Les nouveaux Batcub bordelais préparent l'arrivée de la motorisation hydrogène

Alors que des nouvelles lignes de transport public fluvial doivent arriver sur la Garonne en 2025, les constructeurs Ocea et Clyd viennent d'être désignés pour fabriquer les futurs navettes bordelaises, les Batcub. Dotées d'abord d'une motorisation électrique, ces embarcations pourront ensuite accueillir un système à hydrogène selon les adaptations promises par le concepteur.
Maxime Giraudeau
Une seule ligne de BatCub existe pour l'heure. Elle relie le pont de pierre à Lormont avec une fréquence d'une heure.
Une seule ligne de BatCub existe pour l'heure. Elle relie le pont de pierre à Lormont avec une fréquence d'une heure. (Crédits : OCEA / Clyd)

C'est loin d'être un projet structurant pour répondre à la grande problématique des mobilités et des transports à Bordeaux Métropole, mais la création de nouvelles lignes de transport en commun sur la Garonne va au moins permettre deux choses à la collectivité. La première, pouvoir valoriser les grands aménagements réalisés le long de la Garonne, comme l'Arena, la Meca, le pont Simone Veil ou le nouveau quartier Belvédère, qui disposeront tous d'un ponton pour les usagers. La seconde, profiter du petit réseau fluvial pour en faire un laboratoire d'une motorisation d'avenir : la propulsion hydrogène.

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L'entreprise Ocea vient de remporter le marché public ouvert par Bordeaux Métropole pour doubler sa flotte de BatCub, conformément au schéma des mobilités 2020-2030. Le constructeur naval originaire des Sables d'Olonnes, en Vendée, devra livrer les deux premières embarcations au printemps 2024 pour un montant de six millions d'euros. Malgré les pénuries de matériaux que connaissent certains secteurs et l'inflation systémique, Ocea dit pouvoir tenir les délais même si sa marge de bénéfices semble en être affectée.

Le contrat a été gagné au détriment du fabricant naval girondin CAI, qui avait construit les premières navettes fluviales il y a dix ans. Lot de consolation pour la filière girondine, l'architecte naval Clyd, basé à Arcachon, est en charge du design des embarcations.

« Nous avons prouvé notre capacité à convertir les bateaux en propulsion hydrogène, ils ont été dimensionnés pour être prêt à accueillir la technologie. On attend que le client soit prêt et dès qu'il nous donnera son feu vert, on fera le refit ! », révèle à La Tribune Arnaud de Cazaux directeur adjoint transport et mobilité chez Ocea.

Course à l'hydrogène

La conversion pourra se faire directement sur la Garonne par une opération de remplacement des unités diesel par des piles à combustible. Les groupes électrogènes qui fonctionnent au diesel assurent aujourd'hui 10 % à 25 % du système de motorisation total d'un BatCub, principalement alimenté par des batteries électriques. L'arrivée de la nouvelle motorisation n'interviendra semble-t-il pas avant 2025.

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Bordeaux métropole s'est lancée dans le dossier hydrogène en octroyant notamment l'autorisation à l'entreprise Hydrogène de France d'implanter un site industriel de production sur l'ancien site de Ford à Blanquefort. Avec le BatCub nouvelle version, la collectivité veut montrer qu'elle est capable d'innover en matière de transports.

« En terme de chiffre d'affaires, c'est une commande qui n'est pas importante pour nous mais elle est importante par la référence qu'elle constitue. Bordeaux est souvent considérée comme pionnière en France en matière de transports publics », pointe Arnaud de Cazaux, dont l'entreprise mène aussi des contrats avec Londres et Venise.

Bateau gadget ?

Une image d'innovation, pour une offre qui a du mal à convaincre les usagers. Chaque année, les trois Batcub en service exploités par Keolis transportent environ 2 % des usagers du réseau TBM, soit 415.000 voyageurs en 2019 et un peu plus de 350.000 en 2022. Les navettes fluviales sont d'utilité touristique pour une part et ne collent pas toujours aux attentes des métropolitains en matière de mobilité, à cause de fréquences trop faibles. Seul un bateau par heure relie le pont de Pierre à Lormont. Avec la nouvelle ligne sud et le renforcement des lignes au nord, la Métropole espère proposer une solution parmi d'autres à la grande équation du franchissement de la Garonne, en plus du pont Simone Veil prévu pour juin 2024.

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Maxime Giraudeau

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