Impression 3D : un pôle innovant se structure à Bègles

Trois startups composent le Pôle Innovation 3D inauguré jeudi dernier à Bègles. C'est l'un des rares regroupements d'entreprises proposant aux clients de concevoir des impressions en 3D de A à Z. De l'idée à la réalisation, chacune des startups répond à la demande en petites, moyennes et grandes séries. Le marché de la 3D décolle tout en discrétion.
Les entrepreneurs du Pôle 3D Innovation à Bègles

Cela fait à peine quelques mois que Gecko 3D, Fabinnov et Sculpteur de pixel ont décidé de s'associer en tant que prestataires de services afin de proposer une offre complète à leurs clients. De l'impression de fichiers 3D aux matériaux pour arriver à la maîtrise de la production. Les trois structures sont jeunes : entre 3 et 5 ans d'existence, et déjà elles jouent dans la cours des grands.

Pour la conception d'un projet, la mise en relation avec l'équipe du Pôle Innovation 3D peut se faire par le design 3D, porté par la société Sculpteur de Pixels. L'infographiste 3D et autoentrepreneur Mathieu Frossard a créé spécialement cette structure pour intégrer le pôle. Son expertise est celle des solutions graphiques sur tous types de support. Pour lui qui est spécialisé dans les illustrations, les figurines et les jeux vidéo, cette collaboration lui permet d'aller chercher des clients haut de gamme dans le meuble design, l'architecture et également les objets d'art et de luxe, comme les figurines de collection.

"Pour de la figurine de bande dessinées que je réalise en ce moment, par exemple, illustre-t-il. Il va y avoir une phase de prototypage de pièces qui vont être assemblées ensuite. Elles seront tirées à 150 exemplaires. Je suis obligé de passer par l'impression 3D pour voir si tout s'emboite bien. Avoir une structure déjà en place me permet de ne pas à avoir à chercher d'autres partenaires à distance. Le client se retrouve avec un seul prestataire au lieu de 4 ou 5. Ce qui permet de trouver des solutions techniques rapidement."

L'impression 3D, une question de choix des matières et de prix

Une fois le projet graphique validé, il faut choisir la bonne matière. Damien Parmentier, PDG de Gecko 3D, se charge de cette partie. Il est spécialisé dans le remplissage des cartouches d'imprimantes 3D et dans la formulation et la commercialisation de matériaux à destination des imprimantes 3D professionnelles.

"Nous utilisons plusieurs technologies, précise Damien Parmentier. La plus connu est le FDM, le filament fondu. On utilise également le polymère en poudre, des polymères liquides, des poudres minérales. Nous cherchons des solutions pour utiliser de la céramique en poudre pour ouvrir notre marché au monde de l'art et du médical. Mais le must serait de réussir à adapter nos machines pour des poudres en métal pour entrer de plain-pied dans le secteur de l'aéronautique."

Son atout est directement lié au prix de vente des matériaux.

"Nous avons trouvé un moyen technologique de recharge des cartouches d'imprimantes 3D qui permet à nos clients de réduire leurs coût de production. Nos solutions permettent en moyenne d'avoir un prix de 50 % inférieur au produit d'origine et nous ouvrent des marchés jusque-là inespérés."

Un réel avantage pour les industriels ?

Le Pôle Innovation 3D s'appuie sur un parc machine d'une dizaine d'imprimantes 3D professionnelles avec 6 technologies différentes, achetées conjointement par Gecko 3D et Fabinnov. Pour la partie production, c'est d'ailleurs Fabinnov qui prend en charge les demandes. Son PDG, Joris Lalande, fournit une étude du projet, son prototypage et la production en petites, moyennes et grandes séries.

"Nous proposons des technologies qui sont en direction des professionnels. L'atout pour les sociétés de venir chercher des prototypes chez nous, c'est avant tout que les machines coûtent cher. On parle de centaines de milliers d'euros d'investissement. Il y a un réel besoin. Nous faisons du design 3D, du prototypage avec un parc cohérent en allant jusqu'à l'injection. Clairement ça n'existe pas sur Bordeaux", assure Joris Lalande.

Le leitmotiv de ces professionnels de l'impression 3D : devenir la partie émergente de la 3e révolution industrielle. Plus besoin de passer une pièce en série, l'économie se fait donc aussi sur le concept de l'impression 3D : on ajoute de la matière, on ne l'enlève pas, précise Mathieu Frossard :

"Je vois encore des professionnels qui travaillent en sculptant de l'argile ou du Sculpey (pâte polymère). Aujourd'hui avec l'impression 3D et les logiciels à nos portées, c'est un confort. Lorsqu'on fait une erreur on peut faire des retouches très facilement. Pour renforcer la matière, il suffit d'ajouter un calque dans le logiciel et c'est bon. Pour un sculpteur traditionnel, cela veut dire revoir tout le modèle."

Pôle 3D Innovation Bègles

Une évolution toute en discrétion

Sans donner de précisions sur son chiffre d'affaire, Damien Parmentier assure que "déjà 60 % du chiffre d'affaire de Gecko 3D se fait à l'étranger". Dubaï, Singapour, Chine, Tunisie, Russie, Allemagne... Des destinations où les industriels sont plus "sensibles à la nouveauté. C'est un marché qui progresse en moyenne entre 25 et 35 % par an et entre 15 et 25 % sur les matériaux". En ce qui concerne le marché français, les trois collaborateurs sont moins disserts.

"Fabinnov travaille au niveau national (Paris, région PACA, Lyon...) et un peu européen. Nous avons des marchés avec des très grosses entreprises qui externalisent la fabrication de leurs prototypes, mais qui n'ont aucun avantage à dire qu'elles travaillent avec des startups. Les trois-quarts de nos projets sont confidentiels, pour des raisons de concurrence, comme dans l'aéronautique par exemple", souligne Joris Lalande.

Un des derniers contrats signés par le Pôle Innovation 3D l'a été avec le groupe SEB. "Ça, nous avons le droit de vous le dire, sourit Damien Parmentier. Le groupe a décidé de faire appel à nous pour des raisons économiques et écologiques sur des petites pièces, notamment des boutons de minuteurs."

De son côté, Fabinnov travaille à 40 % avec le marché médical, 40 % en industrie et le reste en architecture et pour des particuliers.

"Les particuliers qui viennent nous voir sont plus souvent des passionnés. Pour des pièces de voiture de collections, par exemple, quand elles ne sont plus accessibles. Ça coûtera toujours moins cher de l'imprimer en 3D, que de la rechercher en France ou à l'étranger, même s'il faut ajouter le prix du fichier 3D avant. On peut ajouter des contraintes."

D'autres entreprises bordelaises proposent néanmoins des impressions 3D aux particuliers curieux et intéressés à moindre coût (La Poste à Mériadeck, D33D, ideOkub, Kox 3D, Dagoma...).

Soutenu financièrement notamment par la Banque publique d'investissement (Bpifrance à hauteur de 50.000 €), la technopole Unitec, la Chambre de commerce et d'industrie de Bordeaux Gironde ou encore la Région Nouvelle-Aquitaine (100.000 €), le Pôle Innovation 3D fonctionne encore avec les trois entreprises indépendantes. Néanmoins, elles espèrent d'ici 6 à 8 mois évoluer en Groupement d'intérêt économique (GIE).

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