Legalvision, l'anti-ubérisation des métiers du droit

Avec un pied en France et l'autre au Portugal, Legalvision dématérialise la production d'actes juridiques simples en droit des sociétés. En forte croissance, la startup bordelaise devrait boucler d'ici la fin de l'année une levée de fond de 2 M€ pour lui permettre d'accélérer commercialement et d'étendre son champ d'application au droit social.
Loïc Le Goas, président de Legalvision
Loïc Le Goas, président de Legalvision (Crédits : Agence Appa)

Ubériser les métiers du droit ? Très peu pour lui. Loïc Le Goas, président et cofondateur de Legalvision avec deux associés, Gonçalo Alves et Miguel Figueiredo, est très clair sur ses intentions : "On n'est pas du tout dans cette mouvance. Notre objectif n'est pas de faire disparaître les professionnels du droit mais bien de leur permettre d'améliorer leur productivité, de gagner du temps et de se concentrer sur des sujets à valeur ajoutée."

Titulaire du diplôme d'avocat et d'un MBA à la Sorbonne, le jeune dirigeant pilote désormais une startup qui se rapproche de plus en plus d'une PME - c'est un compliment - et qui emploie majoritairement des juristes. Si le projet est né en 2014 dans la tête des 3 cofondateurs, il a fallu 18 mois pour qu'il se concrétise avec le lancement de Legalvision. "Un temps nécessaire pour étudier le marché, ce qui nous a permis d'être rentables assez vite", souligne Loïc Le Goas. Legalvision propose un service juridique en ligne qui permet au créateur ou dirigeant de TPE et de PME de réaliser, facilement et rapidement, des opérations juridiques "classiques" en matière de droit des sociétés : créer son entreprise, transférer son siège social ou encore modifier l'objet de sa société. Uniquement des actes standards, assez simples, mais qui représentent 90 % du volume des opérations réalisées.

L'automatisation permet à l'utilisateur de générer le document souhaité très rapidement "mais l'œil d'un juriste arrive systématiquement à un moment. Il y aura toujours un contrôle humain", souligne Loïc Le Goas. Le dirigeant confie que l'accueil des juristes a été relativement frais au début : "Ils étaient interloqués. Mais petit à petit, ils commencent à vouloir digitaliser leurs procédures et l'idée d'externaliser les actes nécessitant peu de valeur ajoutée leur plaît. C'est pourquoi nous avons lancé une brique supplémentaire en 2017, Legalvision Pro, qui est justement destinée à cette cible". L'offre pro assure un chiffre d'affaires récurrent à la startup, qui compte parmi ses principaux clients des réseaux d'experts-comptables et d'avocats.

Levée de fonds en cours

Legalvision est désormais structurée autour de plusieurs bureaux. Bordeaux et Paris concentrent les compétences juridiques, une filiale à Lisbonne abrite l'équipe de développement et le marketing. Sur le dernier exercice, Legalvision a réalisé un chiffre d'affaires d'1,6 million d'euros. Accompagnée par l'accélérateur de startups Héméra, qui est entré à son capital, elle prévoit déjà des développements vers le droit social, avec l'ouverture de nouveaux services en janvier prochain. Loïc Le Goas planche parallèlement sur une levée de fonds de 2 millions d'euros, à clore d'ici la fin de l'année et qui doit permettre une grosse accélération commerciale. "On choisit, parce que qu'on le peut, d'investir de manière maîtrisée pour prendre des parts de marché rapidement", résume le dirigeant, qui vise un CA de 4 M€ en 2019 et de 8 M€ en 2020.

La question du développement international commence aussi à s'inviter à l'ordre du jour : "C'est dans notre ADN puisque l'équipe est multiculturelle. En Espagne, au Portugal, tout est à faire puisqu'il n'y existe aucune solution similaire à la nôtre. Le Brésil peut aussi être intéressant." Loïc Le Goa n'exclut pas non plus un adossement à un acteur plus puissant : "Il peut y avoir des synergies intéressantes avec les grands groupes éditeurs d'ouvrages juridiques ou de logiciels. Eux ont des marques fortes et une force de frappe commerciale très importantes, nous, nous pourrions venir dans la continuité de leurs services existants." Dans tous les cas, Legalvision assume faire partie des rares legaltech basées hors de la région parisienne. "Une grosse partie de nos clients professionnels potentiels sont à Paris ou à Londres donc cela nécessite beaucoup de déplacements fréquents mais être à Bordeaux est aussi très confortable. On est moins ennuyé par toutes les sollicitations dont sont victimes les startups parisiennes, ce qui nous permet d'être plus « focus » sur notre projet, avec un cadre de vie très agréable." Pour l'instant, ce choix s'avère payant.

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