Avec sa machine hybride, Namma veut assouplir la fabrication industrielle

C'est une unité hybride capable d'accomplir le travail de trois machines. Avec « Eva », l'entreprise talencaise Namma propose un outil rassemblant différents procédés de fabrication de pièces industrielles. Alors que la commercialisation a débuté en 2022, les jeunes ingénieurs à la tête de la société ont suscité l'intérêt des forces armées. À leur grand étonnement.
Maxime Giraudeau
L'entreprise Namma est parvenu à créer une machine capable d'imprimer en 3D, d'usiner et de graver au laser.
L'entreprise Namma est parvenu à créer une machine capable d'imprimer en 3D, d'usiner et de graver au laser. (Crédits : MG / La Tribune)

Quatre jeunes ingénieurs pour une machine « 3 en 1 ». Les fondateurs de Namma, basée sur le campus des Arts et métiers à Talence, près de Bordeaux, font partie de ces profils techniques qui se lancent dans l'aventure entrepreneuriale. Un saut dans l'inconnu pour beaucoup. Mais cinq ans après le lancement de leur projet de recherche et développement, issu d'un concours national de conception dont ils ont été lauréats, les voici qui bouclent une première année de commercialisation satisfaisante.

Namma a ainsi vendu en 2022 une petite dizaine d'exemplaires de son unité hybride baptisée Eva. D'un coût compris entre 80.000 et 120.000 euros pour cinq mois de fabrication, la machine rassemble trois procédés de fabrication de pièces dans le domaine du prototypage industriel : impression 3D, usinage et gravure laser. « On ne trouve pas des machines comme celle-ci en France, mais aux États-Unis oui », fait valoir Clément Cazautets, CEO et cofondateur de Namma, qui compare l'objet à « un atelier de fabrication à part entière ».

namma

L'unité de production, qui pèse 600 kilos, peut créer tous types de pièces en matériau plastique, composite ou métal. (crédits : MG / La Tribune)

Un outil pertinent pour une large typologie de clients allant des fabricants d'enseignes aux constructeurs de drones. Et, dans une perspective plus large, une technologie qui s'inscrit dans la relance industrielle française en proposant un procédé plus léger et innovant. La cabine multifonctions d'une demi-tonne attire les regards curieux. « Nous avons même été approchés par les forces armées dès la phase de prototypage en 2021 », révèle Clément Cazautets. Une clientèle pas du tout attendue dans le business modèle de l'entreprise.

Lire aussiImpression 3D et matériaux composites : les centres de recherche de l'Estia font des petits

Un site industriel pour 2024 ?

« La machine répond à pleins d'applications en lien avec l'armée : du prototypage, de l'outillage et du maintien en condition opérationnelle. Ils vont pouvoir remplacer des pièces qui cassent et être réactifs sur le terrain », appuie-t-il. Si les ingénieurs n'ont pas encore contractualisé avec les forces armées, ils ont profité de leur présence au Sofins 2023, salon dédié à l'innovation militaire qui s'est tenu à proximité de Bordeaux fin mars, pour réseauter et réaffirmer leur potentiel. Ils doivent désormais adapter leur machine aux contraintes logistiques des bases militaires, alors que l'outil intéresse aussi bien l'armée de terre et de l'air que la marine.

La jeune entreprise de neuf salariés, hébergée au pôle Arts et métiers de Talence, commence à se sentir à l'étroit dans un hall partagé avec d'autres projets en développement et structures de formation. Namma souhaite mettre sur pied un site industriel propre en 2024 sur la région bordelaise pour lancer une vraie production en série. Et espère en attendant doubler la cadence de ses ventes dès cette année. Il faudra pour cela s'adapter aux demandes particulières de ses différentes typologies de clients.

namma

Eva se pilote grâce à un logiciel simple développé par les ingénieurs, qui doit prochainement être augmenté. (crédits : MG / La Tribune)

« On est conscient qu'on va devoir faire du sur-mesure pour convenir aux besoins », anticipe le jeune ingénieur qui s'accommode peu à peu au costume de dirigeant. Les ingénieurs travaillent au développement d'une nouvelle fonctionnalité : un logiciel complet de gestion de l'espace de production permettant d'intégrer le pilotage de plusieurs machines sur une même chaîne industrielle. Une façon encore d'apporter leur réponse aux exigences de flexibilité de la nouvelle galaxie industrielle.

Lire aussiSafran monte en cadence dans la fabrication additive avec une usine dédiée près de Bordeaux

Maxime Giraudeau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.