Raisinor veut monter une unité de production de biocarburant ED95 par région viticole

La Région Nouvelle-Aquitaine inaugurera, ce mardi 19 mars, 9 cars à haut niveau de service en circulation entre La Rochelle et l’Île de Ré. Leur particularité ? Il roulent à l’ED95, bioéthanol de génération avancée issu du marc de raisin. Pour s’approvisionner, la Région peut s’appuyer sur une production locale avec la Société d'intérêt collectif agricole (Sica) SAS Raisinor France basée à Coutras (Gironde). Il s’agit de la première société européenne de collecte d’éthanol issu de résidus de végétaux orientés vers les secteurs énergétiques.
Un car de TransGironde roulant au bioéthanol.
Un car de TransGironde roulant au bioéthanol. (Crédits : Raisinor)

Il n'avait pas l'habitude de prendre la parole dans les médias, mais régulièrement sollicité, le directeur de Raisinor France, dont le siège est implanté en Gironde, se plie désormais volontiers à l'exercice. A l'heure de la transition énergétique, le procédé attire en effet tous les regards.

Outre son activité de production d'huile de pépins de raisin dès 1995, la Sica SAS à cheval entre le monde coopératif et la société anonyme, a développé dès 2008 une activité alcool pour la vente d'éthanol. "Nous orientons nos alcools vers le secteur de l'incorporation, c'est-à-dire que nous vendons l'éthanol aux pétroliers distributeurs qui l'incorporent dans les essences, type SP 95 E10 ou E85", explique Jérôme Budua, directeur de la société. Mais ce qui fait le "buzz" aujourd'hui, c'est la production et la distribution de l'ED95 lancé par Raisinor en 2010 à partir de résidus viniques. 9 cars roulant au bioéthanol seront ainsi inaugurés ce mardi 19 mars par la Région Nouvelle-Aquitaine.

"C'est ce que l'on appelle un bioéthanol de génération avancée, qui se distingue de la production d'un bioéthanol de première génération à base de canne à sucre, de betterave ou de céréales. L'intérêt a pu être contesté en raison d'une incidence sur les prix alimentaires", précise Jérôme Budua.

Pour autant, pour l'ED95, ce fut "un parcours du combattant", reconnait-il. "L'homologation n'est intervenue qu'en 2016. De notre côté, on avait finalisé le dossier en deux ans. En revanche, il y a eu une véritable opération de lobbying des pétroliers qui a retardé les signatures. Cela aurait pu nous faire baisser les bras. Mais nous avons tenu."

1 M€ d'investissement par site

Face à cette pression, Jérôme Budua reconnait en revanche un fort soutien des territoires. "Entre 2010 et 2016, on a vu une montée en puissance de la volonté d'exploiter au mieux l'énergie locale et de favoriser l'économie circulaire." Et tel est bien le credo de Raisinor : utiliser localement le biocarburant produit.

"Nous nous étions posé la question de la création d'une seule unité de production en France pour alimenter tout le marché. Finalement, nous avons choisi de produire dans nos 25 distilleries adhérentes. L'objectif est de monter une unité de production d'ED95 par région viticole."

La première unité a avoir lancé la production est celle de Vauvert (Gard). Celle de Coutras en Gironde, à quelques mètres du siège social de Raisinor, lancera l'activité en octobre 2019. Coût des investissements en moyenne par site : 1 M€.

Une production limitée

Mais Jérôme Budua prévient :

"Seul un constructeur a pour le moment un système de motorisation compatible : Scania. Par ailleurs, il n'y aura pas de biocarburant pour tout le monde. Nous pouvons en fournir pour 1.500 à 2.000 véhicules, bus, cars, ou camions. On collecte déjà la totalité de ce qu'il est possible de collecter en France, soit entre 800.000 et 1 million de tonnes de résidus, ce qui permet la production annuelle en moyenne de 25.000 m3 d'éthanol sur l'ensemble des sites. L'idée est donc de travailler sur un nouveau procédé à partir d'autres résidus de végétaux, mais on en reparlera dans 3 ou 5 ans."

En attendant, les contrats se multiplient avec des opérateurs de transport notamment.  La société répondra à des appels d'offres dès l'été prochain. 

Faire passer l'activité de bioéthanol de 5 à 50 %

Les avantages de l'ED95 qui consomme toutefois plus (entre + 30 et + 60 %) ? Contribuer à la réduction des déchets de la production viticole et diminuer fortement la pollution avec une baisse de 85 % des émissions de gaz à effet de serre, de 50 % d'oxyde d'azote et de 70 % de particules fines par rapport au diesel, rappelle la Région Nouvelle-Aquitaine qui soutient la mise en circulation des cars à haut niveau de service entre La Rochelle et l'Ile de Ré à hauteur de 2,385 M€ sur une période de six ans.

"On a aussi obtenu la fiscalité la plus basse de tous les carburants. Quand le gazole a une TICPE de 0,62 € par litre, on est à 6 centimes", ajoute Jérôme Budua. L'objectif pour Raisinor est de faire passer son activité ED 95 de 5 % à 50 % d'ici 3 ans.

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Commentaire 1
à écrit le 21/04/2019 à 10:20
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Je tenais a dire que l ethanol est l une des meilleurs voie pour l ecologie car comme le dit l article l ecologie ne rime qu avec economie pour nos gouvernement la voiture electrique est une solution purement economique car elle pollue de par ses bat...

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