Pour récupérer les eaux de pluie, Kipopluie va quintupler sa capacité de production

La préservation de l'eau potable passe aussi par la récupération des eaux de pluie, qualifiées de météoriques parce qu'elles tombent du ciel sans avoir ruisselé sur les toits ou les sols. Cet impératif, qui n'échappe pas au Département de la Gironde, est au centre de la raison sociale de Kipopluie, une PME girondine qui installe depuis 2005 des systèmes de récupération et de gestion des eaux de pluie qu'elle conçoit et fabrique elle-même. Une activité en plein développement.
Assemblage des réservoirs de récupération des eaux de pluies météoriques à Kipopluie.
Assemblage des réservoirs de récupération des eaux de pluies météoriques à Kipopluie. (Crédits : Kipopluie)

Si la réutilisation des eaux usées traitées (Reut) est l'une des nouvelles frontières dans la lutte pour la préservation de l'eau potable, elle va demander du temps et d'importants moyens financiers pour mettre les infrastructures en sortie des stations d'épuration à la hauteur des attentes. Ruisselant dans un environnement réglementaire ultra souple par comparaison à celui de la Reut, l'eau de pluie n'est sans doute pas encore récupérée aussi souvent qu'elle pourrait l'être. Mais il fait peu de doutes que le terrible choc de la sécheresse et de la canicule de 2022 vont accélérer la prise en compte de cette ressource qui devient météorique quand elle tombe du ciel.

Lire aussiFaut-il créer un « Parlement de l'eau » pour allouer la ressource en Gironde ?

Comme d'autres collectivités en France, le Département de la Gironde, présidé par Jean-Luc Gleyze, a mis l'accent sur cette solution écologique en lançant en 2019 son très ambitieux plan collège à 640 millions d'euros, qui vise la construction de treize nouveaux établissements sur le territoire et la réhabilitation de dix autres. Si la question énergétique tient un rôle très important dans ce programme, l'eau de pluie y fait l'objet d'un cadrage de long terme.

« Il est prévu de ne pas trop imperméabiliser les sols pour la construction des nouveaux collèges et d'optimiser la récupération des eaux pluviales pour limiter les charges de fonctionnement. Nous travaillons sur les extérieurs, en créant des cours avec des espaces verts ou en sable, qui permettent de diminuer la quantité de surfaces construites et de mieux récupérer l'eau. Et nous allons utiliser une partie de ces eaux de pluie pour alimenter les sanitaires des élèves dans la cour », éclaire Marianne Miossec, directrice adjointe à la direction des collèges du conseil départemental de la Gironde.

Kipopluie va quintupler sa capacité de production

Un créneau de la protection de la ressource en eau potable et de la valorisation des eaux de pluie dans lequel s'est lancé Jacques-Albert Roussel depuis 2005 en créant la société Kipopluie.

« Nous allons investir 800.000 euros dans la construction d'un nouveau bâtiment de près de 1.200 m2 et nous sommes en recrutement permanent : de commerciaux, techniciens, monteurs, etc. Cet investissement va multiplier par cinq notre capacité de production car la demande pour nos dispositifs de récupération et gestion des eaux de pluie est en pleine explosion, Nous avons de plus en plus de difficultés à faire face », déroule Jacques-Albert Roussel, dirigeant de Kipopluie, à Mios, sur le bassin d'Arcachon.

Cet ex-officier de l'armée de l'Air a pris le temps de réussir sa reconversion, en prenant une option sur un marché de la récupération et de la gestion de l'eau de pluie aujourd'hui en pleine ascension. Sa PME emploie aujourd'hui près de 20 salariés pour 2,5 millions d'euros de chiffre d'affaires.

« La sécheresse n'affecte pas notre modèle de développement »

« Un mètre carré de toiture produit ente 800 et 1.000 litres d'eau par an selon les régions. La durée nationale moyenne entre deux épisodes pluvieux est de 21 jours », égrène le dirigeant.

Cet hiver 2022-2023 a pourtant battu un nouveau record de sécheresse, avec un arrêt complet des pluies pendant 32 jours consécutifs... Un chiffre qu'entend parfaitement Jacques-Albert Roussel mais qui ne le fait pas tiquer.

« Avec les dispositifs dont nous les équipons, nos clients ont une autonomie en eau de pluie de 44 jours », répond-il imperturbable. « La sécheresse n'affecte pas notre modèle de développement. Nous avons un réservoir de 500 m3, pour nos propres besoins, qui a toujours été opérationnel. Il va pleuvoir davantage dans des espaces de temps plus longs. Autrement-dit la fréquence des pluies va s'espacer avec des chutes d'eau de plus en plus intenses. Il va tomber davantage d'eau (via des cumuls de pluie sur 72 heures) probablement à hauteur de +16 % en France d'ici 2050, selon l'étude réalisée en partenariat par la Caisse centrale de réassurance avec Météo France », indique le dirigeant.

Lire aussiSécheresse : l'alerte rouge est déclenchée pour l'été 2023 sur le bassin Adour Garonne

Aucun problème pour alimenter les WC

Jacques-Albert Roussel n'oublie pas de mettre en avant les gros atouts règlementaires dont bénéficie encore l'eau de pluie comparée aux eaux usées traitées.

« L'arrêté du 21 août 2008 établit l'usage que l'on peut faire des eaux de pluies. Je parle de l'eau météorique, celle qui tombe du ciel pas de celle qui ruisselle dans les rues, qu'on appelle eau pluviale. Contrairement aux eaux usées traitées, l'usage que l'on peut faire de ces eaux météoriques est très large. L'eau de pluie filtrée peut alimenter les WC, servir à l'arrosage des espaces verts, de la voirie, au refroidissement des parcs photovoltaïques, etc. », éclaire en substance le dirigeant.

Ce dernier souligne que, grâce l'eau de pluie, il vise à chaque fois la barre des 74 % d'économie d'eau potable pour sa clientèle principalement composée d'entreprises. Les cinq brevets internationaux dont dispose l'entreprise girondine font de cette dernière un prestataire de service pointu qui permet à ses clients de connaître en temps réel l'état de leur stock d'eau de pluie, que ce soit sur un seul site ou tout un ensemble d'établissements répartis en France.

« Nous fabriquons tout le matériel chez nous, car nous avons un atelier de fabrication et d'assemblage. Nos matériels sont toujours réparables sans consommables. »

La dernière innovation sortie des murs de Kipopluie et soutenue par le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine est un brevet portant sur la fabrication d'un béton armé végétal renforcé par des végétaux, notamment du bois ayant grandi dans le territoire...

Lire aussiBordeaux Métropole et Suez confirment leur accord sur la création de la régie de l'eau dès 2023

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.