CES 2019 : la délégation de Nouvelle-Aquitaine fait le bilan

Les membres de la délégation de Nouvelle-Aquitaine présente au CES Las Vegas sont de retour en France, à quelques exceptions près parties à Boston. Pour chacun, l'heure est au bilan après une semaine intense passée au sein du plus grand salon mondial des nouvelles technologies.
La délégation de Nouvelle-Aquitaine, quelques minutes après la fin du CES
La délégation de Nouvelle-Aquitaine, quelques minutes après la fin du CES (Crédits : La Tribune / Mikaël Lozano)

Vendredi, 16 h : dans les haut-parleurs, une voix annonce la fin de cette édition 2019 du CES Las Vegas. Aussitôt, les startups présentes à l'Eureka Park se mettre à applaudir à tout rompre. S'ensuivent quelques embrassades. Moment à part, où la pression de 4 jours très intenses retombe d'un coup. Opportunément, à la sortie, une publicité vient d'être apposée, annonçant l'édition suivante du 7 au 10 janvier 2020. Et déjà les organisateurs sont à pied d'œuvre pour enlever les moquettes, démontrer les stands...

Quelques minutes plus tard, l'heure est au débriefing dans la Meeting room, la salle réservée à la délégation de Nouvelle-Aquitaine, à quelques mètres de l'Eureka Park. « C'était très rapide pour nous dans notre histoire mais c'était le bon moment. L'an prochain, ça aurait été trop tard », souffle une startup. Aurélie Colin, de Lux Lingua, ne dit pas autre chose : « L'an prochain, toutes les grosses agences de marketing et de communication seront sur la réalité augmentée appliquée aux réseaux sociaux. On a pu présenter notre solution au bon moment et constater que d'autres secteurs que celui des vins et spiritueux nous font des appels du pied. Ça donne envie de revenir. » Les membres de Numii racontent qu'ils ont commencé à travailler en partenariat avec Holoforge Interactive après s'être rencontrés lors de la préparation en amont du salon. Et qu'ils ont appris à un Chinois ce qu'était la Nouvelle-Aquitaine. Pascal Lavaur, le dirigeant de Go4IoT, visiteur, se voit bien revenir l'an prochain en tant qu'exposant. Son coup d'éclat : avoir réussi à présenter son objet connecté destiné à empêcher le vol des engins agricole ou de BTP à un des responsables européens de la firme mondiale John Deere. Pierre Forté, patron de Pragma Industries venu présenter ses vélos à hydrogène, rapporte qu' « en 14 ans de salons internationaux, je n'avais jamais engrangé autant de contacts orientés business. Je pense qu'on ne va pas avoir de mal à rentabiliser notre venue. »

By the Wave, exposant membre de la délégation Nouvelle-Aquitaine avec son objet connecté dédié à l'apprentissage des sports de glisse, conseille de venir assez nombreux et est ravi de s'être incrustée sur la photo de groupe de la Région Sud, sans en faire partie... Elle a par ailleurs constaté une très nette amélioration de son référencement sur Google, passant de la 3e à la 1re page. Plusieurs membres font le même constat : l'Eureka Park accueille quelques projets anecdotiques, plutôt dignes du concours Lépine, mais globalement le niveau est très bon et la présence française, massive, a été plutôt bien vue par les visiteurs. Marc Augustin, de Bordeaux Technowest, rappelle que « c'est maintenant que tout commence » pour les startups et qu'il faudra transformer en contrats les prises de contact. La startup Ullo raconte qu'elle s'est fait virer de la salle des Awards, dédiée aux pépites récompensées, après avoir pitché au débotté les visiteurs qui y passaient. Président de French Tech Bordeaux, Jérôme Leleu, a observé quant à lui « une qualité en hausse des projets, réalisés avec beaucoup de professionnalisme, une grande entraide et un côté collectif fort ». A ceux qui critiquent le CES ou la présence française jugée trop imposante, il rétorque : « Je n'ai pas vu un Américain ou un Chinois dire que nous avons présenté des gadgets. La meilleure réponse possible, c'est maintenant de rentrer des contrats ! »

La délégation de Nouvelle-Aquitaine était conduite et principalement financée par le Conseil régional. Son vice-président en charge du développement économique, Bernard Uthurry, a passé la semaine à Las Vegas. A l'issue de l'événement, il se disait « marqué par le sens collectif et le travail consenti en amont pour préparer l'événement. Les bénéfices seront visibles après, dans quelques semaines ou mois. Mais je retiens le professionnalisme et l'humilité de chacun. »

Ce qu'ils en ont pensé

Philippe Métayer, délégué général de French Tech Bordeaux :

« C'était sans doute la délégation la plus préparée par rapport aux éditions précédentes. Nous avons pu nous appuyer sur le vécu, le recul, l'expertise pour anticiper. Je retiens de cette délégation une vraie belle dynamique, de beaux projets et une sélection des startups qui a renforcé l'aspect qualitatif. Rassembler l'essentiel des délégations sous la marque ombrelle French Tech a aussi permis à la présence française d'être plus identifiable et lisible. Concernant l'affluence, elle a été énorme sur nos stands. Elle est toujours difficile à mesurer mais ce qui est factuel, ce sont les 7 Awards du CES décrochés par les startups de Nouvelle-Aquitaine. Cette édition était aussi la première où nous proposions une offre visiteurs claire et structurée. Les interventions de Cdiscount, Orange, Pichet, le passage d'autres startups de la région mais non membres de la délégation comme Gazelle Tech, Fieldbox... ont contribué à cet effet de groupe. (...) Si on ne l'a pas fait, il est difficile de comprendre ce qu'est le CES et son bouillonnement. C'est une expérience difficile à expliquer. 2019 était une année de confirmation. (...) A titre personnel, je n'ai pas repéré de grosse révolution technologique sur cette édition 2019 mais je retiens la tendance à faire disparaître le device, qu'il s'agisse d'un téléphone, d'une souris ou d'un clavier. Notre rapport à l'objet va changer. Cette vague de fond vise à nous libérer les mains et c'est paradoxalement une tendance non technologique. Il va falloir observer comment nous digérons cette phase de séparation de notre « doudou numérique ».

Antoine Lamarche, directeur général de Digital Aquitaine :

« Il s'agissait de ma première édition. Comme beaucoup j'ai été impressionné par la dimension de l'événement, mais aussi par l'organisation et la sélection pertinente de la délégation de Nouvelle-Aquitaine. Cette année n'a pas présenté de rupture technologique mais conforme certaines tendances : la 5G et le « always on », le fait d'être connecté en permanence ; l'intelligence artificielle que l'on retrouve partout ; la donnée et les différentes manières de traiter celles qui sont personnelles, particulièrement avec la Chine ; la mobilité au sens global plus que le véhicule autonome. Les assistants vocaux également, notamment Alexa d'Amazon, qui intègrent de plus en plus de produits et qui deviennent presque un label, tendant à dire que la valeur du produit est tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. L'interaction homme - machine se renforce, plus que la robotisation elle-même. En matière d'e-santé, les capteurs miniaturisés et autonomes sont partout. Ils semblent de plus en plus acceptables car discrets et qu'ils peuvent donc être intégrés partout. Je note enfin parmi les autres tendances l'émergence des technologies résilientes, concentrant des outils en cas de crash, de problème majeur d'infrastructures, la tech for good et la prise de conscience qu'il faut faire mieux avec moins, et enfin le fait que ce que font les Gafa américains (Google, Apple, Facebook, Amazon, NDLR), les acteurs chinois le font aussi. Ce sont deux planètes différentes et la seconde est ignorée par les Occidentaux. »

Laurent Babin, TGS Avocats, membre visiteur de la délégation de Nouvelle-Aquitaine :

« En ayant le nez sur le monde de demain pendant plusieurs jours, on sent par la convergence de plusieurs choses des révolutions qui arrivent dans l'éducation, le retail, la robotique. La maison connectée, la smart home, semble arriver beaucoup plus vite que la smart city, la ville connectée, et apparait de moins en moins comme de la science-fiction. L'offre est foisonnante dans les drones, les robots, la mobilité... mais j'ai en revanche vu très peu de choses autour des fintechs et de la blockchain. »

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Commentaires 2
à écrit le 15/01/2019 à 14:16
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pourquoi prennent-ils tous des titres en globish (croyant parler anglais)? Ils ont honte d' être français ? Je propose que les aides publiques ne soient accordées qu'aux titres français.(qu'ils mettent une traduction du nom en globish puisqu'ils ti...

à écrit le 15/01/2019 à 9:59
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Bonjour, Nous sommes assaillis de messages sur les créations de nouvelles "start-up". 1/ La où il est reproché à certains politiques un langage trop technocratique, nous sommes en FRANCE, merci d'utiliser des termes français, pour permettre aux bé...

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