
La startup bordelaise Ocean DX, à Pessac ( Bordeaux Métropole), vient de lever un million d'euros pour accélérer la mise au point de son test in vitro, qui doit notamment permettre de révolutionner le dépistage de la septicémie (sepsis en anglais) :
« Avec les tests standards qui existent aujourd'hui, il faut plusieurs jours pour pouvoir identifier le pathogène à l'origine de l'infection, ainsi que l'organe touché. Alors que ce pathogène n'a besoin que de dix à douze heures pour tuer un patient. C'est ainsi que meurent chaque année 30.000 personnes dans notre pays, avec 60 % de cas d'infection contracté à la maison et 40 % à l'hôpital. Dans le monde, et d'après de récentes études, le sepsis fait 11 millions de morts par an » cadre pour La Tribune Franck Tarendeau, président et directeur scientifique d'Ocean DX, qu'il a cofondé en 2019 avec Cyril Dian, directeur technique.
Malgré leurs hauts grades universitaires ces deux docteurs, respectivement en biologie moléculaire et biochimie, sont issus du monde industriel : celui des industries du diagnostic in vitro pour Franck Tarendeau (BioMérieux) et du vaccin pour Cyril Dian (Imaxio-Osivax).
Réduire la durée du dépistage à quatre heures
À titre d'illustration, la lutte contre la septicémie mobilise 1,5 milliard d'euros en dépenses de santé chaque année en France, et 24 milliards de dollars aux Etats-Unis. Les cofondateurs d'Ocean DX estiment ainsi le marché mondial du diagnostic rapide de la septicémie à 8,4 milliards de dollars. Si l'identification du pathogène impliqué dans la septicémie prend du temps c'est qu'il faut mettre en culture des échantillons de sang. Une étape cruciale d'examen qui ne se fait pas en un claquement de doigts. Et c'est bien cette phase cruciale de l'analyse, que l'innovation d'Ocean DX permet de court-circuiter.
« Avec un test standard de culture cellulaire in vitro il faut plusieurs jours pour arriver à identifier un pathogène donné, ainsi que l'organe touché. Et parfois le pathogène en question ne pousse pas dans la culture. Avec notre innovation quatre heures de tests suffisent ! Actuellement nous utilisons du vrai sang pour voir si nous sommes capables de récupérer l'information. Nous inoculons une bactérie dans l'échantillon, puis nous la recherchons. Notre test est ultrasensible. Et il peut effectivement identifier une seule bactérie au milieu de 10 millilitres de sang !» déroule Cyril Dian, sachant que les globules blancs et rouges présents dans ce prélèvement se comptent par dizaines de millions.
Une aide aussi pour mieux délivrer les antibiotiques
Cette capacité à débusquer à grande vitesse la bactérie à l'origine d'une septicémie ouvre d'énormes perspectives, puisque les deux associés veulent ramener le taux de mortalité par septicémie de 35 % à 5 %. Ce qui sauvegarderait la vie de 20.000 patients. Mais cette capacité d'identification rapide et fiable de pathogènes bactériens va entrainer Ocean DX au-delà de la septicémie. Avec son test, la startup va ainsi permettre d'améliorer l'identification d'autres maladies d'origine bactérienne, avec au bout du compte un meilleur ciblage de la thérapie médicamenteuse à mettre en œuvre.
« Notre solution rend possible une meilleure gestion des antibiotiques et d'éviter l'apparition de souches bactériennes multirésistantes. En permettant de choisir le bon traitement dès les premières heures d'apparition des symptômes, notre test permet aussi de limiter les temps d'occupation de lits au sein des hôpitaux et ainsi générer des économies de frais de santé », précise Franck Tarendeau.
Une centaine de personnes testées cet automne
Pour faire bonne mesure, être sûrs qu'ils sont sur la bonne voie, les deux associés poussent les tests à leur maximum.
« Nous testons le sang d'un patient réel pour y trouver un pathogène, alors que ne l'on ne sait pas si l'échantillon est infecté ou non. Nous travaillons en collaboration avec l'hôpital Haut-Lévêque, qui est notre partenaire clinique. D'ici la fin de l'année nous allons tester une centaine de personnes. Dans le futur, nous nous appuierons sur d'autres hôpitaux pour mener à bien notre étude clinique règlementaire », souligne Franck Tarendeau.
La levée d'un million d'euros correspond au financement de la phase d'amorçage de la startup. Une opération menée avec le concours de Bpifrance et du groupe de business angels Ajyl, avec l'accompagnement de l'incubateur Unitec.
« Grâce à cette levée de fonds, nous allons pouvoir renforcer nos équipes en recherche et développement et financer l'étude clinique de l'automne prochain sur une centaine de patients, en collaboration avec le docteur Antoine Dewitte du l'Hôpital Haut-Lévêque », commente en substance le président.
Si le calendrier prévisionnel est respecté, ces tests révolutionnaires commenceront à sauver des vies d'ici 2026. Ils devraient également être testés dans la lutte contre d'autres affections mal détectées et potentiellement mortelles, comme la pneumonie, la méningite ou encore la maladie de Lyme.
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