Emballages : Packitoo mise sur le numérique pour connecter marques et fabricants

Installée à Pau depuis sa création l'été dernier, Packitoo se positionne comme "la place de marché numérique de l'emballage sur mesure". Objectif : mettre en relation les marques et les fabricants sur ce marché très fragmenté. En se rémunérant via des abonnements et commissions, la jeune pousse vise 200.000 € de chiffre d'affaires en 2018 et une levée de fonds du même montant.
(Crédits : Packitoo)

Avec son nom, Packitoo affiche son ambition de s'appuyer sur son ancrage local palois pour se déployer sur le marché mondial de l'emballage. Un secteur qui pèse pas moins de 500 Md € dans le monde dont 23 Md € en France (*). "La particularité de ce marché BtoB est qu'il est particulièrement atomisé tout en nécessitant une forte technicité sur les procédés mis en œuvre", observe Thomas Othax, le directeur général et cofondateur de Packitoo. Doté d'expériences au sein de deux entreprises agro-alimentaires fortes consommatrices d'emballage, il s'est associé à Corinne Parra-Loustalet, et ses 20 années d'expertise dans le secteur de l'emballage, pour créer Packitoo. Il ne manquait que la rencontre avec Raphaël Audet, le futur directeur technique, pour mettre officiellement l'entreprise sur les rails en juillet 2017, à Pau.

Un marketing plus fréquent et plus différencié

Son cœur de métier : la mise en relation, via une plateforme web, des entreprises cherchant un packaging sur mesure pour leurs produits et des fabricants d'emballages cherchant des clients correspondant à leurs capacités et savoir-faire. "On inverse la logique du catalogue en partant du produit et des besoins spécifiques de la marque. C'est sur cette demande sur-mesure que nos fabricants partenaires se positionnent", fait valoir Thomas Othax qui promet des gains de temps et de coûts tant pour les marques que pour les industriels de l'emballage.

"C'est un marché qui a évolué ces dernières années vers des opérations marketings de moins grande envergure mais plus fréquentes et plus différenciées à l'image des innombrables soldes temporaires, du black Friday et des boutiques éphémères", détaille le PDG de 32 ans. "Tout cela entraîne des besoins nouveaux et plus spécifiques. Quand une entreprise du cosmétique faisait 75 opérations à 200.000 emballages par an en 2010, elle en réalise 200 à 80.000 unités aujourd'hui."

De leur côté, les industriels cherchent à remplir leur carnets de commandes en identifiant des débouchés qui correspondent à leur capacité de production à un instant T en termes de délais, de coûts et de services complémentaires (stockage, livraison, etc.).

Tout l'enjeu de Packitoo est donc de faire coïncider l'offre et la demande et de diminuer les délais. "Nous avons des experts en interne pour conseiller les entreprises en amont du dépôt de leur demande et affiner l'énonciation de leurs besoins", précise Thomas Othax. Ensuite, les 150 fabricants référencés actuellement chez Packitoo (90 % d'européens et 10 % d'asiatiques) peuvent se positionner et envoyer leur devis. Chaque demande peut recevoir jusqu'à 5 devis maximum.

Dépasser 200.000 € de CA dès 2018

Depuis l'été 2017, la startup paloise revendique 70 clients et 200 projets déposés pour un millier de devis envoyés et 40 affaires déjà conclues. De quoi générer 500.000 € de chiffre d'affaires pour la vingtaine de fabricants retenus.

Pour Packitoo cela devrait représenter 70.000 € de chiffre d'affaires facturé entre l'été 2017 et la fin mars. La jeune pousse espère atteindre, dès cette années, le millier de projets déposés pour dépasser la barre des 200.000 € de chiffre d'affaires avant de viser 500.000 € en 2019. "Les premiers mois d'activité nous confortent dans nos ambitions puisque, depuis le 1er janvier, le trafic sur notre plateforme croît de 100 %. D'autant, qu'il faut compter en général plusieurs mois entre le dépôt de son projet par une entreprise et la livraison du produit fini. Nous ne nous rémunérons qu'ensuite", détaille Thomas Othax.

Le modèle économique de l'entreprise est fondé, d'une part, sur des abonnements acquittés par les industriels de l'emballage pour figurer sur la plateforme (entre 100 et 250 € par mois sans engagement) et, d'autre part, sur une commission de 10 % perçue sur chaque commande réalisée par son intermédiaire. La cible naturelle de Packitoo est la PME de 2 à 10 M€ de chiffre d'affaires mais les grands groupes sont également identifiés comme clients potentiels.

Une levée de fonds en préparation

Pour l'instant Packitoo s'appuie sur la mise de départ de ses fondateurs (40.000 €), un prêt bancaire et le soutien de la Région Nouvelle Aquitaine (Pass startup) et de Bpifrance (bourse French Tech). Mais l'avenir passera nécessairement par une levée de fonds dès le printemps 2018 :

"Nous espérons lever 200.000 € d'ici fin avril et nous avons déjà réuni des lettres d'intention sur la moitié de ce montant", indique Thomas Othax qui recherche "un soutien financier mais aussi une adhésion à notre projet de remettre de la cohérence et de la confiance dans le secteur de l'emballage en valorisant ses savoir-faire et ses métiers, sa chaîne de valeur et sa capacité d'innovation notamment sur le plan du respect de l'environnement et du recyclage."

D'autant que la décision d'internaliser les différentes compétences nécessaires au projet aboutit à un effectif très important pour une si jeune entreprise : depuis janvier, l'équipe compte ainsi, en plus des deux fondateurs, cinq salariés (quatre CDI et un contrat de professionnalisation) et trois stagiaires. "C'est un choix fort et assumé de notre part parce qu'on sent le potentiel du marché", assure le PDG.

L'enjeu du machine learning

Et le changement d'échelle passera par la R&D et, plus particulièrement, par l'introduction d'une dose de machine learning dans la plateforme de mise en relation, comme l'explique Thomas Othax :

"Aujourd'hui, nous conseillons nous-mêmes les entreprises pour affiner leur projet. Cela limite clairement notre capacité à traiter du volume. Demain, l'idée est d'avoir des algorithmes de recommandation et de correspondance sur des critères comme la nature du produit, le coût, le matériau, le pays de fabrication, les délais de livraison, etc. Si on apprend à la machine à raisonner en se fondant sur toutes les commandes passées, elle pourra, par exemple, recommander automatiquement les fabricants déjà retenus pour des projets très similaires. Le fabricant aura, lui, l'assurance de recevoir uniquement des propositions hyper adaptées à son métier. Ce sera la condition indispensable pour voir plus grand."

Et Thomas Othax ne s'interdit pas de voir plus grand puisque, si les résultats sont au rendez-vous, il envisage déjà l'ouverture de bureaux à l'international avec, potentiellement, une première étape en Espagne fin 2019 puis en Europe de l'Est en 2020.

(*) Source : chiffre clés de France Emballage 2017.

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Commentaire 1
à écrit le 24/02/2018 à 7:59
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Projet très intéressant avec un potentiel de développement rapide La connaissance des marchés et le référencement fournisseur avec leurs spécificités sera un gain de temps pour les entreprises qui n’ont plus le temps où l’expérience pour sourcer L...

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