Invivox lève 2,8 M€ pour faciliter la formation des médecins

Après avoir bouclé une première levée de fonds d'1,2 M€ en 2016, la startup bordelaise Invivox réussit un second tour de table de 2,8 M€. L'opération associe Bpifrance via son nouveau fonds Patient Autonome dédié au secteur de la santé, qui réalise ici son premier investissement, et ISAI. Invivox développe une plateforme de formation médicale en présentiel entre médecins du monde entier. Son directeur général et cofondateur, Patxi Ospital dévoile à La Tribune la stratégie de la jeune pousse aux ambitions internationales.
Invivox propose aux médecins des formations de pair à pair, en présentiel, dispensée par des experts

Invivox ne cesse de se développer. Cofondée en 2015 par Julien Delpech et Patxi Ospital, la startup bordelaise a mis au point une plateforme mettant en relation des médecins du monde entier qui se déplacent chez leurs confrères pour découvrir une nouvelle technique opératoire ou encore une nouvelle approche thérapeutique. De la formation en présentiel entre pairs, assez proche du compagnonnage, donc.

"Nous sommes purement sur une innovation d'usage, explique Patxi Ospital. Les hôpitaux ne sont pas organisés pour le transfert de savoir et l'accueil de médecins en formation. Ils ne sont pas non plus équipés pour faire savoir dans le monde entier quelles formations leurs équipes peuvent dispenser, et n'ont pas les outils pour gérer toute la logistique que cela implique. Nous leur offrons avec notre plateforme une solution clés en main."

Invivox cherche depuis ses débuts à prendre position sur un marché de l'éducation médicale évalué à 25,9 milliards de dollars en 2015, qui devrait atteindre 38,4 milliards en 2024, poussé par la rapidité des évolutions technologiques qui oblige les médecins et chirurgiens à se former en continu. Sans concurrence à ce jour, la startup offre une solution aux experts formateurs qui souhaitent se décharger de l'aspect logistique des formations, aux institutions médicales qui veulent donner plus de visibilité à leurs formations, bénéfiques pour leur réputation, et aux industriels de la santé qui comptent dispenser des formations pratiques à leurs clients. La plateforme permet aux médecins de choisir en ligne une formation, de voir l'organisation de leur voyage facilitée, délivre à l'issue un certificat de formation... Invivox recense aujourd'hui plus de 1.400 formateurs dans une douzaine de spécialités médicales et a noué des partenariats solides avec des hôpitaux en France (Fondation Bordeaux Université, CHU de Rouen, Stan Institute de Nancy, Hôpital européen Georges Pompidou à Paris...) et aux Etats-Unis (Columbia et John Hopkins à New York, Northwestern Hospital à Chicago...).

Intégration du Hub de Bpifrance

Après une première levée de fonds de 1,2 M€ réussie en 2016, Invivox vient de boucler un 2e tour de table, de 2,8 M€ cette fois. L'opération a été menée par Bpifrance via son fonds Patient autonome. Ce dernier, créé fin 2017, réalise ici son premier investissement. Patient autonome cible les startups développant des innovations autour de la santé, permettant entre autres une optimisation des coûts, une meilleure prise en charge des patients (télémédecine, thérapies digitales...), une amélioration de la qualité des soins... Le fonds d'investissement ISAI, au capital depuis la première opération, profite de ce nouveau tour de table pour consolider sa position.

Dans le même temps, Invivox annonce avoir été retenue pour intégrer le Hub de Bpifrance, dispositif visant à accélérer la croissance des acteurs français de l'innovation.

"Pour le premier investissement du fonds Patient autonome, nous avions à cœur de cibler le thème de la formation des médecins qui sont les premiers acteurs concernés par la révolution numérique de la santé. Par le biais de la formation, Invivox accompagne l'ouverture du corps médical à l'innovation mondiale, quelle qu'elle soit et participe de fait à son rayonnement", explique dans un communiqué Chahra Louafi, directrice du fonds. "Suite à la validation de la preuve de concept d'Invivox, ISAI est ravi de continuer l'aventure, aux côtés de Bpifrance, afin de participer au développement de la start-up dans les années à venir", complète Thierry Vandewalle, venture partner Europe chez ISAI.

Temps long de la santé, temps court du numérique

"La e-santé est encore un monde émergent, explique à La Tribune Patxi Ospital. Nous sommes sur des cycles longs liés au monde de la santé, avec une carapace numérique. Nous avons réussi cette 2e levée de fonds parce que nous avons dépassé la preuve de concept et validé la preuve de marché. Il y a clairement une appétence du monde hospitalier et universitaire pour la solution que nous offrons. Nous entrons dans une phase où nous devons accélérer mais nos ressources actuelles n'étaient pas suffisantes pour ce faire. Cette levée de fonds va notamment nous permettre d'étoffer notre équipe, qui passera de 10 à une quinzaine de personnes d'ici la fin de l'année, notamment avec des profils qui nous permettront d'aller plus loin dans le marketing de l'acquisition, de plus en plus technique. Aller chercher un chirurgien en Nouvelle-Zélande et le faire venir pour une formation ne se fait pas aisément."

Accompagnée par la technopole Bordeaux Unitec et par le Village by CA du Crédit agricole à Bordeaux, Invivox est "international by design" : la société a immédiatement été pensée pour un marché mondial. Mais plutôt que de se disperser, la startup a mis au point une stratégie que détaille Patxi Ospital :

"Cette levée de fonds va nous donner du temps car les cycles de la santé sont longs et nous voulons préparer un véritable déploiement international. Le risque, c'est de se développer un peu en France, un peu aux Etats-Unis, un peu partout dans le monde. Nous voulons éviter ce saupoudrage. Nous avons fait le calcul que pour bien nous développer aux Etats-Unis, il nous faudrait investir 1,5 à 2 M€ par an. Mais si nous n'atteignons pas nos objectifs en un an comme prévu et que nous mettons deux ou trois ans pour y arriver, on plante Invivox. On a sans doute 80 % des clés du marché américain, il nous manque peut-être 20 %. Nous voulons donc nous concentrer sur un objectif, faire de la France un hub mondial de formation pour les médecins du monde entier, faire grossir l'activité de l'entreprise et ainsi augmenter sa valeur. Ce qui nous permettra ensuite de réaliser une 3e levée de fonds beaucoup plus importante qui sera cette fois directement consacrée à notre développement international."

A ce jour, Invivox réalise 60 % de son activité dans l'Hexagone mais 90 % des médecins qui participent aux formations qu'elle contribue à organiser viennent de l'étranger. "La médecine française reste techniquement une véritable référence, appuie Patxi Ospital. La France a donc tout pour être un acteur de premier plan dans la formation médicale." Et la Nouvelle-Aquitaine, qui concentre la moitié des effectifs français de la e-santé, pourrait bien avoir une belle carte à jouer. Au point d'imaginer un pôle associant ses acteurs les plus en pointe au sein des murs du CHU de Bordeaux, régulièrement classé meilleur hôpital de France ? L'idée pourrait bien faire son chemin.

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Patxi Ospital sera l'un des invités du 2e Forum Santé Innovation organisé par La Tribune le 20 juin à l'Institut culturel Bernard Magrez, à Bordeaux. Il interviendra à l'occasion de la 2e table ronde, dédiée à la question de l'internationalisation des acteurs français de la e-santé.

>> Renseignements sur le Forum Santé Innovation 2018 et inscriptions

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Commentaire 1
à écrit le 07/06/2018 à 13:26
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Super Invivox et bravo à toute l'équipe dirigeante, notamment son/sa responsable financier(e) pour une superbe opération !!!

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