Des infrastructures écolo au compteur Linky, quelles innovations pour la smart city ?

A l’occasion de la deuxième édition du Forum Smart City Bordeaux organisé par la Tribune, les questions de la transformation "smart" et écologique des infrastructures urbaines et de la vie des citoyens dans la ville connectée de demain ont été abordées. Montréal tenait le rôle de ville-témoin.
Nancy Shoiry (Société d'habitation et de développement de Montréal), Tom Camin (Parking facile), Fabien Cauchi (Metapolis), Jacques Rubio (Kaufman & Broad Grand Sud-Ouest), Thierry Gibert (ERDF) et Pascal Rabiller (La Tribune à Bordeaux).

"Infrastructures, immobilier et urbanisme, environnement, mobilité... quelle ville intelligente demain ?" Tel était le thème de la discussion animée par Pascal Rabiller, journaliste à la Tribune à Bordeaux, au cours de laquelle sont intervenus Nancy Shoiry, directrice générale de la Société d'habitation et de développement de Montréal, Tom Camin, cofondateur de Parking facile, Fabien Cauchi, PDG de Metapolis, Jacques Rubio, directeur général de Kaufman & Broad Grand Sud-Ouest, et Thierry Gibert, directeur régional d'ERDF.
Cette table ronde a permis aux startups Parking facile et Metapolis de se faire un peu plus connaître auprès du public. Toutes deux innovent dans l'économie du numérique. L'une propose aux automobilistes qui cherchent une place dans Bordeaux de transformer leur smartphone en télécommande qui ouvre les portails de parkings privés. L'autre élabore un logiciel libre de gestion de données utile à la transformation d'une ville dans sa version "smart", intelligente. Elle conseille les métropoles dans leur évolution vers la ville de demain dans une approche économique, numérique, écologique, collaborative, ouverte et encourageant l'implication des citoyens.

L'immobilier responsable de Montréal

Nancy Shoiry, qui participait à la table ronde par visioconférence, a décrit l'action menée par la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM) dont elle assure la direction générale. La SHDM, indépendante financièrement, gère des actifs immobiliers, commerciaux et culturels de la capitale québécoise dans le but d'améliorer le cadre de vie des Montréalais, notamment en le rendant plus respectueux de l'environnement. Mandataire de l'administration publique de la ville, elle a pour mission de favoriser le développement économique et social au niveau local, de proposer des logements locatifs à prix abordables et de faciliter l'accession à la propriété de citadins.  
La société essaye de palier le problème des logements vides en s'appropriant certains d'entre eux pour se créer une réserve foncière, les rénover et les proposer à la vente ou à la location à des prix abordables.

"La SHDM dispose d'un parc immobilier de 5.000 logements. Son rôle est de saisir des occasions d'offrir un environnement favorable à la santé, à l'échange et à la diversité sociale. On assure la création d'un espace collectif, comme un jardin par exemple, dans chaque construction (...) La SHDM a aussi un rôle de valorisation du patrimoine de la ville."

La culture est également l'un des secteurs prioritaire de l'action de la SHDM. Un immeuble de treize étages à l'aspect futuriste sera érigé en 2017 sur un de ses terrains, dans le quartier des spectacles de Montréal. Nommé l'îlot Balmoral, il accueillera sur ses quatre premiers niveaux le siège social et les studios de l'Office national du film.  
En s'associant à des organismes culturels, la SHDM porte aussi le projet de fournir à des collectifs d'artistes des locaux aux loyers faibles.

La plus haute tour en bois du monde bientôt à Bordeaux

Pour continuer sur l'architecture, l'infrastructure imaginée par Kaufman & Broad Grand Sud-Ouest avec Art & Build et le cabinet d'architecture Studio Bellecour, est l'un des deux projets retenus par l'établissement public d'aménagement Bordeaux Euratlantique pour son programme Tour en bois. Kaufman & Broad ambitionne de bâtir le plus grand immeuble en bois du monde à Bordeaux. 4.500 m3 de bois serviront à dresser cette tour de 56 mètres de haut dans le quartier Belcier.   
Jacques Rubio, directeur général de Kaufman & Broad Grand Sud-Ouest, entreprise qui travaille habituellement le béton et la brique, voit dans l'utilisation du bois le début d'un nouveau marché dans la construction. Cette matière paraît en effet innovante à l'heure où il devient primordial de minimiser au maximum les nuisances sur l'environnement, d'économiser l'énergie et de favoriser la construction bas carbone.

Plus de flexibilité pour plus d'économie d'énergie

Pour Thierry Gibert, "le réseau électrique intelligent, c'est rendre possible des choses essentielles pour réussir la transition énergétique et c'est donner la possibilité aux particuliers de stocker, reporter, économiser, optimiser, lisser leur consommation d'énergie".

En précisant que "l'on ne progresse bien que sur ce que l'on mesure bien", Thierry Gibert a rappelé l'intérêt des Smart grids. Les Smart grids utilisent les nouvelles technologies pour rendre le réseau de distribution à la fois plus transparent et permettant des économies (d'argent et d'énergie). Le réseau électrique de demain permettra aux consommateurs et aux fournisseurs d'être mieux informés sur la production et la consommation d'électricité. En clair, l'ambition des smart grids est d'adapter l'offre à la demande pour assurer une livraison d'électricité plus efficace, plus économique et plus fiable et de permettre aux consommateurs d'optimiser leur consommation d'énergie.

Le déploiement des compteurs Linky

Thierry Gibert a profité de sa prise de parole publique pour répondre aux critiques concernant l'installation du compteur Linky.

"20.000 compteurs ont déjà été posés et 300 à 400 sont posés chaque jour", précise-t-il.
Pour lui, "ce compteur vert, communiquant et téléopérable permet un service à distance et plus rapide. En clair, plus de confort."

A ceux qui craignent les ondes, il répond que "le champ magnétique émis par le compteur Linky est faible, voire insignifiant, et ne présente aucun risque sanitaire. Il émet 100 fois moins qu'une lampe à basse tension et n'utilise pas la wifi mais communique par signaux via les lignes électriques".

D'autres part, il assure que "les données récoltées par ERDF seront sécurisées et accessibles gratuitement aux consommateurs. Elles fourniront une information en matière de consommation nécessaire pour économiser de l'énergie."

Par contre, Thierry Gibert s'est abstenu de parler de la prochaine disparition du métier de releveur de compteurs et des suppressions de postes qui en découlent avec le déploiement de ces compteurs connectés.
Thierry Gibert a, enfin, bien fait de rappeler le rôle d'ERDF de raccorder les éoliennes à son réseaux électrique. Un rapport d'ERDF, datant de décembre dernier, précise que le rythme de raccordement a ralenti en 2015 par rapport à 2014.Ce même rapport pointe également l'insuffisance du nombre d'éoliennes raccordées en 2015 pour répondre à l'objectif, pris par l'Etat, d'atteindre en 2020, une production annuelle de 19.000 MW dans le secteur éolien : la puissance électrique raccordée en 2015 ne représente que 62 % du volume qu'il aurait fallu atteindre.

La transition énergétique est, sans doute, entamée mais n'aurait-elle pas besoin d'être plus énergique pour passer à sa version "smart" ?

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