Vinci dévoile en Gironde le 1er km de route issue de 100 % de matériaux recyclés

C'est une première mondiale. Les entreprises Eurovia, Vinci Autouroutes et Marini-Ermont ont présenté, ce 9 octobre en Gironde, le premier kilomètre d'une route réalisée à partir de matériaux recyclés en quasi-totalité. Une innovation à fort potentiel, validée en conditions réelles, qui attend désormais d'être déployée à grande échelle.
Eurovia, Vinci Autoroutes et Marini-Ermont ont présenté le premier kilomètre d'autouroute issue à 100 % de matériaux recyclés sur la section Pons-Saint-Aubin de l'A10, en Gironde.
Eurovia, Vinci Autoroutes et Marini-Ermont ont présenté le premier kilomètre d'autouroute issue à 100 % de matériaux recyclés sur la section Pons-Saint-Aubin de l'A10, en Gironde. (Crédits : Eurovia / Vinci)

A première vue, ce n'est qu'un kilomètre de bitume semblable aux centaines d'autres de l'autoroute A10 qui relie Paris à Bordeaux. Mais ce kilomètre, située entre Pons et Saint-Aubin, au nord de la Gironde, cache en réalité un grand pas en avant : c'est le premier tronçon d'autoroute à être issu de plus de 97 % de matériaux recyclés. En clair, pour cette opération de rénovation de la chaussée, les granulats et le bitume de l'ancienne autoroute ont été quasi intégralement réutilisés pour produire l'enrobé de la nouvelle. Une première mondiale portée par quatre partenaires français : Eurovia et Vinci Autoroutes, deux filiales du groupe Vinci, l'entreprise Marini-Ermont, filiale du groupe bordelais Fayat, et l'Ademe (Agence de l'environnement et de maîtrise de l'énergie).

"L'enrobé à base de produits recyclés est développé depuis une trentaine d'années. On était autour de 20 % jusque dans les années 80 puis on a réussi à monter jusqu'à 50 % de matériaux recyclés dans les années 2000", précise Jean-Pierre Pasero, le directeur général d'Eurovia France et Belgique. "Aujourd'hui, avec ce chantier, on démontre qu'il est possible de réaliser en conditions réelles un kilomètre d'enrobé issu de 100 % de matériaux recyclés."

Une usine mobile prototype

Le chantier concerné, situé à Saint-Christoly-de-Blaye (Gironde) est une rénovation d'un tronçon de 40 km de l'A10. La nouvelle chaussée est désormais issu de 70 % d'agrégats recyclés à l'exception d'un kilomètre où le taux de matériaux recyclé est supérieur à 97 % sur les trois couches qui constituent la route : 98,2 % pour les deux couches inférieures qui assurent la stabilité et la durabilité et 97,1 % pour la couche du dessus responsable de la sécurité et du confort. De quoi ouvrir d'importantes potentialités pour cet outil alors que seulement 18 % des sept millions de tonnes annuelles d'enrobés déconstruits en France sont actuellement recyclées et que 35 millions de tonnes d'enrobés neufs sont produits chaque année.

Eurovia

L'usine mobile de Saint-Christoly-de-Blaye a été acheminée par camion puis assemblée et mise en service en deux mois (Crédits : Eurovia)

Ce chantier a été mené à bien grâce à au prototype d'une usine mobile développé spécialement pour l'opération et baptisé TRX 100. Le site de production est ainsi situé à proximité immédiate du chantier afin de limiter les aller-retour en camions. "C'est la première usine mobile à permettre la production d'enrobés recyclés de 50 à 100 % tout en tenant les délais très serrés d'une rénovation d'autoroute. Pour en arriver là, on a empilé et utilisé 50 ans d'histoire et de savoir-faire de nos entreprises", souligne Didier Thevenard, directeur du matériel chez Eurovia.

Un coût équivalent à un procédé classique

L'investissement global est chiffré par Eurovia à 5 M€ dont 1,4 M€ apportés par l'Ademe au titre du programme "Route du futur" (50 % de subvention et 50 % d'avances remboursables). "Le coût de revient de cette route 100 % recyclée est sensiblement le même qu'avec un procédé classique. On économise sur les entrants et matières premières mais il y a en face des coûts d'usine et de retraitement. Au total, le coût est donc équivalent mais on espère arriver à le diminuer avec le temps", assure Jean-Pierre Paseri.

Après avoir passé avec succès le test du chantier en conditions réelles, le procédé développé par Eurovia et Marini-Ermont peut potentiellement être déployé ailleurs en France et dans le monde. Il est cependant réservé aux grosses infrastructures telles que les autoroutes et les pistes d'aéroports. "Cet outil ouvre des perspectives très intéressantes pour nos futurs chantiers de rénovation puisqu'on n'utilise aujourd'hui des produits recyclés qu'entre 10 et 50 %", souligne Christophe Hug, le directeur général adjoint à la maîtrise d'ouvrage de Vinci Autoroutes.

"L'objectif de ce premier kilomètre est bel et bien de marquer les esprits pour montrer que c'est possible. Beaucoup de maîtres d'ouvrages sont intéressés mais rien de plus à ce stade", complète Jean-Pierre Pasero.

Et outre les économies en matière première et en énergie, ce procédé présente aussi l'avantage d'être renouvelable. "La route rénovée issue de 100 % d'enrobés recyclés pourra à son tour être recyclée pour créer une nouvelle route. Désormais, la route pourra nourrir la route", indique ainsi Clara Lorinquer, directrice environnement et qualité chez Eurovia. Dans une trentaine d'années, rythme moyen de renouvellement du réseau autoroutier, toutes les autoroutes françaises pourraient ainsi potentiellement se trouver en situation d'auto-suffisance et ne plus consommer de nouvelles matières premières tels que les sables et les granulats.

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Eurovia à Mérignac : un centre de recherche mondial

Filiale du groupe Vinci créée en 1997, l'entreprise Eurovia (40.000 salariés dans 15 pays dont 18.600 en France, 8,1 Md€ de chiffre d'affaires dont 4,6 Md€ en France) est spécialisée dans les travaux d'infrastructures de transport et d'aménagement urbain, l'exploitation de carrières, la production industrielle, la maintenance et les services. Son centre de recherche au niveau mondial est localisé depuis 2003 à Mérignac, en Gironde. 31 salariés et trois doctorants y sont dédiés à la R&D dans les domaines de la qualité environnementale, de l'enrobé recyclé, du bitume polymère, des technologies à froid, des granulats et sables et des essais mécaniques. Il s'agit d'ingénieurs et de techniciens de Bac +2/+3 à Bac +8.

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Commentaires 3
à écrit le 10/10/2018 à 8:48
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"Vinci dévoile en Gironde le 1er km de route issue de 100 % de matériaux recyclés" "issu de plus de 97 % de matériaux recyclés" ??? Est-ce bien raisonnable ?

à écrit le 10/10/2018 à 7:06
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Bravo à Vinci mais ce procédé n'est pas nouveau pour les habitants des Alpes maritimes. L'enrobé de Vince en06 est déjà 100% recyclé.... ah non pardon vétuste, déformé, indigne.... pour la rocade seule rocade péri-urbaine payante (Et très très chère)...

le 10/10/2018 à 14:33
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Bonjour, S'agissait-il du même enrobé que celui de l'article ? Merci de votre réponse.

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