Originaire de la région paloise, Sébastien Loustau a quitté le Sud-Ouest pour devenir chercheur en mathématiques, rejoignant Marseille, puis Angers, Nantes... Jusqu'à ce que son projet, LumenAI, s'émancipe du giron universitaire pour devenir une véritable entreprise à part entière. La startup ainsi créée emploie 6 personnes à Pau, une à Rennes, une autre à Nantes et compte également un bureau à Paris. Evoluant dans l'univers de l'intelligence artificielle, "LumenAI crée des algorithmes de machine learning, destinés à résoudre des problèmes complexes, qui sont branchés sur les flux de données. Autrement dit, l'apprentissage de la machine se fait en temps réel, décrypte Sébastien Loustau. Nous avons commencé à travailler pour le secteur du marketing, puis nous nous sommes ouverts à l'industrie : énergie, aéronautique... en misant notamment sur la maintenance prédictive."

Lors de son retour en région paloise, Sébastien Loustau s'est mis en tête de créer une communauté d'acteurs de Pau et de ses environs intéressés par le machine learning, autrement dit l'apprentissage par la machine. Depuis deux ans, l'initiative a réuni plus de 350 personnes lors de rencontres régulières. Mais l'envie est arrivée de passer à la vitesse supérieure avec "quelque chose de plus gros et de plus ouvert. L'objectif est aussi de se poser la question suivante : où en est-on aujourd'hui en matière d'intelligence artificielle dans le Sud-Ouest ?"

Un jour de colloque, deux jours de data challenge

Organisé par LumenAI avec la technopole Hélioparc et le pôle Aquinetic ainsi qu'avec le soutien de l'Université de Pau et Pays de l'Adour, IA Pau est né ainsi. L'événement aura lieu du 28 au 30 septembre 2018 et mixera des prises de parole d'industriels, de chercheurs, d'acteurs associatifs... Le colloque du vendredi, à la croisée de l'intelligence artificielle et de la science des données (data science), permettra de faire un tour d'horizon des recherches actuelles et de donner de la visibilité à des retours d'expérience. Poursuivant la philosophie développée par LumenAI, IA Pau veut aussi montrer que "la recherche académique sur le machine learning donne de bons résultats applicables rapidement dans le monde économique". Sébastien Loustau ne semble pas craindre de fracture numérique entre, d'un côté, Paris et les métropoles, et, de l'autre, des territoires plus éloignés, même si des points de vigilance demeurent.

"Nous en sommes aux balbutiements dans le Sud-Ouest mais on ne part pas d'une feuille blanche, certifie le dirigeant. Total a 2.000 chercheurs à Pau, des réseaux de neurones artificiels, ils en font depuis 50 ans. Nous, nous travaillons avec des acteurs de toute la France. Certes, Paris et les métropoles disposent d'une grosse communauté de chercheurs mais on trouve des profils intéressants à recruter partout. L'aspect qualité de vie que l'on peut offrir à Pau est un gros argument. Le risque est plutôt à chercher du côté des Google ou Facebook qui ont tendance à attirer les profils peu nombreux qui sont formés chaque année et qui peuvent aussi aspirer les académiques... ce qui fait qu'il y aura encore moins de jeunes formés."

A la suite du colloque de vendredi, le week-end sera consacré à un « data challenge » destiné à des étudiants venus de toute la France, qui pourront plancher sur des cas concrets proposés par des dirigeants, responsables digitaux, intrapreneurs... Parmi les projets sélectionnés : comment prédire les performances d'un nouveau joueur de basket à partir d'un historique de carrière d'un millier de joueurs ? Comment détecter les contrefaçons chinoises dans les vins bordelais et les champagnes ? Un prix de 10.000 € sera remis à l'équipe gagnante.

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