"La Métropole a fait réaliser une étude de faisabilité pour un métro sous Bordeaux, dont la facture est envisagée à plus d'un milliard d'euros et qui ne concernait quasiment que la ville-centre. Pourquoi ne mettrait-on pas à l'étude un projet qui coûterait certes plus cher, disons 3 milliards d'euros, mais qui concernerait non seulement la métropole mais aussi toute l'aire urbaine autour de Bordeaux ?" En quelques mots, Alain Turby plante le décor. Le maire de Carbon-Blanc, proche de La République en Marche, travaille depuis plusieurs mois sur l'hypothèse d'un tunnel de 22 km de long qui plongerait sous Bordeaux, en partant des environs du pont autoroutier de Cubzac, qui enjambe la Dordogne, pour ressortir de l'autre côté de l'agglomération, à hauteur des A62 et A63. L'élu imagine également une sortie pour rejoindre l'A89 et un accès au MIN, marché d'intérêt national. L'objectif principal serait ainsi de réduire le trafic des poids lourds en transit, qui remontent de la péninsule ibérique ou qui s'y rendent. Trafic qui étouffe la rocade bordelaise aujourd'hui.
Une facture envisagée de 3,5 Md€
"On sait très bien que la circulation sur la rocade va continuer à augmenter si l'on ne fait rien. Certains disent que si l'on crée de nouveaux tuyaux, on créera de nouveaux trafics. Je n'y crois pas et je pense tous les jours à l'immense pollution qu'engendre les poids lourds et les embouteillages", poursuit l'élu qui revient à la charge après avoir vu sa proposition balayée sans débat dans les cénacles métropolitains. Or, le maire de Carbon-Blanc veut au moins pouvoir initier un véritable chiffrage doublé d'une étude de faisabilité pour valider ou non l'intérêt. Sans pour autant abandonner le projet de RER métropolitain, qu'il veut d'ailleurs voir accélérer, et sa volonté de pousser de nouveaux usages tels que le télétravail. L'élu imagine par exemple inciter les entreprises en baissant le versement transports de celles qui y ont recours, ce qui nécessiterait avant de modifier la loi. "Il faut de toute façon trouver des solutions, les entreprises souffrent de la congestion automobile."
Reste que ce tunnel aura un coût énorme. Prenant appui sur un tunnel norvégien assez similaire, les premières réflexions d'Alain Turby le mènent à envisager une facture autour de 3,5 milliards d'euros. Un montant ébouriffant que l'édile envisage de faire porter par la sphère privée via une concession sur le modèle autoroutier. "Avec un péage de 10 euros pour réaliser le trajet en 25 minutes, l'investissement pourrait être remboursé en 32 à 33 ans, sur la base de 20.000 véhicules par jour. Ce qui s'avère intéressant dans le cadre d'une concession de 50 ans", estime Alain Turby.
Sujets les + commentés