Bordeaux Métropole : au supermarché Supercoop les employés sont les clients

Dans le supermarché coopératif et participatif Supercoop, à Bordeaux, les adhérents travaillent bénévolement pour pouvoir s’acheter des produits de qualité au meilleur prix. Ils choisissent les produits à référencer et gèrent le magasin.
Jean-Paul Taillardas, client numéro 0001 de Supercoop devant le rayon jus de fruits.
Jean-Paul Taillardas, client numéro 0001 de Supercoop devant le rayon jus de fruits. (Crédits : J. Philippe Déjean)

"Lors de la création de SuperCoop nous avons été aidés par l'équipe de la coopérative La Louve à Paris. Nous aidons à notre tour actuellement l'équipe qui va créer le premier magasin coopératif à La Rochelle. Là nous venons de rencontrer une équipe berlinoise et de l'autoriser à utiliser notre marque pour le supermarché coopératif qu'ils vont créer dans la capitale allemande", cadre Jean-Paul Taillardas, client-coopérateur numéro 0001 de SuperCoop, dont il est désormais coordinateur. Il n'oublie pas de citer le magasin coopératif Otsokop (Loup-Coop en basque) créé à Bayonne.

Supercoop est né de l'initiative d'Anne Monloubou, après que cette Bordelaise a découvert l'existence du Park Slope Food Coop, dans le quartier de Brooklyn à New York. Un des tous premiers magasins-coopératifs au monde, qui a vu le jour en 1973 pour permettre à ses membres adhérents d'acheter de la nourriture saine à des prix abordables. C'est ainsi qu'a été créée à Bègles, en 2015, l'association Les Amis de Supercoop, qui va piloter ce projet coopératif innovant. A Supercoop, comme dans tous les supermarchés coopératifs bâtis sur le même principe, les coopérateurs doivent donner au moins trois heures de leur temps toutes les quatre semaines pour faire bénévolement tourner la boutique.

Moyennant quoi ils ont le droit d'acheter dans le magasin des produits de qualité, majoritairement bio et locaux, avec une réduction de 20 % du prix d'achat par rapport à des produits comparables, voir beaucoup plus dans certains cas.

Supercoop Bordeaux

L'entrée de Supercoop ( crédit Jean-Philippe Déjean)

Près de 1.000 coopérateurs contre 400 il y a un an

Et puis la coopérative propose aussi des produits un peu plus rares, comme l'huile d'olive, les olives, miels et pistaches qu'un négociant du quartier part régulièrement acheter en Grèce dans des coopératives de la région de Lacaunie. Devenir coopérateur suppose l'acquisition de 100 € de parts sociales dans la coopérative.

"La cotisation n'est demandée qu'une seule fois. Son paiement peut être fractionné en apports d'une valeur unitaire de 10 € et réglé au fil de l'eau, en fonction des moyens. A Supercoop, nous avons toutes sortes d'adhérents, ça va du demandeur d'emploi au professeur d'université. Notre objectif est de trouver des produits excellents et pas chers et de faire en sorte qu'une clientèle populaire nous rejoigne. Il y a un an nous avions 400 coopératrices et coopérateurs et actuellement nous sommes autour de 1.000. Mais les acheteurs réguliers sont de l'ordre de 600", éclaire Jean-Paul Taillardas.

Le décollage de cette nouvelle activité associative, née dans la commune de Bègles, a été possible grâce à une levée de fonds réussie de 27.000 euros, via la plateforme de financement participatif KissKissBankBank.

Des produits achetés au prix du vendeur

Les promoteurs de Supercoop sont passés par plusieurs phases, à commencer par la livraison au parc de Mussonville, à Bègles, de produits qui étaient d'abord précommandés sur Internet. La mairie de Bègles, alors gouvernée par l'écologiste Noël Mamère, a ensuite prêté un local à l'association en centre-ville, où elle est toujours, alors que la coopérative a fini par s'installer à Bordeaux il y a quelques semaines, le long du boulevard Jean-Jacques Bosc, non loin de l'arrêt de tram béglais des Terres Neuves.

Aujourd'hui l'association Les Amis de Supercoop regroupe tous les adhérents et gère l'aspect bénévolat. Tandis que la coopérative Supercoop, présidée par Anne Monloubou, s'occupe des deux salariés du magasin, sans doute bientôt trois. Autrement-dit, pour des raisons juridiques, les bénévoles interviennent dans le magasin coopératif au titre de l'association. Le magasin aligne aujourd'hui 2.500 références et ressemble à une grande épicerie très bien agencée, avec les couloirs de circulation larges.

Une marge unique de 17 %

La coopérative, qui est pleinement opérationnelle depuis bientôt deux ans, réalise un chiffre d'affaires mensuel moyen de l'ordre de 65.000 euros et Jean-Paul Taillardas compte bien arriver à l'équilibre d'ici la fin de l'année. Fournisseurs et produits (comestibles, ménagers) sont choisis par les coopérateurs qui, en cas de problème, sont libres de trancher pour les déréférencer.

"Les achats sont gérés en binômes, soit une vingtaine en tout. Moi je m'occupe notamment de l'approvisionnement en olives, pistaches...Nous payons le prix qui nous est proposé par le producteur ou le fournisseur. Nous vendons par exemple le pain de deux paysans-boulangers et ce sont eux qui ont fixé le prix auquel nous l'achetons. Nous prélevons une marge unique de 17 %", précise Jean-Paul Taillardas.

Tous les postes de travail sont très bien décrits et font l'objet d'un affichage mural qui permet de s'informer en un temps record sur les fonctions, tandis qu'un tableau de suivi des tâches, lui aussi très bien conçu, permet de savoir où tout le monde en est. Le supermarché participatif dispose d'un outil de gestion informatisé, un ERP, qui est opéré par des professionnels une fois par mois. La coopérative Supercoop a été en particulier aidée par Bordeaux Métropole, pour le matériel, et la Région Nouvelle-Aquitaine pour les aides financières.

Situé dans un quartier populaire, le magasin compte bien s'ouvrir un peu plus à son environnement immédiat. Un des prochains objectifs est de porter le nombre de références à 3.000 à brève échéance, et d'équiper le magasin en chambres froides et vitrines réfrigérées, puisque les frigos disponibles commencent à atteindre leur maximum. Le mouvement des magasins coopératifs est bien lancé en France, puisqu'après Toulouse, Montpellier, sans oublier Nantes, Marseille ne va pas tarder à ouvrir.

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