Sergies teste dans la Vienne la première centrale solaire hybride de France métropolitaine

Sergies vient de lancer une centrale photovoltaïque connectée à une batterie innovante développée par la startup parisienne Ze Energy. Il s'agit de tester grandeur nature la régulation de réseaux électriques massivement alternatifs. Sergies se donne un an pour valider cette option technologique. (Réactualisé 04/02/21 -capacité de stockage)
C'est cette centrale de Senillé-Saint-Sauver qui a été mise en test par Sergies.
C'est cette centrale de Senillé-Saint-Sauver qui a été mise en test par Sergies. (Crédits : Sergies)

Depuis le mois de décembre la société Sergies, à Poitiers, a mis en test la première centrale photovoltaïque hybride de France métropolitaine, à Senillé-Saint-Sauveur (Vienne/Nouvelle-Aquitaine). Une centrale devenue hybride après avoir été connectée en octobre 2020 à une batterie électrique taillée sur-mesure développée par la startup parisienne Ze Energy.

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Cette jeune pousse présidée par Mathieu Lassagne a développé pour l'occasion une batterie d'une capacité de stockage de 2,5 MW, qui a la taille d'un conteneur maritime de 20 pieds et pas grand-chose à voir avec une batterie de voiture. Un projet innovant à 1,4 million d'euros financé par la Région Nouvelle-Aquitaine à hauteur de 20 %. Objectif : pouvoir stocker une partie de l'énergie solaire produite par la centrale pour la réinjecter dans le réseau électrique à la demande.

 Créer un collier de batteries tampon pour réguler le réseau

"Il y a eu des expérimentations dans le groupe pour améliorer la qualité de la distribution d'électricité issue d'énergies renouvelables, à l'aide de batteries tampon installées en extrémité de réseau. Des batteries qui n'ont pas besoin d'être très puissantes. C'est pourquoi nous nous sommes intéressés au projet de la startup Ze Energy, qui nous a proposé une batterie à connecter sur une centrale photovoltaïque, pour améliorer l'équilibre entre production et consommation" rembobine pour La Tribune Hervé Lecomte, directeur des opérations de Sergies.

La recherche de cet équilibre, qui est une préoccupation constante aussi ancienne que la création du premier réseau électrique, a pris une tournure inédite depuis l'émergence des énergies renouvelables. Parce que les énergies renouvelables, comme l'éolien ou le solaire, ne permettent pas de produire de l'électricité avec autant de régularité qu'une centrale atomique ou à gaz. D'où l'intérêt de stocker l'électricité générée par une centrale photovoltaïque, pour pouvoir l'injecter dans le réseau quand la production électrique de cette dernière s'arrête faute de soleil tandis que la consommation décolle.

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Une batterie de la taille d'un conteneur

"Cette batterie a une capacité de stockage de 2,5 MW et la taille d'un conteneur maritime. La centrale photovoltaïque à laquelle cette batterie est adossée développe de son côté une puissance de 13 MWh. La batterie ne peut donc pas déplacer la totalité de la puissance de la centrale photovoltaïque. Son rôle doit être de participer à l'autorégulation du système de distribution d'électricité. RTE, qui en est l'acteur central, et qui commandait jusque-là à la production, veut passer à un système où le réseau va s'autoréguler", éclaire Hervé Lecomte.

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Sergies s'est donc lancé depuis décembre dans un premier test de capacité qui va s'avérer déterminant pour la suite. Il s'agit de savoir sur la durée d'une année, représentant un cycle de fonctionnement complet, si la batterie connectée est capable de répondre aux besoins du réseau. La centrale photovoltaïque de Senillé-Saint-Sauveur se transforme ainsi en authentique prototype de ce que pourrait ensuite devenir le parc en énergies renouvelables de Sergies.

395 GWh de production d'énergie alternative par an

Il faut savoir que cette société, filiale du groupe Sorégies, qui est lui-même contrôlé par le syndicat intercommunal de la Vienne, est loin de jouer les utilités sur le marché des énergies alternatives. Malgré une notoriété plutôt modeste, Sergies pèse lourd puisqu'elle produit annuellement la bagatelle de 395 GWh d'électricité d'origine renouvelable. Sergies, qui a par ailleurs mis en service l'an dernier l'une des premières centrales flotovaltaïques de France, avec des panneaux solaires flottant sur les eaux d'une ancienne carrière noyée, totalise 407.000 m2 de panneaux photovoltaïques en activité.

Sur les 395 GWh qu'elle produit chaque année, l'entreprise de la Vienne tire 93 GWh de la production photovoltaïque, via 169 installations, et 253 GWh produits par 16 parcs totalisant 56 éoliennes. Sergies est aussi partenaire de quatre unités de production de méthanisation ou biogaz, qui produisent un total de 38 GWh d'électricité. La filiale de Sorégies contrôle par ailleurs près de 20 % du parc hydroélectrique Hydrocop, qui détient une dizaine de centrales produisant 344 GWh à l'année.

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Des batteries utiles pour des réseaux essentiellement alternatifs

Hervé Lecomte précise que Sergies compte 15 personnes et réalise un chiffre d'affaires annuel moyen de 42 millions d'euros. Dans un groupe Sorégies, qui compte lui-même 500 salariés pour 450 millions d'euros de chiffre d'affaires en moyenne. Créer une centrale hybride semble s'inscrire comme une évidente évolution des besoins dans le futur. Pourtant dans ce type d'activité énergétique rien n'est simple, rien ne semble aller de soi.

"L'utilisation de batteries dans les énergies renouvelables est actuellement très marginale. Pour une raison très simple : si l'on n'a pas besoin d'avoir plus de 30 % d'énergie renouvelable dans son réseau, il n'est pas nécessaire d'utiliser des batteries. Parce que les batteries, le stockage d'électricité, représentent dans tous les cas un surcoût. Les batteries deviennent intéressantes quand on a besoin de se doter de moyens de régulation d'un réseau électrique alimenté à 60 ou 70 % par de l'énergie renouvelable", décrypte Hervé Lecomte.

Ce dernier souligne par ailleurs que le groupe Sorégies est à l'origine de la création du fournisseur d'énergie alternative Alterna, qui intervient dans toute la France, et notamment dans le Sud Gironde, à Bazas et La Réole.

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Commentaire 1
à écrit le 04/02/2021 à 9:21
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