Inria Bordeaux, 10 ans de recherches à la pointe du numérique

Le centre de recherche et de transfert en sciences du numérique, Inria Bordeaux Sud-Ouest, fêtera sa première décennie le 27 septembre. L'occasion de revenir sur les thèmes abordés par la structure, forte de 21 équipes-projets à Talence et à Pau.
Le centre Inria Bordeaux Sud-Ouest fêtera ses 10 ans le 27 septembre
Le centre Inria Bordeaux Sud-Ouest fêtera ses 10 ans le 27 septembre (Crédits : Inria / Photo G. Scagnelli)

Dédié à la recherche de pointe en matière de sciences du numérique et au transfert de technologie, le centre Inria Bordeaux Sud-Ouest fête cette année ses 10 ans. Le 1er janvier 2008, il devenait en effet un centre de recherche de plein exercice, après avoir été dès 2002, avec Lille et Saclay, un des sites constitutifs de l'unité de recherche "Futurs" qui étoffe le maillage national d'Inria qu'offre les cinq unités déjà existantes. A la croisée de l'informatique et des mathématiques, le centre Bordeaux Sud-Ouest fédère depuis un écosystème de partenaires : universités, écoles, organismes nationaux de recherche, industriels, PME et startups...

Seul établissement public de recherche entièrement dédié aux sciences du numérique, Inria, créé en 1967, emploie 2.400 personnes dans ses 8 centres de recherche français. Dirigé par Nicolas Roussel, le centre Bordeaux Sud-Ouest compte aujourd'hui 21 équipes de recherche. Ces dernières rassemblent des chercheurs aux compétences diverses rassemblés autour d'un projet scientifique à chaque fois bien spécifique. L'idée en filigrane est de transférer les résultats obtenus en direction des startups, PME et grands groupes qui évoluent dans le domaine de la santé, de l'énergie, des transports, de la sécurité et de la protection de la vie privée, de l'usine du futur... "Chaque projet est validé au préalable lors d'un processus rigoureux et dure au maximum 12 ans. La plupart s'achève au bout de 8 ou 9 ans en moyenne, explique Nicolas Roussel. Sur ces 21 équipes de recherche, 19 sont en commun avec des établissements de Nouvelle-Aquitaine."

140 scientifiques à Talence et Pau

Multiculturel avec 26 nationalités représentées, le centre Bordeaux Sud-Ouest rassemble au total 343 personnes, dont 197 agents Inria (140 scientifiques) installés à Talence, sur le campus universitaire bordelais, et à Pau. Son budget total annuel s'élève à 17 M€, avec environ 4 M€ de ressources propres. Les travaux de ses équipes ont généré 7 brevets en activité et 10 startups ou projets essaimés dont certains se sont faits un nom : iQspot autour des performances énergétiques des bâtiments, Matchable (analyse comportementale en temps réel des joueurs en ligne), Pollen Robotics (systèmes intelligents et robotisés), Nénuphar (technologie de prédiction de la croissance tumorale intégrée à la plateforme d'intelligence artificielle de Sophia Genetics)...

La stratégie du centre n'est justement pas de déposer des brevets à tour de bras.

"Le brevet rentre dans une stratégie d'entreprise. Certaines sociétés préfèrent la stratégie du secret à la stratégie brevet et à l'obligation de publier dans un brevet ce qu'ils font. D'autres acteurs, comme nous, ont pour objectif de publier leurs recherches sans chercher à limiter leur utilisation", explique Laure Aït Ali, responsable du service Transfert, innovation et partenariats. "Nous déposons des brevets uniquement avec nos partenaires industriels lorsque cela est pertinent vis-à-vis de leur stratégie (ou lorsque nous avons une stratégie de création de startup parce que ça peut les aider par la suite dans leur stratégie de financement, de développement ou de rachat) ou de valorisation particulière déjà identifiée (le brevet va sécuriser la société qui va vouloir bénéficier du transfert). Nous n'avons pas comme certains acteurs industriels de stratégie de brevet défensif."

Le centre Bordeaux Sud-Ouest travaille notamment sur plusieurs grands domaines. La modélisation, le calcul intensif et les architectures parallèles permettent notamment de travailler sur la traduction des phénomènes naturels en équations mathématiques. Par exemple, simuler les risques côtiers liés aux événements extrêmes. Le sujet est épineux, témoigne Mario Ricchiuto, chef de file de l'équipe-projet Cardamom, qui œuvre entre autres sur la mécanique des fluides : "On a évidemment des difficultés à monter un tsunami en labo ! D'où l'importance de construire des bases de données solides." Cardamom cherche à établir des modèles complexes permettant de décrire, et donc d'anticiper, l'écoulement de fluides en fonction de multiples paramètres. Le tout en faisant en sorte que ces modèles s'avèrent non seulement fiables mais aussi utilisables en temps réel, depuis un smartphone par exemple.

Autre champ d'exploration, la gestion des incertitudes et l'optimisation, qui mettent en œuvre probabilités et statistique. "Même si le modèle numérique est parfait, il y a toujours des aléas, de l'incertitude, résume François Dufour (Inria / Institut de mathématiques de Bordeaux). Sur un ordinateur, on a des difficultés à modéliser les événements rares ou qui tendent vers zéro." Précisément ceux qui font faire des cauchemars aux industriels.. François Dufour pilote l'équipe de recherche CQFD, visant la modélisation et l'optimisation de systèmes complexes.

La modélisation et la simulation sont également appliquées dans la santé, la biologie et la préservation de la biodiversité. Frédéric Alexandre (équipe Mnemosyne) planche sur la modélisation du cerveau et des différentes formes de la mémoire, dont les avancées pourraient autant servir l'intelligence artificielle que les neurosciences et la médecine.

Lire aussi : Les robots intelligents nous poussent-ils à penser le monde autrement ?

Enfin, les liens humains - numérique, et plus particulièrement les interactions homme - machine et la visualisation de données, font partie du 4e grand domaine de recherche de l'Inria Bordeaux Sud-Ouest. Un terreau propice à tous les fantasmes. Martin Hachet (équipe Potioc) coupe court : "On sous-estime les capacités humaines, on surestime les capacités des machines !" Pour le chercheur, comme pour ses confrères, "c'est l'alliance d'un humain expert avec un système expert qui fonctionne bien." A l'écouter, on comprend aisément que le Neuralink, projet fou connectant le cerveau humain à la machine imaginé par Elon Musk, n'est pas pour demain ni après-demain. "Il est déjà difficile de détecter l'activation des aires motrices par la pensée", explique Martin Hachet, pour qui les sujets potentiels en matière d'interface homme-machine sont plutôt à aller chercher du côté des exosquelettes, des dispositifs d'apprentissage utilisant la réalité augmentée.

Une journée d'anniversaire le 27 septembre

Le centre Bordeaux Sud-Ouest s'apprête à célébrer ses 10 ans à travers plusieurs phases. Une exposition constituée d'une vingtaine de panneaux mettant en avant ses travaux interpellera les passants via des questions portant sur son quotidien et lui donnant la possibilité d'accéder à du contenu complémentaire en ligne. Itinérante, cette exposition fera étape à partir du 17 septembre à Bordeaux INP, sur le parvis de la cathédrale Pey-Berland à Bordeaux, sur les grilles du parc Peixotto à Talence, à l'université de Bordeaux, à Cap Sciences et au Dôme de Talence. Jeudi 27 septembre, cette 10e bougie sera soufflée au centre à Talence. A partir de 16h, des tables rondes aborderont trois grandes thématiques :

  • Modéliser et simuler pour mieux anticiper et relever les grands challenges scientifiques, industriels et sociétaux
  • Intelligence artificielle, quand la machine apprend
  • Simulation numérique pour la santé, de la recherche au transfert

Des invités prestigieux seront de la partie lors de ces séquences avant les discours et le spectacle son et lumière (vidéo-mapping) sur la façade du centre à 20h, avant un parcours découverte durant lequel les 21 équipes-projets présenteront leurs travaux au public. L'événement est ouvert à tous mais l'inscription préalable est obligatoire. Le centre ouvrira à nouveau ses portes le samedi 13 octobre à l'occasion de la Fête de la science.

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Commentaire 1
à écrit le 10/09/2018 à 21:39
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arcticle de complaisance complètement nul. L'iNRIA ils ont fait quoi depuis qu'ils existent??????

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