"Je souhaite ouvrir un espace pour les startups au cœur du CHU de Bordeaux d'ici 2020"

Le CHU de Bordeaux est décidé à passer un cap en matière de coopération avec les startups dans le domaine de la santé. Philippe Vigouroux, son directeur général, annonce à La Tribune que cette logique d'open innovation devrait se traduire par l'ouverture d'un lieu dédié au sein du centre hospitalier et d'un guichet unique pour les entreprises.
Philippe Vigouroux est le directeur général du CHU de Bordeaux depuis 2014. Il préside également la commission recherche et innovation au sein de la Conférence des directeurs généraux de CHU.
Philippe Vigouroux est le directeur général du CHU de Bordeaux depuis 2014. Il préside également la commission "recherche et innovation" au sein de la Conférence des directeurs généraux de CHU. (Crédits : Pascal Calmette)

La Tribune : Quelle est la position du CHU de Bordeaux vis-à-vis de l'innovation ?

Philippe Vigouroux : C'est l'une des missions du Centre hospitalier universitaire aux côtés de la recherche pour mettre les médicaments, traitements et procédures les plus efficaces à disposition de nos patients. C'est toujours l'utilité médicale pour le patient qui est recherchée. Avoir une démarche d'innovation ouverte permet aux startups comme aux grands groupes d'accéder à nos médecins et à nos patients. C'est un vrai atout en termes de crédibilité et d'image pour eux mais c'est aussi un gage d'attractivité pour attirer les meilleurs médecins au sein du CHU. Cette innovation est donc un devoir vis-à-vis des patients comme du personnel médical.

Au CHU, l'innovation passe d'abord par la recherche et les essais cliniques. Elle peut concerner des médicaments, des dispositifs médicaux, l'organisation interne, l'intelligence artificielle mais également les sciences humaines telles que le droit, l'ingénierie et l'économie.

Sur tous ces aspects, quelles sont vos relations avec les acteurs locaux ?

Nous avons noué de nombreux partenariats de recherche avec le ministère de la Santé comme avec des industriels et des startups. Il y a un foisonnement de startups dans les domaine de la santé et de l'e-santé en Nouvelle-Aquitaine et à Bordeaux avec des jeunes médecins qui inventent des solutions pour mieux soigner et mieux s'organiser. Le CHU a un devoir de grand frère pour les épauler et les aider à grandir en leur donnant accès, sous conditions, à nos bases de données anonymisées. Cependant, je précise que le cadre légal ne nous permet pas de financer directement ces jeunes entreprises, ni de prendre des participations.

Souhaitez-vous aller plus loin dans cette démarche ? En les accueillant, par exemple, dans vos locaux ?

Oui, c'est tout à fait possible ! Et je dirai même que c'est souhaitable. Nous réfléchissons activement à l'accueil d'une pépinière de startups dotée de locaux dédiés, de bureaux partagés, de salles de réunion et, évidemment, d'un dialogue direct avec les équipes du CHU. Cela suppose d'y consacrer des moyens humains et logistiques. Ce n'est pas officiellement acté à ce stade mais je souhaite ouvrir un espace pour les startups au cœur du CHU de Bordeaux d'ici 2020 et nous y travaillons. Je suis convaincu qu'il faut leur faire une place.

Cela constitue un vrai virage dans votre positionnement...

Oui, c'est un grand pas en avant et l'objectif est d'afficher clairement ce que nous faisons déjà au cas par cas avec, par exemple, nos partenariats avec Synapse Medicine, Deski et Satelia. Par ailleurs, c'est aussi une manière de pousser ce sujet de l'open innovation auprès de mes collègues des autres CHU et des acteurs de la santé.

Lire aussi : Santé : cinq innovations au plus près des patients


Souhaitez-vous prioriser certains domaines de recherche ou retenir une problématique particulière ?

Non absolument pas ! Nous sommes ouverts à tous les domaines. Ces jeunes pousses sont portées par de brillants médecins et ingénieurs qui savent très bien nous surprendre et c'est d'ailleurs tout l'intérêt de cette démarche.

Comment gérez-vous l'accès aux données médicales et personnelles dans le cadre des échanges avec les acteurs extérieurs ? Sachant que ces donnés n'appartiennent pas au CHU, êtes-vous partageur ?

C'est un sujet qui est très cadré. On veille à mettre à disposition de nos partenaires, startups ou grands groupes, des données 100 % anonymisées, c'est-à-dire qu'il est totalement impossible de remonter jusqu'au patient. Nos procédures en la matière sont blindées et nous sommes particulièrement vigilants sur cet aspect. Mais une fois que ces procédures sont respectées, nous jouons le jeu en transmettant les données. Par exemple, nous partageons avec la startup Deski nos échographies et les interprétations correspondantes pour qu'ils puissent nourrir leur modèle d'intelligence artificielle.

Les acteurs extérieurs au CHU ont parfois du mal à savoir à qui s'adresser pour travailler avec vous. Est-il prévu de simplifier la procédure ?

Le ministère de la Santé a publié l'an dernier un guide pour éclairer les acteurs du système de santé en matière de partenariats entre le public et le privé pour diffuser l'innovation technologique. A partir de ce document et de notre expérience, nous sommes en train de développer un outil permettant d'évaluer l'opportunité de nous engager dans un partenariat avec un industriel ou une startup. Ce questionnaire en ligne servira de filtre et indiquera de manière transparente à ceux qui postuleront quelles sont les conditions à remplir pour travailler avec nous. J'espère que cet outil sera prêt début 2020.

Aujourd'hui, l'interlocuteur unique sur ces sujets c'est la direction de la recherche clinique et de l'innovation (DRCI) du CHU qui est pilotée par Jonathan Belcastro et compte 300 personnes dédiées à la recherche clinique.

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