Les Bordelais de Surf'in se repositionnent sur la gestion d'objets connectés

Quand un produit ou un service ne trouve pas le public espéré, il faut savoir le reconnaître et pivoter. Un précepte que Loïc Griffié et Yann Lecommandoux, les deux fondateurs de la startup bordelaise Surf'in, ont mis en application après les ventes décevantes de leur planche de surf connectée lancée l'an dernier. En s'appuyant sur leur savoir-faire dans l'internet des objets, ils visent désormais le marché BtoB et ont déjà signé un contrat avec un équipementier sportif pour des protège-tibias connectés ! Interview.
Loïc Griffié est le cofondateur de la startup Surf'in qui se positionne désormais sur la gestion en BtoB de flottes d'objets connectés.
Loïc Griffié est le cofondateur de la startup Surf'in qui se positionne désormais sur la gestion en BtoB de flottes d'objets connectés. (Crédits : Thibaud Moritz / Agence APPA)

La Tribune : Nous vous avions laissés fin 2017 à la veille du lancement des précommandes de la Slide-R, votre planche de surf connectée, qui s'accompagnait d'une campagne de financement participatif. Ce pari s'est-il révélé payant ?

Loïc Griffié : Pas vraiment. A la clôture de la période de précommande, fin décembre 2017, les ventes n'étaient pas à la hauteur de nos espérances et nous avions réuni autour de 22.000 €, soit environ 60 % de notre objectif... Ça n'a donc pas été un succès car nous n'avons pas atteint la somme que nous nous étions fixés. Mais nous ne considérons pas cela comme un échec non plus parce que nous avons beaucoup appris et que ça n'efface pas tout le travail mené en amont. Cela dit, nous avons quand même pris un coup sur la tête et on a eu besoin de trois mois pour prendre du recul et regarder tout cela à froid. Il fallait digérer la déception au regard du temps que nous avions investi dans ce projet. Il y a six mois on ne savait plus top où on en était, mais, aujourd'hui, c'est une autre histoire !

Lire aussi : Une planche de surf connectée : le pari innovant des Bordelais de Slide-R

Justement, avec le recul, comment expliquez-vous ce résultat ?

La période du mois de décembre nous semblait porteuse avec les fêtes de fin d'année mais, en réalité, ce n'était visiblement pas un bon choix pour commercialiser un produit de plein air. Je pense aussi que nous sommes arrivés un peu tôt par rapport au marché potentiel des surfeurs qui restent encore un public peu connecté. Notre communication n'a pas non plus forcément été optimale.

Quels enseignements en avez-vous tiré pour réorienter votre modèle économique ?

Notre conclusion est que nous avons développé un vrai savoir-faire dans l'instrumentation de matériel connecté et que c'est cela qui constitue le cœur de notre valeur ajoutée. On a donc décidé d'extraire notre outil de notre planche de surf pour le proposer de manière différente en visant une cible plus large que le surf. Il s'agit d'une solution BtoB de gestion d'une flotte d'objets connectés qui s'inscrit dans cet écosystème croissant.

De quoi s'agit-il ?

Notre outil est baptisé "Hub kit". C'est une plateforme permettant à une startup ou une entreprise de gérer au mieux une flotte d'objets connectés. Notre solution permet de collecter et de centraliser des données provenant d'objets connectés ; de les analyser - via du machine learning - et de les visualiser ; de gérer leur fonctionnement et leur localisation ; et d'interconnecter tout cela avec d'autres systèmes tels qu'un service de facturation par exemple. Il est compliqué pour une entreprise d'assurer toutes ces fonctions simultanément et c'est pour cela que nous proposons ces services.

Ce recentrage stratégique a-t-il porté ses fruits ?

Oui, le marché est nettement plus large et nous avons reçu de très bons retours de nos cibles potentielles. Nous avons signé cet été un premier partenariat avec Tibtop, un équipementier sportif spécialisé dans les protège-tibias installé en Seine-Maritime. On a un prototype de protège-tibia connecté qui devrait être fonctionnel à la fin du mois d'octobre. Il permet de collecter la vitesse d'un joueur de foot sur le terrain, ses changements de rythme, son positionnement, la distance parcourue, le nombre de touchers de balle, etc. Tout cela est retranscrit sous forme de graphiques et de heatmaps (cartes de chaleur). C'est un produit qui s'adressera aux joueurs professionnels et amateurs.

Au-delà du monde du sport, quelles autres applications concrètes ciblez-vous ?

Le cœur de notre outil est de permettre de gérer une flotte d'objets connectés, quelle que soit leur fonction. Donc cela ouvre un potentiel assez large. Il peut s'agir, par exemple, de plusieurs centaines de capteurs installés dans une ou plusieurs usines pour assurer le fonctionnement mais aussi la maintenance prédictive des chaînes de productions. Un autre exemple est la location de matériels sportifs, ou autre, avec des solutions intégrées de facturation en fonction du temps d'utilisation mesuré par un objet connecté. Cela répond à une problématique métier pour l'entreprise tout en permettant de fournir des données supplémentaires à l'utilisateur. En s'appuyant sur notre propre expérience, on peut aussi accompagner une entreprise qui souhaite se lancer dans la conception d'un objet connecté.

Avec ce pivot, quelles sont vos prévisions d'activité dans l'année qui vient ?

Elles sont prometteuses puisqu'à notre connaissance nous sommes les seuls à proposer cette solution d'intégration d'objets connectés. Nous devrions être sur un chiffre d'affaires de 50.000 € en 2018 puis de 500.000 € l'an prochain. Nous sommes actuellement trois : Yann Lecommandoux, moi et un premier salarié au profil de data scientist pour développer l'aspect machine learning. Et nous devrions recruter un développeur commercial début 2019.

Et que devient votre planche de surf connectée ?

Elle continue de vivre en parallèle. Nous avons quand même vendu quelques petites dizaines de planches et on poursuit nos discussions avec des industriels des sports de glisse. Nous sommes aussi attachés à conserver ce projet, même s'il est un peu en sommeil, puisque c'est lui qui nous a crédibilisés auprès de nos interlocuteurs actuels. Cette planche fait partie de notre carte de visite.

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