S'il continue à promouvoir le monde des inventeurs plutôt que celui des innovateurs, le concours Lépine n'a rien perdu de sa popularité. Et y décrocher une distinction, comme la médaille d'argent que s'est vue décerner ce dimanche 8 mai la Girondine Laetitia Ouspointour pour son « Atelier du vin à emporter », est sans doute l'une des validations les plus marquantes dont on puisse rêver pour un projet d'entreprise en train de démarrer.
De nombreuses inventions fantasques ont rythmé la longue existence du concours Lépine, comme le tartineur de biscottes ou le camion-piscine pour apprendre à nager en zone aride. Mais le concours Lépine ne se résume pas à ces inventions baroques. C'est aussi dans le cadre de ce concours qu'ont pour la première fois été présentés le stylo à bille, le presse-purée, qui va servir de socle à la création de la société Moulinex ou encore les lentilles de contact.
Une Bordelaise qui a travaillé quatre ans dans le vin à Londres
Hébergée dans l'incubateur Startup Win de Bernard Magrez (vin, oenotourisme et digital), au château Le Sartre, à Léognan (Gironde), la startup de Laetitia Ouspointour, CréaWine, a vu le jour en 2017. Titulaire d'un diplôme d'aptitude à la dégustation (DUAD), délivré par l'Université de Bordeaux, Laetitia Ouspointour a travaillé quatre ans à Londres, dont deux ans et demi comme caviste, et un an et demi en tant que sommelière, dans un restaurant du centre, avant de revenir à Bordeaux.
"Avec cette médaille d'argent du concours Lépine, je suis vraiment très heureuse de faire partie du club très fermé des innovateurs français. Participer au concours Lépine n'est pas une plaisanterie et demande beaucoup de travail de préparation. Pendant la Foire de Paris, qui attire près de 500.000 personnes, le concours Lépine c'est l'attraction et tout le monde vient voir" rembobine la lauréate, qui a aussi vécu à cette occasion un long bain de foule.
Du physique mixé à du distanciel
Laetitia Ouspointour a créé son invention parce qu'elle s'est retrouvée dos au mur.
"Je donne des cours de dégustation de vin et je forme en moyenne 3.000 personnes par an. Avec la pandémie de Covid-19 tout a changé, tout s'est arrêté et je suis entrée dans une période de réflexion, de remise en cause. C'est comme ça qu'est née l'idée de l'Atelier de vin à emporter" explique-t-elle.
Au lieu de proposer un kit de dégustation avec sa notice pour une personne, Laetitia Ouspointour, qui a l'habitude de s'adresser à des groupes, a décidé de monter un parcours dégustation pour quatre personnes, jusqu'à six maximum.
"Ce que le jury du concours Lépine a apprécié c'est justement l'approche du consommateur, par le biais d'une expérience collective. Le coffret que je propose comprend une bouteille de merlot bio et une autre de cabernet sauvignon cultivé en biodynamie, vinifié sans soufre, deux pipettes, un guide d'utilisation et un flash code. Son activation, ou l'utilisation d'une URL également jointe avec le kit, ouvre l'accès à une plateforme vidéo de type "you tube" protégée par un mot de passe. Les deux premières vidéos sont consacrées aux vignerons qui présentent leurs vins utilisés pour le test. Les cinq autres vidéos déroulent un cours de dégustation, pour apprendre à regarder, tester, etc." observe en substance Laetitia Ouspointour.
150.000 euros à lever pour lancer l'entreprise
Il y a aussi une URL pour ceux qui préfèrent passer par une adresse Internet que par un flash code. La fondatrice de CréaWine souligne avoir mis le meilleur d'elle-même dans cette formation à distance pour permettre à tout le monde de découvrir le vin qu'il aime vraiment. Laetitia Ouspointour est bien consciente de démarrer avec deux cépages emblématiques du Sud-Ouest et de Bordeaux, merlot et cabernet sauvignon
"J'ai eu de très nombreuses remarques à ce sujet pendant la Foire et bien sûr je vais dès que possible élargir mon offre. Mais on peut quand même noter que ces cépages bordelais, une fois qu'on les a essayés on a envie d'y revenir. Dans cette première proposition que j'ai présentée à Paris, l'assemblage des vins des deux bouteilles peut -en fonction du dosage- se traduire en bout de course par la révélation de quatre profils d'amateurs de vin différents. J'ai fait dix jours de Foire de Paris et cela a été mon baptême du feu. Je vais lancer une levée de fonds de 150.000 euros pour vraiment démarrer l'activité et pouvoir procéder à d'autres levées auprès de Bpifrance et de la Région" résume la jeune dirigeante.
Pour elle, cet aspect ludique de la découverte du vin et l'une des solutions à adopter pour améliorer la distribution des vins de Bordeaux.
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