Réalités virtuelle et augmentée : Clay Air décroche un contrat mondial avec Qualcomm

La startup française Clay Air, dont l'équipe de R&D est basée à Bordeaux, vient de signer un partenariat mondial avec Qualcomm Technologies, le géant des semi-conducteurs. Objectif : intégrer l'outil unique de reconnaissance des mouvements de la main développé par Clay Air dans tous les casques et lunettes de réalité virtuelle et augmentée du fabricant américain. Un spectaculaire pas en avant pour la jeune pousse.
(Crédits : Clay AIR)

"On est très heureux. Cette signature devrait changer nos vies !" Jean-Baptiste Guignard, le cofondateur et directeur de recherche de Clay Air, ne dissimule ni son enthousiasme, ni son soulagement. Il faut dire que cette startup créée en 2015, dont les équipes sont éclatées entre Bordeaux, Paris, Los Angeles et Shanghai, vient de signer un gros contrat. Un très gros même. Clay Air a en effet été retenue par Qualcomm Technologies comme solution native pour équiper tous ses casques de réalité virtuelle (VR) et lunettes de réalité augmentée (AR).

Jean-Baptiste Guignard & Thomas Amilien

Jean-Baptise Guignard et Thomas Amilien, les deux co-fondateurs de Clay AIR (crédits : Loïc Bocat).

L'Américain Qualcomm n'est pas n'importe qui : avec 33.000 salariés dans le monde pour 19,9 Md€ de chiffre d'affaires en 2017, ce fabricant dont le siège est à San Diego, en Californie, a développé ces dernières années des technologies majeures dans le secteur des télécommunications, dont les smartphones en équipant Apple, Samsung, Huawei, LG ou encore Lenovo et les casques de VR en fournissant notamment HTC Vive, Lenovo, Oculus VR et Sony. "C'est assez incroyable mais on sera embarqué de manière native sur peu ou prou 50 % du marché des casques et lunettes AR/VR. Nous serons intégrés très en amont sur le matériel de Qualcomm ce qui est à la fois une forte garantie et une belle preuve de confiance", cadre Jean-Baptiste Guignard, qui dirige toute l'équipe de R&D installée à Bordeaux.

De quoi vivre plusieurs années

Celle-ci compte 10 ingénieurs de recherche, chercheurs et docteurs dans les domaines de l'intelligence artificielle, du machine learning et de la "computer vision" (vision par ordinateur). La jeune pousse, qui est déjà rentable avec un chiffre d'affaires qui a dépassé le million d'euros en 2018, emploie au total 31 salariés sur ses quatre sites. Un effectif qui grimpe à environ 70 personnes en comptant les prestataires réguliers, notamment commerciaux, aux Etats-Unis et en Chine.

Concrètement, Qualcomm a acheté les licences d'utilisation et reversera une fraction des royalties à Clay Air sur chaque casque vendu. Ce contrat pluriannuel, dont le montant reste confidentiel mais se chiffre en dizaines de millions d'euros, met la startup à l'abri pour plusieurs années. "La négociation sur place, à San Diego, a pris environ 18 mois avec les équipes de Qualcomm. C'était une prise de risque conséquente de s'attaquer à un géant de cette taille mais notre détermination et notre technologie ont payé", souligne Jean-Baptiste Guignard.

"Une évolution majeure"

Et quelle est cette technologie qui a convaincu les équipes techniques et commerciales du géant californien ? "La meilleure force d'un outil technologique, c'est quand on ne sent pas qu'il est là. Notre solution de détection gestuelle de la main, c'est exactement cela", explique le dirigeant de Clay Air. Concrètement, la startup a conçu une brique logicielle permettant d'interagir avec un smartphone ou outil de VR ou d'AR sans manettes en utilisant uniquement les gestes de la main. "A ce jour, c'est la seule technologie à offrir une immersion complète, sans nécessité d'équipements tierces", précise Jean-Baptiste Guignard.

Une petite révolution qui s'appuie sur un suivi de la main nourri au machine learning. Cela permet d'analyser en temps réel - c'est à dire toutes les 16 millisecondes - la position et le mouvement de la main (paume, doigts, poignet, etc.) quel que soit l'environnement. Cerise sur le gâteau, cette technologie est intégrable à toutes les caméras des smartphones, ordinateurs, casques de VR et lunettes d'AR.

"La technologie développée par Clay Air annonce une évolution majeure bénéfique tant à l'industrie de la VR et de l'AR qu'aux consommateurs ou aux OEM (original equipment manufacturer, entreprises chargées de la fabrication de pièces détachées pour une autre société, NDLR) et nous nous réjouissons des nombreuses possibilités qui s'ouvrent", estime Hiren Bhinde, directeur du management produit AR/VR chez Qualcomm.

Clay Air sera ainsi partie prenante des casques de demain qui tendent vers des produits sans fils, plus légers et avec des processeurs intégrés mais externes pour ne pas surchauffer.

Santé, industrie, maison connectée

Et Clay Air n'entend pas s'arrêter là et travaille sur plusieurs fronts. Outre les innombrables usages de la VR et de l'AR dans l'industrie, l'automobile, l'aéronautique, le BTP, la formation professionnelle, la santé ou encore le tourisme et la muséographie, la startup envisage aussi d'investir le prometteur marché de la maison connectée par le truchement des assistants personnels, Alexa, Cortana, Google Home et consorts. L'idée est de pouvoir commander d'un geste de la main une partie des mécanismes d'un logement connecté. "Il faut réfléchir en termes d'usage et de contexte. La détection gestuelle n'a pas vocation à remplacer toutes les interactions. C'est une approche complémentaire qui peut être très adapté à tel usage mais moins ergonomique que la commande vocale pour un autre", juge Jean-Baptiste Guignard.

"Quatre ans après notre lancement et seulement 18 mois après l'ouverture de notre bureau à Los Angeles, nous avons hâte de poursuivre notre déploiement, qui passe par des recrutements, mais aussi par la signature de nouveaux contrats dans les secteurs de l'AR/VR, de l'industrie automobile et du SmartHome [maison connectée" affirme ainsi Thomas Amilien, le second cofondateur de Clay Air.

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Commentaires 4
à écrit le 30/01/2019 à 14:14
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It's revolution, baby! I'd love to test it.

à écrit le 30/01/2019 à 11:24
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ENORME ! Bravo ^^ C'est sans précédent.

à écrit le 25/01/2019 à 12:38
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Se faire repérer par une boite américaine est toujours un excellent signe de dynamisme, presque une victoire en soi par contre cela implique par la suite de ne pas se reposer sur ses lauriers. Les gars ils savent ce que c'est le business hein et ...

à écrit le 25/01/2019 à 12:36
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Ras le bol du virtuel !

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