Pharmacie vétérinaire : Ceva Santé Animale veut "traiter l'animal pour protéger l'Homme"

Le groupe néo-aquitain Ceva Santé Animale, à Libourne (Gironde), investit 8 millions d'euros en Pays-de-la-Loire où se trouve l'un de ses laboratoires de pointe pour la production d'autovaccins. Objectif : réduire encore la part des antibiotiques dans les élevages et améliorer la protection des animaux pour renforcer celle des êtres humains.
Alain Rousset, Christelle Morançais, Marc Prikazsky et Alain Schrumpf
Alain Rousset, Christelle Morançais, Marc Prikazsky et Alain Schrumpf (Crédits : Ceva Santé Animale)

Le groupe pharmaceutique vétérinaire Ceva Santé Animale, à Libourne (Gironde), dirigé par le docteur Marc Prikazsky, a inauguré ce mardi 29 septembre, à Beaucouzé (Maine-et-Loire), son premier site de référence européen pour la conception et la fabrication industrielle d'autovaccins bactériens, en particulier pour les filières porcs et volailles. Avec à la clé un investissement de plus de 8 millions d'euros dont va bénéficier son campus de Beaucouzé, près d'Angers (Pays-de-la-Loire).

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Ceva, qui a réalisé en 2019 un chiffre d'affaires de 1,2 milliard d'euros et emploie plus de 6.000 salariés dans le monde, dont 1.600 en France, a acquis en 2016 à Beaucouzé le laboratoire Biovac, leader français des autovaccins bactériens, devenu depuis son rachat Ceva Biovac. Une entreprise qui réalise désormais 10 millions d'euros de chiffre d'affaires avec 80 salariés.

 L'autovaccin permet de supprimer les antibiotiques

"Le bien être animal passe par le contrôle des maladies, objectif auquel correspond la création de vaccins à partir de souches isolées dans un élevage", a résumé Marc Prikazsky pour évoquer en quelques mots ce qu'est un autovaccin vétérinaire.

A savoir, selon la définition de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), "un vaccin préparé à partir de germes pathogènes isolés d'un sujet malade ou d'un animal sain du même élevage et destiné à être administré à cet animal malade ou aux animaux de cet élevage".

Avantage déterminant : les autovaccins permettent en l'occurrence d'éliminer l'usage des antibiotiques. Comme l'a souligné Marc Prikaszk,y l'utilisation des antibiotiques dans les élevages d'animaux a chuté de 66 % entre 2000 et 2019.

Quand la protection de l'animal assure celle de l'Homme

De plus, l'autovaccin s'inscrit dans un processus dérogatoire aux règles habituelles d'autorisation de mise sur le marché (AMM), ce qui permet de gagner du temps, beaucoup de temps. La durée moyenne de production d'un autovaccin de ce type est ainsi de six semaines, et Ceva Biovac se donne pour objectif d'y arriver en deux semaines !

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"C'est important de pouvoir aller plus vite pour passer du traitement à la prévention. De traiter l'animal pour protéger l'Homme, comme le montre l'exemple du Covid-19. Il n'existe qu'une seule santé", a souligné le PDG de Ceva Santé Animale.

Les trois quarts des nouvelles maladies infectieuses qui frappent l'espèce humaines viennent d'animaux sauvages, avec un circuit épidémique dans lequel les élevages jouent un rôle souvent prépondérant. D'où l'importance du développement d'autovaccins : des traitements sur mesure qui ont fait leurs preuves.

Même l'Albatros d'Amsterdam va en profiter

Une stratégie également utilisable pour essayer de sauver certaines espèces animales sauvages fragiles, menacées d'extinction à cause d'infections bactériennes graves. Ce qui est le cas pour l'Albatros d'Amsterdam. Une espèce endémique de l'île d'Amsterdam, dans les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), qui ne compte plus que 200 spécimens et dont les femelles ne pondent qu'un œuf tous les deux ans.

"Cette espèce est menacée par une bactérie qui diminue sa fertilité et la capacité de survie des jeunes Albatros. Ces derniers sont décimés par une forme de choléra aviaire, et il s'agit pour nous de réduire cette pression pathogène", a décrit en substance le docteur Alain Schrumpf, directeur de Ceva Biovac.

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Création du Club des ETI Pays-de-la-Loire

Depuis 2016, le groupe Ceva a investi huit millions d'euros à Ceva Biovac, soutenu à hauteur de 16 % par la Région Pays-de-la-Loire, dont la présidente (LR), Christelle Morançais, a participé à cette inauguration, notamment en compagnie d'Alain Rousset, président (PS) de la Région Nouvelle-Aquitaine, qui avait fait le déplacement en Anjou.

Parce que Marc Prikazsky est aussi le président du Club des ETI (entreprises de taille intermédiaire), créé à l'initiative de la Région Nouvelle-Aquitaine, et qu'à l'occasion de cette inauguration à Beaucouzé le Club des ETI de Pays-de-la-Loire a vu le jour. Un Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine dans lequel se trouve toujours Ceva. Même si le groupe libournais, désormais numéro cinq mondial de sa spécialité et numéro un en France, commence peut-être à s'y sentir un peu plus à l'étroit qu'auparavant.

"Ceva est une grosse ETI, elle l'est encore sur certains critères puisqu'elle réalise environ 100 millions d'euros de chiffre d'affaires en France, soit 10 % de l'activité mondiale, avec 1.600 salariés et pour 29 millions d'euros d'investissement annuel en recherche et développement", a égrené le PDG du groupe.

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