Shark Robotics lève dix millions d'euros pour ses robots et batteries anti-incendies

Avec cette levée de dix millions d'euros, Shark Robotics vient de se donner les moyens d'accélérer sa croissance. Opérant dans un marché en pleine émergence, celui de la robotisation de la lutte contre l'incendie mais aussi de la décontamination biologique ou du déminage, Shark Robotics apporte des solutions capables de convaincre. Et la PME développe en parallèle pour les robots électriques ses propres batteries, capables de résister à des chocs violents et à des températures de plusieurs centaines de degrés.
Intervention d'un robot Shark Robotics lors d'un incendie d'entrepôt. Le robot Colossus s'est fait connaître lors de l'incendie de la cathédrale Notre Dame de Paris de 2019.
Intervention d'un robot Shark Robotics lors d'un incendie d'entrepôt. Le robot Colossus s'est fait connaître lors de l'incendie de la cathédrale Notre Dame de Paris de 2019. (Crédits : Nicolas Michaud BSPP-BCOM)

PME innovante rochelaise en pleine expansion, Shark Robotics est spécialisée dans la conception et la fabrication de robots téléopérés conçus pour évoluer en zone hostile. L'entreprise dirigée par Cyril Kabbara vient d'annoncer la levée de dix millions d'euros auprès du fonds Move Capital. Le PDG précise à La Tribune que cette opération, qui représente le chiffre d'affaires réalisé par Shark Robotics l'an dernier, poursuit un triple objectif : renforcer les moyens de la PME « en technologie et recherche et développement », muscler son dispositif de vente à l'étranger, et augmenter sa capacité de production. Pour atteindre ces objectifs Shark Robotics va par ailleurs devoir recruter beaucoup de salariés.

« Notre chiffre d'affaires a explosé en 2022 puisqu'il a atteint près de dix millions d'euros contre cinq millions en 2021, sans compter que notre résultat net est positif depuis le premier exercice. C'est important parce que cela montre que notre croissance est fortement positive tout en restant sobre », décrit Cyril Kabbara, qui préfère ne pas préciser le montant du bénéfice net.

Mais il veut montrer que son entreprise ne cherche pas la croissance à n'importe quel prix, sans respecter les fondamentaux comptables. Une stratégie de plus en plus recherchée par les investisseurs.

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Shark Robotics va devoir s'agrandir pour recruter

Aujourd'hui, Shark Robotics emploie 47 salariés et va multiplier ce nombre par plus de deux au cours des trois prochains exercices.

« Nous allons recruter 60 salariés supplémentaires, dont 20 cette année, et autant en 2024 et 2025. C'est absolument nécessaire. Pour continuer à nous développer nous avons en particulier besoin de spécialistes en mécatronique et en intelligence artificielle. Nous sommes installés à La Rochelle sur 2.000 m2 où nous louons nos locaux, et nous allons avoir besoin de davantage de place », éclaire Cyril Kabbara.

Appuyé par la brigade des Pompiers de Paris pour mener à bien la fabrication de Colossus, son premier robot, qui a subi son baptême du feu lors de l'incendie de la cathédrale Notre Dame de Paris de 2019, Shark Robotics a d'emblée démarré sur un segment de marché ultra porteur. Celui du risque incendie. Avec une vocation, celle de la zone hostile, qui se divise pour l'entreprise rochelaise en deux grands domaines : le civil, qui génère 90 % de l'activité et le militaire, qui porte les 10 % restants.

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Robots : une façon chirurgicale de traiter les incendies

La PME a réalisé l'an dernier 70 % de son chiffre d'affaires à l'étranger et vendu depuis sa création 100 robots dans une quinzaine de pays.

« Nous avons créé notre première filiale Shark Asia, à Singapour, en 2019. Côté défense nous concevons deux types de robots : pour le déminage et la protection des bases aériennes de l'armée de l'air, avec le déploiement de herses robotiques. Concernant le volet civil de notre activité, nous sommes passés du « B to G » (business to government -Ndr) vente à des gouvernements, au « B to B » (business to business/ vente aux entreprises) et la lutte contre l'incendie reste notre premier marché. Parce que le risque incendie concerne toutes les entreprises et que le robot représente une grosse plus-value par rapport au traitement classique d'un sinistre.

En cas d'incendie il faut évacuer tout le monde et ensuite plus personne ne peut entrer à cause du risque d'effondrement. Là, avec nos robots, il est désormais possible d'attaquer le feu de l'intérieur : c'est plus chirurgical. Il n'est plus nécessaire de noyer le bâtiment sous l'eau, autrement-dit on limite les dégâts et on protège l'environnement en réduisant la consommation d'eau », décortique Cyril Kabbara.

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Des batteries qui résistent à la chaleur des incendies

Disposant d'une cellule recherche et développement depuis sa création, avec une trentaine de brevets en portefeuille, il n'est pas étonnant que Shark Robotics se soit attaqué à d'autres secteur que le feu. La société développe des robots téléopérés capable de décontaminer des zones touchées par un agent pathogène et d'autres qui résistent à la radioactivité et peuvent intervenir dans les centrales nucléaires, comme sur le site de la centrale de La Hague, en Normandie, où Shark Robotics a su convaincre. Sans compter des robots au sol conçus pour s'occuper des futurs lanceurs spatiaux réutilisables sur lesquels travaille l'Agence spatiale européenne.

Pour rester profitable et efficace l'entreprise rochelaise a développé une approche à la Lego, constituant des assemblages de briques qui peuvent être modifiés en fonction des usages des clients.

« Nous sommes leader sur le marché des robots pour la sécurité incendie. Avec cette levée de fonds, il s'agit d'accélérer notre croissance sur un marché en voie de concentration où interviennent des mastodontes issus par exemple de la construction de camions, comme l'Autrichien Rosenbauer, voire du secteur de l'armement, dont certains génèrent jusqu'à 17 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Nous nous sommes souples et agiles », explique le PDG.

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Mais il se trouve que Shark Robotics a également développé un savoir-faire maison qui pourrait peut-être faire sa fortune à moyen terme : la conception et l'assemblage de batteries capables de résister pendant des heures à des températures extérieures de près de 1.000 degrés et à des chocs d'un autre monde. Indispensable pour prétendre s'attaquer aux incendies. « Je peux vous assurer que nos batteries ne prennent pas feu », s'amuse le PDG, qui a bien compris qu'il pourrait développer ce savoir-faire très particulier.

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