Le groupe Europlasma va moins mal et restructure son usine Inertam

Détenteur de technologies uniques au monde, qui lui permettent par exemple de neutraliser définitivement les déchets d'amiante grâce à la puissance du plasma, le groupe landais Europlasma se relance malgré le coronavirus. L'entreprise a survécu à l'exercice 2019 grâce à une opération financière qui lui a permis de réduire sa dette et dégager du cash. Malgré la pandémie le groupe applique sa feuille de route 2020 et remet à niveau son fleuron : Inertam.
Un des opérateurs d'Inertam pendant une opération de vitrification de déchets d'amiante.
Un des opérateurs d'Inertam pendant une opération de vitrification de déchets d'amiante. (Crédits : Agence Appa)

Le groupe Europlasma, à Morcenx (Landes), coté en bourse, spécialiste des technologies de dépollution utilisant la torche à plasma, en particulier pour la destruction définitive des déchets d'amiante, vient de publier ses résultats annuels 2019 et tient ce lundi 27 avril son assemblée générale extraordinaire, qui n'a pas pu se tenir comme prévu le 6 avril dernier faute d'avoir pu atteindre le quorum.

Sauvé de la liquidation le 28 mai 2019 grâce à l'intervention de la société d'investissement luxembourgeoise Zigi Capital SA, dont le plan de reprise a été agréé à cette date par le tribunal de commerce de Mont-de-Marsan, le groupe Europlasma revient de loin.

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Mis en redressement judiciaire le 25 janvier précédent, Europlasma a bénéficié de l'appui financier de la société Alpha Blue Ocean, à Londres, via le fonds d'investissement Ehgosf (pour fonds de titrisation d'actifs européens à croissance élevée/European high growth opportunities securization fund). Autrement-dit le plan de reprise d'Europlasma s'est accompagné d'une restructuration de la dette, qui a permis au groupe de repartir avec une bien meilleure visibilité.

Inertam en pleins travaux de restructuration

La pandémie de coronavirus a réellement frappé la France mi-mars, avec le début du confinement, et les résultats 2019 d'Europlasma n'en sont pas impactés. Pour un groupe qui est passé plusieurs fois tout près de l'effondrement, ces derniers ne sont pas si mauvais et se trouvent même en nette amélioration. L'arrêt des différentes filiales d'Europlasma, à commencer par Inertam, qui neutralise les déchets d'amiante à titre définitif, et Cho Morcenx, centrale de production d'électricité par gazéification de déchets et biomasse a entrainé une fort recul du chiffre d'affaires.

Inertam vitrifie les déchets d'amiante en les portant à de très hautes températures grâce à la torche à plasma et cette usine, qui a toujours été la locomotive du groupe en terme d'activité, est aujourd'hui en pleine restructuration. Avec des travaux de grande ampleur, comme par exemple le démantèlement de la chambre de confinement des déchets pollués et de celle de post combustion, qui doivent être refaites à neuf. Des opérations  qui devraient être bouclées au cours du 1e semestre 2020, et que la crise du coronavirus n'a pas stoppé.

Fort recul du CA mais début de redressement

A la suite des arrêts de ses différentes filiales, le chiffre d'affaires du groupe est passé de 11,2 M€ en 2018 à 3,1 M€ en 2019. Mais le plus important est ailleurs puisque dans le même temps le résultat opérationnel (différence entre les produits et les charges d'exploitation, comme l'achat de matières premières ou d'énergie) est passé de -56 M€ à -11,2 M€. Le résultat net part du groupe étant remonté de son côté de -53,8 M€ à -10,6 M€. D'où l'optimisme affiché par le nouveau PDG du groupe, Jérôme Garnache-Creuillot.

"Nous sommes avant tout très heureux d'avoir pu insuffler un nouvel élan à Europlasma, un fleuron technologique dans le domaine des «CleanTech ». Nous sommes persuadés que la nouvelle stratégie nous permettra d'améliorer sensiblement la rentabilité de nos actifs et ainsi de créer de la valeur pour nos actionnaires. Après la définition de la feuille de route et le renforcement du bilan du groupe, la priorité est maintenant donnée à l'opérationnel pour l'exercice 2020. Le redémarrage à la fin du premier semestre de notre usine de traitement de l'amiante, Inertam, dans un contexte sanitaire sans précédent qui n'a cependant pas affecté l'implication exceptionnelle des équipes que je tiens à remercier chaleureusement, enrichie de capacités élargies, marquera le premier pas vers le renouveau économique du groupe", déclare Jérôme Garnache-Creuillot, qui confirme ainsi les engagements précédents de la nouvelle direction.

Un développement du groupe lié à ses partenariats

Plutôt que producteur industriel innovant, Europlasma se définit désormais comme un fournisseur de technologies au service de grands partenaires, comme le groupe Orano (ex-Areva). Le groupe landais a payé cash pour savoir ce que peuvent coûter les innovations technologiques lancées directement sur le marché sans aucune phase de test sous forme de prototype, ce qui a été le cas pour sa production d'électricité par gazéification avec Cho Morcenx.

" ... Les discussions avec nos différents partenaires en France et à l'étranger pour le déploiement de nos solutions au cœur des industries, permettront l'amorce d'un cycle vertueux, socialement responsable et bénéfique pour l'environnement. Nous avançons donc pas à pas vers l'objectif que nous nous sommes fixés. Certes, il reste un long chemin à parcourir, mais nous sommes confiants dans les forces de nos savoir-faire comme le sont nos partenaires, de plus en plus nombreux", confirme ainsi le PDG.

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Encore la capacité de lever 24 M€ pour se financer

La direction du groupe accompagne la publication des résultats 2019 d'un point sur la dette du groupe dont nous avons choisi de publier l'extrait suivant.

"Afin de financer son plan d'investissements, la société a mis en place une ligne de financement flexible d'un montant nominal maximal de 30 M€ sous forme d'obligations convertibles en actions assorties de bons de souscriptions d'actions. À fin 2019, trois tranches ont été tirées pour un montant total de 6 M€ (hors pénalités). Le solde permettrait de lever jusqu'à 24 M€", indique Europlasma.

Le groupe est par ailleurs un des titres boursiers les plus spéculatifs de toute la cote en France. Mais sans doute aussi celui qui affiche la plus considérable quantité de titres cotés du pays, soit une masse titanesque de 3,9 milliards d'actions en circulation. Le tout pour une valorisation boursière minimaliste de 8 M€. Plus que jamais les actionnaires du groupe doivent avoir la foi. D'où la volonté de la direction annoncée au titre de l'assemblée générale extraordinaire de ce 27 avril d'opérer notamment un regroupement d'actions, afin de réduire la masse d'actions en circulation pour revenir à des standards boursiers plus classiques.

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