SNCF : en 2017 le TGV Bordeaux-Paris a fait des étincelles

Le TGV Bordeaux-Paris confirme tout le potentiel qu’il avait inspiré chez ses supporteurs, mais induit du mécontentement en Charente. En plus de Paris, la forte progression du trafic Bordeaux-Marseille, en Intercités, est l’autre surprise de l’année 2017 (réactualisé 24/01/2018)
Depuis décembre dernier même les "Ouigo" vont à Paris Montparnasse

La conférence de presse organisée ce lundi matin par la direction régionale de la SNCF à l'occasion du bilan 2017 de la société ferroviaire en Nouvelle-Aquitaine a été chahutée par des invités surprises. C'est ainsi que François Bonneau, président du Conseil départemental de Charente, Xavier Bonnefont, maire d'Angoulême, Daniel Braud, président de la Chambre de commerce et d'industrie de Charente, et Jean-François Dauré, président du Grand Angoulême ont fait connaître leur mécontentement à Philippe Bru, directeur régional SNCF Mobilités pour la Nouvelle-Aquitaine, en débarquant au siège bordelais de la direction régionale de la Société nationale des chemins de fer français.

"Cinq mois après l'ouverture de la ligne à grande vitesse Bordeaux-Paris, la SNCF a supprimé des dessertes essentielles sans la moindre concertation. Alors que la Charente a versé 40 M€ pour financer la construction de la ligne de TGV Bordeaux-Paris, la SNCF n'a toujours pas tenu le comité de ligne, alors qu'on nous l'avait promis!" a regretté Jean-François Dauré, qui portait avec Xavier Bonnefont la banderole intitulée : "Trains supprimés : le territoire charentais condamné".

Les élus charentais veulent être entendus

Les élus charentais et les représentants de l'Union patronale Charente ont déjà mené des actions contre la réorganisation des trains menée par la SNCF depuis fin 2017. Philippe Bru leur a notamment répondu que le problème posé en Charente était différent des enjeux de la longue distance et que, de toute façon, une concertation à ce sujet était prévue.

Ce à quoi les élus charentais ont répondu qu'ils subissaient des changements d'horaires pénalisants pour les entreprises et les salariés sans qu'il y ait eu concertation. Ils s'en sont pris en particulier pris aux nouvelles dessertes à bas coût assurées dans le cadre de l'offre "Ouigo, à des horaires impossibles", accusant la SNCF de favoriser le transport des touristes, au détriment de l'économie charentaise. Philippe Bru a observé en substance qu'avec "Ouigo" la SNCF proposait des TGV populaires à petits prix et qu'on ne pouvait pas "structurer un train à grande vitesse juste pour satisfaire trente personnes". Les négociations promettent d'être tendues mais elles auront lieu, puisque le directeur régional a bien confirmé qu'il y aurait un comité de ligne prochainement.

Limoges passe à 2h20 de Bordeaux

En 2017 le réseau TER a fortement rebondi par rapport à 2016, avec une hausse de +9% des abonnements, de +10 % des déplacements et un taux de voyageurs occasionnels satisfaits de 93 %. Tout est relatif et Philippe Bru s'est félicité que grâce aux efforts consentis sur les lignes de TER (308 gares et haltes desservies) on puisse désormais rallier Limoges depuis Bordeaux en seulement 2h20 (contre 2h04 pour Bordeaux-Paris) et ce à raison de six liaisons par jour.

SNCF Réseau Nouvelle-Aquitaine

Les travaux menés par SNCF Réseau pour remettre les voies à niveau, comme ici entre Toulouse et Bayonne, sont l'autre volet important de l'activité ferroviaire (DR-SNCF Réseau).

Pour proposer de meilleures liaisons avec les TGV, 80 % des horaires des TER ont été modifiés, tandis que le taux de régularité a progressé de deux points, ce qui signifie que 89,7 % des 685 TER qui roulent chaque jour dans la région sont arrivés avec moins de cinq minutes de retard. Des chiffres qui ne suffisent pas vraiment à contenter le président de la Région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, avec lequel la SNCF va devoir renégocier en 2018 la convention TER, qui représente un investissement régional annuel de l'ordre de 400 M€.

Concernant le TGV Bordeaux-Paris, qui est en service depuis le 2 juillet dernier, Alain Autruffe, directeur territorial SNCF Réseau, a souligné que le premier bilan de la saison estivale s'était soldé par une hausse spectaculaire du trafic. Cela a-t-il duré ? La réponse est oui puisqu'avec "Ouigo" la SNCF a su mettre du low cost dans ses liaisons ferroviaires ultra-rapides, donnant ainsi la réplique à Air France-KLM sur la liaison Bordeaux-Paris.

Marseille : l'autre grande surprise

"Les liaisons Bordeaux - Ile-de-France ont vu leur trafic progresser de +70 % en six mois, par rapport à la même période en 2016. Bordeaux-Ile-de-France est passé, avec l'ensemble des liaisons TGV, de 2,2 millions à 2,7 millions de passagers, soit un gain de +500.000 voyageurs. De deux liaisons quotidiennes Ouigo Bordeaux - Ile-de-France, nous sommes passés à trois en décembre, au départ de Paris Montparnasse" a-t-il été ainsi détaillé.

La liaison TGV Bordeaux - Ile-de-France s'impose ainsi (tout type de TGV confondus) comme la troisième plus importante de France, après celles avec Lille et Lyon. Comme annoncé les liaisons low cost de Ouigo sont désormais recentrées sur Paris Montparnasse au lieu d'être raccrochées à des gares de la banlieue parisienne. Philippe Bru a fait savoir que les rames Océane à deux étages qui assurent la liaison entre Bordeaux et Paris sont plébiscitées et que le développement du contrôle à quai, qui évite de le faire ensuite dans le train, était en cours d'installation à Bordeaux, puisqu'il faut aménager les quais. En plus du low cost avec Ouigo, la SNCF développe une toute nouvelle offre ciblée sur la classe affaire en 1re.

A noter la forte progression du trafic Intercités avec Marseille, qui a drainé en 2017 pas moins de 2,4 millions de passagers, contre 2 millions en 2016 : depuis décembre dernier 7 allers-retours cadencés et quotidiens ont été mis en place entre les deux ports. Une opération qui a généré 3 M€ de charges supplémentaires et qui a été lancée pour la première fois par la SNCF sans le soutien de l'Etat. "Ces 3 M€ de recettes supplémentaires, nous allons aller les chercher auprès de la clientèle pro" évoque Philippe Bru. Sachant que la rénovation des gares mobilise 12 M€ par an, et que la SNCF veut réduire de 5 % par an le coût d'entretien de son parc immobilier de 2.700 bâtiments en Nouvelle-Aquitaine, pour le ramener de 21 M€ en 2017 à 20 M€ en 2018.

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Commentaires 3
à écrit le 23/01/2018 à 18:06
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Pour transporter des retraités, des étudiants et des chômeurs à 300 Km/h, le tout à bas cout, donc non rentable, super !!!

à écrit le 23/01/2018 à 13:34
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Le TGV partout ! au détriment des liaisons aériennes d'Air France et de notre environnement. La France est un petit pays, il ne faut pas le défigurer par la multiplication d'autoroutes, de ligne TGV et d'aéroports. Et quand la SNCF se focalise sur se...

à écrit le 22/01/2018 à 16:58
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La Charente tord le nez mais Libourne devrait aussi se manifester car grace à la ligne grande vitesse plus de connection de Libourne à PARIS et une heure de plus pour rejoindre la capitale car il faut passer par bordeaux. En plus impossible de reveni...

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