir développer un important programme d'immobilier social. Sur les 180 logements qui vont être construits ou aménagés, 45 % le seront en locatif social et 20 % en accession sociale à la propriété.

A y regarder de plus près, il apparait que les 65 % de logements sociaux du programme immobilier piloté par Gironde Habitat couvriront en fait 30 % de la surface totale du programme. La commercialisation des logements en accession libre qui occuperont le bâtiment XVIIIe de la rue Abbé de l'Epée permettra de rentabiliser l'opération financière pour Gironde Habitat et les acteurs de l'immobilier qui participeront au projet.

En effet, ces logements situés dans un bâtiment historique et dans un quartier où les prix au m2 oscillent autour de 3.500 €, vont occuper en réalité 60 % de l'emprise foncière de l'ensemble du programme.

La concertation démarrera début 2015

Les logements sociaux sortiront, eux, de terre dans la zone située à l'arrière du bâtiment principal, inscrit au titre des Bâtiments historiques.

C'est à ce prix que la production de logements sociaux est financièrement possible dans l'hyper centre-ville de Bordeaux. C'est aussi à ce prix que la création de logements sociaux est sans doute plus facilement acceptable de la part des riverains du quartier Saint-Seurin / Fondaudège qui se posent, d'ores et déjà, des questions sur ce programme et n'ont pas manqué d'interpeller le maire adjoint du quartier Centre, Laurence Dessertine. La concertation, pour un programme qui ne sera pas livré avant 5 ans et prévoit outre les logements, une résidence hôtelière, un foyer pour jeunes travailleurs et une école maternelle, ne démarrera vraiment qu'au début de l'année 2015.

En attendant, une autre cession avec décote de site de l'Etat (ministère de la Défense), va être finalisée fin novembre à Bordeaux. Situé rue Brunet (quartier Bacalan), ce site qui a d'abord été vendu par l'Etat à la CUB qui l'a ensuite cédé à Gironde Habitat, va accueillir 22 logements. Deux autres cessions décotées de sites de l'Etat seraient en cours de finalisation en Aquitaine.