Quand l’Aquitaine fait mieux ou “moins mal” que les autres régions

Depuis 2001, 6,34 % du budget du Conseil régional d'Aquitaine est consacré à la politique d’innovation, contre 2,8 % au niveau national. Des efforts en matière d’innovation, c’est toujours une belle vitrine. Mais sans résultats à afficher, les efforts peuvent sembler caducs. C’est pourquoi le Conseil régional a souhaité mesurer l’efficacité de la politique scientifique et technologique de l’Aquitaine et les impacts sur le territoire sur la période 2000-2010.
L'industrie, un investissement financier important de la région Aquitaine en matière d'innovation

C'est à ce sujet qu'Alexis Vanderstocken consacre sa thèse de doctorat depuis maintenant trois ans. Il en a dévoilé les premières conclusions sous le regard approbateur d'Alain Rousset, président du Conseil régional. "La politique, cela ne doit pas être l'apologie de certitudes mais de preuves." Ces preuves, Alain Rousset les a demandées à l'université de Bordeaux et notamment au Gretha (Groupe de recherche en économie théorique et appliquée) dont Alexis Vanderstocken fait partie.

841 M€ en 7 ans

Entre 2005 et 2012, 841 M€ ont été investis en matière d'innovation. La recherche et l'enseignement supérieur totalisent la majorité des investissements, suivent le transfert de technologie et l'industrie. L'Aquitaine arrive ainsi en seconde position des régions investissant le plus en faveur de l'innovation depuis 2001, derrière l'Ile-de-France.
Par habitant, la dépense est de 20 € en moyenne chaque année depuis 2001 contre 10 € de moyenne nationale.

Quels impacts ?

- Trajectoire scientifique. En l'espace de dix ans, la région Aquitaine a rattrapé son retard. D'une région spécialisée dans l'agriculture et la biologie fondamentale, elle est devenue en 2010 une région dans laquelle les domaines de spécialisation ont évolué, notamment en matière d'instrumentation et des sciences pour l'ingénieur. Ainsi, les publications scientifiques ont augmenté de 25 %.

- Trajectoire technologique. Dans les années 2000, l'Aquitaine était considérée comme une région à faible potentiel technologique, spécialisée dans les secteurs traditionnels. D'où un retard en termes de ressources humaines en science et technologie ainsi qu'en demande de brevets européens. En 2010, l'investissement privé en R&D s'est intensifié dans les domaines technologiques diffusants (chimie, matériaux, l'instrumentation, les TIC, ou encore l'électronique), ce qui a créé de l'emploi de R&D. L'Aquitaine a vu sa demande de brevets européens croître de 75 % sur la période 2000-2011 (contre 30 % au niveau national sur le même intervalle de temps).

- Trajectoire éducation / formation. De 2000 à 2010, le nombre d'étudiants dans l'enseignement supérieur affiche une hausse de + 17 %, la plus forte à l'échelle nationale (66 % sont à l'université, + 72 % d'étudiants en école d'ingénieur contre + 35 % en France).

- Trajectoire industrielle. Inversement de tendance de ce côté-là. Entre 2000 et 2010, la France a perdu 20 % de son emploi industriel. L'Aquitaine fait mieux ou "moins mal" que la moyenne nationale avec - 12 %. La chimie et la santé jouent un rôle dans cette performance relative avec respectivement - 9 % des effectifs en Aquitaine contre - 20 % en France et + 10 % dans la région contre - 10 % au niveau national. A savoir que les régions performantes en matière d'industrie sont celles dont l'industrialisation était à l'origine plus faible.

Le chômage, le point noir

Comme beaucoup de territoires où la migration est importante, l'évolution du chômage en Aquitaine est forte : + 10,4 % entre 2005 et 2010 et + 4,4 % en France. Un chiffre qui s'explique selon Alain Rousset par la question du second emploi. "Prenez le cas d'un salarié de chez Thales muté de Paris en région bordelaise, son conjoint est souvent confronté à la recherche d'un emploi."

La R&D, investissement gagnant

Dans le but d'évaluer les impacts en matière de R&D dans les PME, Alexis Vanderstocken a constitué un échantillon d'analyse de 70 PME pour 189 témoins sur la période 2005-2010. Sur cette période, 200 PME ont été financées par le Conseil régional d'Aquitaine.

Et l'on peut dire que soutenir la R&D d'une PME lui est bénéfique en tout point. En moyenne, les PME soutenues par le Conseil régional d'Aquitaine ont vu leur budget de R&D augmenter de 84,7 % alors que les PME non soutenues par la région ont connu une hausse de leur budget de 18,8 %. Les effectifs de R&D ont augmentés en moyenne de + 82,5 % pour les PME soutenues contre 52,7 % pour les PME non soutenues. Les effectifs non R&D ont quant à eux enregistré une hausse de 88,8 % en moyenne contre 20,3 % pour les entreprises non soutenues. Un accompagnement financier qui a donc un effet multiplicateur par 4 et qui favorisera la percée des PME à l'international, pour celles qui le souhaitent.

La thèse d'Alexis Vanderstocken aura donc servi à la région à mieux percevoir et surtout justifier les investissements de la politique d'innovation, jugés souvent moins utiles que la construction d'infrastructures de transports, de lycées... et non pas "à dorer les chromes du président et encourager sa réélection", a glissé Alain Rousset en guise de conclusion.

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