Pourquoi les Européennes risquent de surprendre

Plusieurs facteurs risquent d’amoindrir la probable sanction électorale de la majorité présidentielle aux municipales. D’autres vont générer des bulletins nuls.
Le Parlement européen

Sans revenir sur la validité de l'effet négatif d'élections à mi-mandat pour une majorité présidentielle, Jean Petaux, politologue à Sciences Po Bordeaux, identifie trois éléments qui pourraient déformer ce modèle prédictif lors des prochaines municipales. A commencer par l'effet délétère de la guerre des chefs que se sont livrés à l'UMP Jean-François Copé et François Fillon. « L'UMP est atteint d'une faiblesse presque structurelle. Ses deux leaders se sont rabibochés sans vraiment le faire et le parti est atone. Une situation que n'améliore pas le comportement de Nicolas Sarkozy. Les déçus de la majorité présidentielle vont-ils se reconnaître dans l'offre politique de l'UMP ? La réponse à cette question sera le révélateur de l'état réel du parti », analyse Jean Petaux.

Le deuxième élément susceptible de modifier l'impitoyable loi du mauvais résultat d'une majorité présidentielle lors d'élections de mi-mandat pourrait paradoxalement venir de l'intensité de la crise. « Dans ce type de situation, l'électeur ne prend pas de risque. Il a tendance à rester en terrain connu », argumente Jean Petaux.

Alignement astral

Dernier grand facteur à l'œuvre dans cette triple lame à cisailler des modèles électoraux bien huilés : le calendrier. « Le scrutin défouloir sera celui des européennes, élection qui mobilise essentiellement ceux qui sont contre l'Europe. Dans une sorte d'alignement astral, comme on les aime en astrologie, les européennes auront lieu tout juste deux mois après les municipales. En plus d'une grosse cote prévisible d'abstentions, elles vont être la caisse de résonnance du vote protestataire et devraient propulser le FN en tête des partis en lice », pronostique Jean Petaux.

D'autres éléments, liés à la modification de plusieurs règles électorales, vont intensifier les perturbations. A commencer, pour les communes de plus de 1.000 habitants, par l'élection au suffrage universel direct des conseillers communautaires (communautés urbaines, communautés d'agglomérations, communautés de communes, métropoles), qui étaient auparavant choisis par les conseillers municipaux.

Boîte d'aspirine

Deux listes (municipale, intercommunalité) figureront ainsi sur le même bulletin, sachant que la seconde sera extraite de la première. Au moins pour le premier quart de la liste communautaire, dont les candidats seront les mêmes et présentés dans le même ordre que pour la municipale…

Au-delà de ce peloton de tête, des désignations différentes pourront être faites… « C'est surréaliste et même Alain Anziani, testeur de la formule au Sénat (et candidat à Mérignac, NDLR), a dit qu'il fallait une boîte d'aspirine pour comprendre », prévient Jean Petaux. Le choc risque d'être rude dans les communes de 1.000 habitants où il était encore possible, jusqu'aux dernières élections municipales, de panacher les listes ou de voter pour des candidats qui ne s'étaient pas déclarés... Autant d'habitudes qu'il faudra oublier dans ces communes, sous peine de gaver les urnes de bulletins nuls.

Les dates des scrutins
Elections municipales et communautaires : les dimanches 23 et 30 mars 2014
Election européenne : le dimanche 25 mai

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