Solinum va déployer son outil de lutte contre la pauvreté dans toute la France

La startup associative bordelaise Solinum est prête à changer d’échelle. Elle entend déployer son Soliguide dans toute la France dans les trois ans puis ouvrir la plateforme à l’international. Lancée fin 2015, elle répertorie les services, initiatives et ressources pour les personnes en difficulté ou sans domicile.
Soliguide couvre aujourd'hui 30 départements. Plus de 18.000 lieux y sont référencés et plus de 60.000 services renseignés pour les personnes en difficulté.
Soliguide couvre aujourd'hui 30 départements. Plus de 18.000 lieux y sont référencés et plus de 60.000 services renseignés pour les personnes en difficulté. (Crédits : Soliguide)

Elle était en école d'ingénieure sans ambition dans l'entreprenariat. Mais en tant que bénévole dans l'organisation de maraudes auprès de personnes sans domicile fixe, Victoria Mandefield a ressenti le besoin de créer un outil pour mieux orienter les personnes en difficulté.

« Il y a beaucoup de turnover dans le social et une information valable un jour ne l'est parfois plus la fois suivante, ce qui ne facilite pas le lien de confiance entre les personnes en difficulté et le secteur de l'action sociale », explique-t-elle.

C'est ainsi qu'elle a créé Soliguide, une plateforme en ligne qui répertorie des services d'aide alimentaire aux soins en passant par l'accompagnement social. La donnée y est qualifiée et à jour. Cet outil, disponible sur un site, une application et partageable via une API, s'adresse aux personnes concernées ainsi qu'aux acteurs de la solidarité.

Cartographier toute la France d'ici trois ans

Soliguide couvre aujourd'hui 30 départements. Plus de 18.000 lieux y sont référencés et plus de 60.000 services renseignés. 1,8 million de recherches ont été effectuées en 2022. Mais Victoria Mandefield voit plus loin. Elle vise un changement d'échelle rapide avec l'ambition de couvrir les 101 départements français. Solinum se donne trois ans pour cartographier l'ensemble de la solidarité en France. « Il y a urgence avec des crises successives », insiste Victoria Mandefield.

« Dans chaque département, nous montons des instances de co-construction à partir des besoins, et nous travaillons étape par étape. C'est-à-dire que nous traitons la première priorité en cherchant la donnée qui est liée. Cela peut être la jeunesse, l'alimentation, l'accès au droit. Puis nous traitons une deuxième priorité, ainsi de suite jusqu'à une exhaustivité des besoins locaux. 700 structures sont en moyenne référencées par département », explique Victoria Mandefield.

Solinum qui compte aujourd'hui 35 salariés recrute ainsi partout où Soliguide est déployé. Victoria Mandefiled vise également l'international, sans pour autant avoir arrêté une stratégie de déploiement. « Soit nous le ferons nous-mêmes, soit nous accompagnerons des acteurs locaux, mais notre boussole est claire. C'est l'impact, et ce que nous cherchons à faire, c'est maximiser l'impact social. »

Pour 1 euro investi, 1,93 euro de valeur sociale créée

En la matière, une première étude d'impact a récemment dévoilé les bénéfices chiffrés de Soliguide. Ainsi, 67 % des professionnels de l'action sociale déclarent gagner du temps grâce à Soliguide. C'est 7,5 minutes de gagné par acteur, par orientation, selon le laboratoire indépendant, E&MISE de l'Essec qui a intégré l'approche du Social Return On Investment (SROI) pour son évaluation. 79 % des professionnels interrogés considèrent par ailleurs que Soliguide leur permet d'orienter les personnes vers des solutions pertinentes par rapport à leur besoin.

L'étude montre également que pour 1 euro investi dans Soliguide, c'est 1,93 euro de valeur sociale créée pour les personnes en précarité et les acteurs de la solidarité.

« La mesure d'impact SROI se base sur l'idée que même si un impact n'a pas de prix, il a une valeur », précise Elise Leclerc, directrice du laboratoire E&MISE de l'Essec.

Accélérer l'analyse de données

Au-delà de Soliguide, Solinum a développé deux autres activités : « Merci pour l'invit' », un réseau d'hébergements de personnes sans domicile fixe par des particuliers mais aussi « Solidata » qui consiste à analyser de la donnée.

« Cette activité a vocation a prendre de l'ampleur, prévient Victoria Mandefield. Il s'agit, par exemple, à partir de Soliguide, de répertorier les zones blanches de l'aide alimentaire pour orienter les politiques publiques de demain », explique Victoria Mandefield.

En 2022, Solinum, qui se définit comme une startup associative, disposait d'un budget de 1,7 million d'euros, financé en majorité par des subventions publiques. « Nous mettons nos services à la disposition des départements et des directions départementales de l'emploi, du travail et des solidarités (DDETS). Le projet relève de la compétence de l'Etat », rappelle Victoria Mandefield. Elle n'envisage pas de changement de statut à ce stade.

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