Ces trois solutions de décontamination pour aider à la reprise du trafic aérien

Un désinfectant qui change de couleur quelques minutes après avoir été appliqué, une solution qui désinfecte au moins pendant 24 heures grâce à un largage d’actifs ou encore des robots, box et tunnels de désinfection qui utilisent la lumière pulsée. Selon leur cœur d’activité, trois entreprises de Nouvelle-Aquitaine - Olikrom, PolymerExpert et Sanodev - ont travaillé sur des solutions de décontamination applicables au secteur de l’aéronautique.
Les industriels néo-aquitains développent des solutions pour décontaminer rapidement ou à grande échelle des objets, des appareils et des lieux.
Les industriels néo-aquitains développent des solutions pour décontaminer rapidement ou à grande échelle des objets, des appareils et des lieux. (Crédits : Reuters)

Comment aider à la reprise du trafic aérien ? En traitant, pour commencer, les risques de contamination par le Covid-19 dans les avions et les aéroports. C'est dans ce contexte que les pôles de compétitivité Alpha RLH et Aerospace Valley ont organisé début juin un webinaire consacré aux solutions technologiques de désinfection et de décontamination pour l'aéronautique. Objectif : permettre aux acteurs du secteur de connaitre les solutions technologiques mises au point par des entreprises régionales. Trois d'entre elles sont basées en Nouvelle-Aquitaine.

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  • Olikrom créée un additif qui change de couleur

Olikrom, c'est d'abord six ans d'expertise autour de l'intelligence des couleurs. La société accompagne 70 partenaires industriels dans leur démarche d'innovation en concevant et produisant, en fonction du besoin, une solution qui change de couleur selon la température, la pression, la lumière ou encore un solvant, un gaz. L'idée ? "Faire remonter une info, alerter d'une anomalie, informer d'un bon usage de matériaux, tout cela sans informatique", rappelle Jean-François Letard, PDG de l'entreprise pessacaise.

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Pour la désinfection dans le secteur de l'aéronautique, Olikrom propose ainsi deux procédés : le traitement par la lumière (notamment les UVC) et une interaction avec la chimie par les désinfectants. "Nous avons développé une génération de photoKrom, c'est-à-dire des matériaux qui sont capables de changer de couleur et d'indiquer que l'environnement a subi une certaine intensité lumineuse. Nous sommes également capables de faire changer la coloration d'un désinfectant qui devient en l'occurrence incolore au bout de quelques minutes (chimioKrom). Cela permet de savoir que la surface a bien été traitée", explique Jean-François Létard. Le département R&D a mis au point cet additif pendant le confinement. "Il s'agira ensuite de l'incorporer à une solution désinfectante donc de travailler avec un partenaire, l'idée n'étant absolument pas de produire du désinfectant. Dans l'aéronautique, le parcours est souvent long pour pouvoir intégrer de nouveaux éléments. Cela nécessite des essais, des certifications. Mais un groupe peut faire accélérer la mise sur le marché", assure Jean-François Létard.

Olikrom

Katerina Bethani, responsable du département de R&D chez Olikrom, et Robin Afficher, docteur en chimie ont mis au point l'additif. (crédits : Olikrom)

  • PolymerExpert désinfecte pour une durée prolongée

Dès le début de la crise sanitaire, l'entreprise PolymerExpert, spécialisée dans la recherche et le développement des polymères innovants depuis 20 ans, s'est quant à elle lancée dans la fabrication d'une solution hydro-alcoolique. Bilan : 6 tonnes ont été produites et distribuées à des hôpitaux, maisons de retraites, mairies ou encore à des commerçants. "Mais cette solution a une action limitée dans le temps. Pour nous, il y avait un intérêt à proposer une solution permettant de travailler dans un milieu sécurisé au moins 24 heures voire une semaine avec un seul traitement. Il s'agissait concrètement de mettre au point une solution qui permettrait une libération prolongée d'actifs capables de détruire le virus. C'est ce sur quoi nous avons travaillé. Et, dans la mesure où nous utilisons déjà cette technologie pour les parfums, nous l'avons adapté, en remplaçant le parfum par le thymol, un actif du thym. Nous avons ainsi développé une solution sprayable permettant un désinfection long terme des surfaces", explique Marc Dolatkhani, dirigeant et fondateur de PolymerExpert.

Parmi les perspectives, il précise qu'il est possible d'incorporer des capsules dans les revêtements pour un relarguage contrôlé et de combiner plusieurs actifs pour traiter l'ensemble des pathogènes à éliminer. "C'est une technologie qui est peu coûteuse et peut être utilisée à grande échelle", précise Marc Dolatkhani qui ajoute que des tests sont encore en cours sur la question du frottement, sur des zones très sollicitées, un sol notamment. "Dans un contexte d'urgence sanitaire, il faut aller vite et mieux vaut une solution qui n'est pas parfaite que pas de solution du tout", conclut Marc Dolatkhani.

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Sanodev désinfecte à la lumière pulsée

A la différence des deux premières entreprises, Sanodev, est déjà spécialisée dans les solutions de désinfection. "Nous utilisons des technologies innovantes non chimiques telle que la lumière pulsée efficace contre le Sars Cov 2", prévient Nicolas Picard, directeur général de la société créée à Limoges (Haute-Vienne) en 2013. Dans le cadre de la crise sanitaire, l'entreprise a ainsi adapté ses produits existants, notamment pour paramétrer la puissance sur la LP Box. "C'est une box dans laquelle nous plaçons des objets, type clés, portefeuilles ou smartphones, avec un cycle de désinfection très court de quatre à cinq secondes", explique Nicolas Picard qui travaille également sur des systèmes à tunnel en utilisant la même technologie.

Mais de nouveaux produits sont également en cours de développement. Sanodev travaille avec Wyca Robotics (Haute-Garonne) sur un robot autonome (Light Bot) dont la sortie est prévue début juillet. "L'intérêt de ce dispositif est de pouvoir traiter différents espaces rapidement tout en évitant des obstacles." Sanodev co-développe également avec Euclide Industrie - Lam (Haute-Vienne) un appareil plus petit, un Light Scan, qui sortira mi-juillet. "Par rapport au robot, cela permet d'aller traiter des surfaces particulières, avec des recoins. Dans les deux cas, cela peut servir à décontaminer les cabines, les cockpits, tandis qu'au sein de l'aéroport, il est tout à fait possible de coupler les dispositifs existants à des tunnels de décontamination à la lumière pulsée pour les valises et objets. Nous le faisons pour l'agroalimentaire, nous pouvons en faire autant pour l'aéronautique, secteur pour lequel nous ne travaillons pas encore", explique Nicolas Picard.

Sanodev

Le robot Light Bot co-développé avec Wyca Robotics (31) dont la sortie est prévue début juillet.

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