Immunrise Biocontrol élève une microalgue championne de la lutte contre le mildiou

Spécialisée dans l'application d'une microalgue très efficace pour lutter contre plusieurs maladies fongiques qui frappent l'agriculture, dont le mildiou, la startup bordelaise Immunrise Biocontrol vient de lever cinq millions d'euros. Notamment pour pouvoir mener les derniers travaux qui doivent lui permettre d'obtenir une autorisation de mise en marché. Mais probablement pas en France.
Boites de Pétri de la première série d'essais d'Immunrise Biocontrol.
Boites de Pétri de la première série d'essais d'Immunrise Biocontrol. (Crédits : Immunrise Biocontrol)

Engagée dans le biocontrôle, avec la culture d'une première microalgue antifongique capable de protéger les cultures agricoles, en particulier la vigne, la startup Immunrise Biocontrol, à Pessac (Bordeaux Métropole), vient de lever cinq millions d'euros.

"Cette levée de fonds va nous permettre de finaliser les dernières étapes pour obtenir l'autorisation de mise sur le marché (AMM -Ndr). Nous allons ainsi pouvoir financer le dossier d'homologation et lancer la fabrication de l'outil de production industrielle à l'échelle du prototype", résume pour La Tribune Laurent de Crasto, ingénieur agronome et œnologue, cofondateur d'ImmunRise avec Lionel Navarro, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

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Depuis la création de leur startup, en 2015, les deux associés cultivent une algue baptisée « amphidinium carterae », une championne du monde capable d'anéantir un nombre hallucinant de bactéries et champignons pathogènes, dont beaucoup sèment la panique chez les agriculteurs et les viticulteurs, en particulier le mildiou. Cette microalgue, qui agit sur un large spectre de maladies, a toutes les allures d'une pépite à gros potentiel. Deuxième effet toujours appréciable avec les plantes : en plus d'être un pesticide naturel à l'efficacité sans égal dans sa catégorie, « amphidinium carterae » a besoin de dioxyde de carbone (CO2) pour croître et se multiplier...

Un nombre de produits chimiques en chute libre

Malgré le temps qui s'est écoulé depuis la création de l'entreprise, les deux associés ont de quoi être confiants puisque leur initiative semble coller aux attentes des viticulteurs, du grand public, de l'Etat et de l'Union européenne.

"La France s'est engagée à réduire de moitié l'usage des pesticides de synthèse d'ici 2025 dans le cadre du programme Ecophyto II+. Le développement de notre projet de culture « d'amphidinium carterae » s'inscrit dans cet axe pour proposer des solutions concrètes afin de pouvoir protéger les cultures avec des produits naturels et biodégradables garants d'une agriculture saine et durable. Il faut savoir que le nombre de produits chimiques pour l'agriculture ne cesse de diminuer.

Chaque année dix molécules de produits chimiques agricoles sont interdites en France. Ce qui fait que la variété de produits dans les stocks chute et que les clients achètent plusieurs fois la même chose. Avec 300 molécules on sort 10.000 produits. Mais le retrait d'une molécule fait disparaitre 500 marques commerciales. C'est pourquoi nous voulons nous dépêcher de remplir les étals des professionnels avec nos microalgues à partir de 2026", décortique avec précision pour La Tribune Laurent de Crasto.

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Les semences de tomates et de laitues ne sont plus traitées

Phase cruciale pour les deux cofondateurs, décrocher le plus rapidement possible l'autorisation de mise sur le marché. Une quête que soutient avec passion depuis le début le président de la Région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, qui fustige avec régularité la lenteur selon lui inacceptable de l'Anses (Agence nationale de sécurité alimentaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) pour démarrer l'étude du dossier d'Immunrise Biocontrol. Alors que les cofondateurs ont absolument besoin du feu vert de l'agence pour pouvoir vendre.

Si la situation n'est pas simple, Immunrise Biocontrol dispose d'une solution alternative qui se trouve à Bruxelles.

"L'Anses est débordée c'est pourquoi nous négocions avec la Belgique. En France, les agriculteurs sont désormais dans une impasse technique, ils n'ont plus de solutions pour protéger leurs cultures car énormément de traitements ont été interdits. Par exemple aujourd'hui il n'y a plus de traitements pour protéger les semences de tomates et de laitues. Notre technique fonctionne mais il y a une marge de progression, même si son application est simple, à l'aide d'un pulvérisateur", éclaire Laurent de Castro.

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Des dizaines de millions d'euros à lever à moyen terme

Les cinq millions d'euros vont notamment servir à mener à bien la démonstration de faisabilité (proof of concept) de l'innovation d'Immunrise et à développer le prototype de production, qui devrait permettre de produire cinq à dix tonnes de microalgues. Désormais appuyée par Baron Philippe de Rothschild (BPhR), qui vient de participer à la levée de fonds, et le groupe lot-et-garonnais De Sangosse, "leader des solutions de biocontrôle", Immunrise Biocontrol se prépare à aller plus loin.

"Nous visons l'AMM pour 2026. Nous n'en sommes pour le moment qu'au prototype et nous allons devoir ensuite lever plusieurs dizaines de millions d'euros pour passer à la phase industrielle", cadre le cofondateur d'Immunrise.

De façon plus précise, la startup vise plusieurs AMM. A commencer par une autorisation de mise en marché en traitement des semences et traitement foliaire vigne. Avec à la clé, comme le soulignent les cofondateurs, la protection de millions d'hectares chaque année à l'échelle européenne sur ces marchés.

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