Projet Lucine, solution innovante pour tenir la douleur à distance

Au croisement de la e-santé et de la médecine anti-douleurs, Maryne Cotty-Eslous porte une projet de plateforme web permettant aux patients souffrant de douleurs chroniques de combattre les symptômes. La jeune Bordelaise débute une campagne de dons sur Internet pour monter son projet.
Maryne Cotty-Eslous, fondatrice de Projet Lucine

L'histoire de Projet Lucine tient en deux facteurs. Le premier est la santé personnelle de Maryne Cotty-Eslous, atteinte d'une maladie génétique rare et soufrant chaque jour d'importantes douleurs qui font de sa vie quotidienne un combat perpétuel. Pointant les effets secondaires, l'accoutumance et la perte progressive d'efficacité des médicaments, la jeune femme a choisi d'étudier les mécanismes de la douleur pour mieux les comprendre et peut-être mieux les dompter. Ici réside le deuxième tournant : Maryne Cotty-Eslous, dont le profil universitaire est très pluri-disciplinaire, se voit fermer toutes les portes des laboratoires au moment de s'insérer professionnellement.

"La recherche n'a pas donné suite mais tous les professionnels rencontrés m'ont suggéré de me lancer et de monter mon propre projet de startup, explique-t-elle. J'ai fini par écoute ce conseil et d'abord appris les bases du développement informatique, j'ai passé trois ans à travailler avec des professionnels de santé."

>> Maryne Cotty-Eslous interviendra sur la 2e table ronde du Forum Santé innovation jeudi 3 mars à Bordeaux. Découvrez le programme et les intervenants, et inscrivez-vous !

Maryne Cotty-Eslous part du constat suivant :

"Pour avoir un premier rendez-vous dans un centre anti-douleurs, il faut entre 3 et 6 mois. Ensuite, on peut espérer décrocher un rendez-vous tous les trois mois. Cette situation n'est évidemment pas adaptée aux patients souffrant de douleurs chroniques. Mon objectif, avec Projet Lucine, est donc de rapatrier les méthodes et les outils des centres anti-douleurs à la maison."

Identifier la douleur pour mieux la combattre

Les chiffres, eux, permettent de saisir l'ampleur du problème :

"Un Français sur deux a mal tous les jours. Deux-tiers des consultations chez le médecin généraliste sont liées à des questions de douleurs. 14 millions de Français sont atteints de douleurs chroniques. Et l'on ne compte même pas les gens qui souffrent et qui s'ignorent", énumère Maryne Cotty-Eslous.

Concrètement, Projet Lucine consiste en une plateforme web, disponible en version mobile. Le patient souffrant de douleurs chroniques qui s'y connecte répond à cinq questions qui permettent à l'algorithme de mieux identifier la douleur en cherchant le bon ressenti dans une base de données. La plateforme propose alors la technique la plus adaptée pour diminuer les symptômes douloureux, sous formes d'exercices détournant l'attention du cerveau : serious games, relaxation, art thérapie, méditation... Autant de techniques reconnues et dont les effets sont durables. Le logiciel, décliné en plusieurs versions dont une à destination des seniors, va plus loin puisqu'il permettra aux professionnels de santé d'avoir accès aux données du patient en cas d'urgence, après que ce dernier ait donné son consentement.

Une collecte de dons lancée

Projet Lucine n'est encore qu'à l'état... de projet. Maryne Cotty-Eslous ambitionne de lever 60.000 à 80.000 euros d'ici fin mai. A cet effet, elle vient de lancer une opération originale sur la plateforme bordelaise de crowdfunding Happy Capital. Pas de financement participatif classique cette fois, mais une collecte de dons qui seront nécessaires pour passer des ambitions au concret. Maryne Cotty-Eslous compte réaliser ses premières études cliniques dans la foulée pour obtenir des résultats avant de monter sa startup en janvier 2017. Parallèlement, une association sera fondée dans les prochains mois pour favoriser le dialogue entre les patients et les professionnels de santé. Objectif ultime pour Maryne Cotty-Eslous : que sa solution soit remboursée par la Sécurité sociale. Ce qui, elle en est pleinement consciente, sera un combat de longue haleine "tant la France a du retard dans ces sujets-là". Le tarif, 25 à 30 €, ne sera pas prohibitif :

"Le prix sera le même que le Doliprane. Si j'arrive à capter ne serait-ce que 1 % de ce marché, ce sera déjà fantastique !"

Pour mémoire, le seul marché des antidouleurs oraux à prescription médicale facultative frôle en France 1,2 milliard d'euros.

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>> Maryne Cotty-Eslous interviendra sur la 2e table ronde du Forum Santé innovation jeudi 3 mars à Bordeaux. Découvrez le programme et les intervenants, et inscrivez-vous !

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Commentaire 1
à écrit le 27/04/2018 à 17:59
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je vous ai rencontrée l'an dernier à la Silver Valley, faisant partie de "OLD UP " Je souffre d'un ralentissement de la marche après environ 50 m et ma cuisse droite se "solidifie" et devient douloureuse : il me faut alors m'arrêter quelques m...

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