Tania Concko, défenseure d'un "urbanisme d'acupuncture"

Eloignée de la vision d'une ville où l'urbanisme contrôle tout, l'architecte urbaniste Tania Concko expose la façon dont elle travaille. Lauréate d'un Prix de Femme Architecte en 2016, installée à Amsterdam, elle sera l'une des invités d'honneur du prochain Forum Smart City Bordeaux le 18 mai.
Tania Concko sera l'une des invités d'honneur du Forum Smart City Bordeaux le 18 mai

Née à Paris, Tania Concko a grandi au Congo avant de revenir en France, à Versailles notamment, pour y mener ses études. L'architecte urbaniste est installée depuis 1997 à Amsterdam, où elle a créé son agence. Tania Concko a notamment reçu le Prix Femme architecte dans la catégorie "Œuvre originale" pour son travail sur le quartier des Terres Neuves à Bègles, dans la métropole bordelaise. Elle sera une des invités d'honneur du Forum Smart City Bordeaux, le jeudi 18 mai à Bordeaux, organisé par La Tribune. A cette occasion elle évoquera la question de "la ville et la vie heureuses" lors de la keynote d'ouverture de l'événement.

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Pourquoi avoir choisi de vous installer à Amsterdam à l'orée des années 2000 ?

"Nous étions à l'époque en pleine crise économique en France et elle s'avérait redoutable pour les jeunes architectes. Mais aussi, j'ai été attirée par la vraie explosion de créativité qui régnait autour d'Amsterdam à une époque où il y régnait une pénurie de logements et où il avait été décidé d'en construire un million dans la métropole. Sous couvert de construire, il existait alors une vraie recherche innovante sur l'architecture et l'urbanisme, aujourd'hui encore assez inégalée. L'ironie est que maintenant, je travaille surtout en France !"

Quelle est votre méthode de travail au moment de vous saisir d'un nouveau projet ?

"La première des choses essentielles est de ne pas avoir d'a priori, ni sociologique, ni sur la forme de la ville. Il s'agit de s'immerger dans le quartier, de se nourrir des discussions avec les habitants, pour faire émerger des lignes de force. La bonne approche doit venir du lieu lui-même. Un projet ne peut marcher que s'il se raccorde à quelque chose qui a déjà une forte réalité. Parachuter un modèle marchant ailleurs ne fonctionne pas."

Vous développez ce qui vous appelez une "appréhension critique de la réalité urbaine" des quartiers et dites qu'il ne faut pas nier les difficultés et les contraintes, mais chercher à les sublimer. Comment procédez-vous ?

"Je parle d'une approche critique au sens positif du terme. Lorsque l'on intervient dans un territoire qui peut être jugé difficile, il est important de savoir dans quelle vision globale on s'inscrit, même pour un petit bâtiment. S'inscrire dans la grande échelle, c'est ça l'important. Quand j'ai travaillé sur le quartier des Terres Neuves à Bègles, j'ai cherché avant tout à le placer précisément sur la carte de la métropole bordelaise. Et il s'avère qu'il est en plein centre de cette carte ! Il fallait donc intégrer cette donnée à notre travail. Le schéma directeur initial prévoyait le rétablissement d'une barrière, un concept très en vigueur dans la métropole bordelaise qui sépare la ville-centre, Bordeaux, des communes environnantes. Elle aurait "refermé" la ville. En replaçant ces 4 hectares à l'échelle de la métropole, nous nous sommes donc aperçus que ce territoire en était le cœur géographique et que les boulevards ne demandaient qu'à se prolonger. Ce sera d'ailleurs fait avec le futur pont Jean-Jacques Bosc. Plutôt qu'une barrière, nous avons opté pour une ouverture, un raccordement, en profitant de ce grand levier de l'urbanisme qu'est le transport, avec le prolongement de la ligne C du tramway au-delà du quartier des Terres neuves. A partir de cette volonté d'ouverture, il a été possible de prolonger le tram."

Vous n'êtes pas une fervente défenseure de l' « urbanisme total » et des opérations totalement pilotées...

"Je suis effectivement pour un urbanisme d'acupuncture au sens où je cherche à identifier des points précis où agir. Si vous traitez deux zones proches, il se créera forcément une synergie, des liens entre elles. Je suis contre le fait de tout contrôler et je fais donc l'inverse de l'urbanisme classique. On ne peut pas agir sur tout."

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Commentaire 1
à écrit le 15/05/2017 à 12:52
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J'adhère totalement à cette approche... qui gagnerait à se développer dans de multiples domaines et éviterait bien des problèmes. Quand l'expertise de spécialistes/institutions rencontre l'expertise des usagers/bénéficiaires et leurs aspirations a...

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